jeudi 24 février 2011

Legault et Bouchard : Le retour des sauveurs…

Avez-vous remarqué la tendance naturelle que l’on entretient, tant en politique québécoise que canadienne, à recourir aux plans B pour changer une donne qui ne fait pas l’affaire.   Steven Harper, insatisfait de son statut minoritaire, a interrompu son mandat précédent pour lancer, malgré une loi contraire amenée par son propre parti, une campagne électorale qui ne l’aura rendu que moins minoritaire.  Dans le même laps de temps, Jean Charest, faisait de même et devenait maigrement majoritaire.  Quand les règles ne les avantagent pas, quoi de plus naturel pour ces gens bien intentionnés que de les changer.  Il en va des partis comme de tendances plus lourdes.

Dessins : Serge Ferrand

Aussi, la montée d’une droite économique, posée en alternative aux vieux partis, devenus interchangeables, rivalise avec une gauche anémique, Khadir ou pas, mais n’est parvenu à se cristalliser, au fil des ans, ni avec l’ADQ de Mario Dumont, et nous passerons sous silence le bref intermède du manifeste des Lucides.  On peut toutefois reculer pour mieux sauter.

Une nouvelle vedette de cette droite montante, partisan d’un grand ménage étatique, François Legault, vient de réveiller notre goût ancestral pour les figures paternelles, malgré la tendance de notre société vers le matriarcat et le féminisme radical et les prétentions de l’intéressé à se réclamer d’une gauche pragmatique.  La plate-forme de la CAQ, tant attendue, regorge d’énoncés approximatifs, manifestant une volonté politique de réforme étatique, mais pas trop radicale.  Beaucoup de bruit pour pas grand chose. Les orientations générales s’apparentent tellement au programme de l’ADQ que l’on voit mal, si Legault surmonte sa tendance actuelle à la valse-hésitation, comment, advenant le cas où sa coalition voulait passer à l’action, il pourrait éviter un partenariat plus ou moins consenti avec le parti fondé par Mario Dumont. 

Assisterons-nous à une fusion comme celle de l’Alliance canadienne de Harper avec les conservateurs de Peter McKay ?  Devant l’expérience et le poids politique de Legault, Gérard Deltell, devrait probablement, à l’instar de McKay, se contenter de jouer les second violons.  Y consentirait-il ?  Et les membres de l’ADQ, qui viennent de lui accorder un vote de confiance massif à 97 %, accepteraient-ils ce changement de donne ? 

De son côté, Lucien Bouchard, est devenu l’artisan du plan B des tenants – et potentiels futurs exploitants – des gaz de schiste dans leur volonté de persuader la population de la nécessité d’exploiter ce riche potentiel économique et ce, bien entendu, en respectant des normes de sécurité optimales.  Compte tenu de l’impopularité du projet, du gouvernement qui le pilote, du triste sort réservé au porte-parole précédent, André Caillé, il faudra que Lucien déploie tous son pouvoir de négociateur et son charisme de curé Labelle à la voix profonde et sépulcrale pour parvenir à ses – à leurs – fins.

S’il existe une tendance marquée au Québec, c’est cette étrange dualité opposant un cynisme de plus en plus marqué envers la politique, et une candeur bon enfant dès qu’une personnalité politique un tant soit peu persuasive affiche des idées « nouvelles » qui mettront un terme au marasme.  Or notre bon peuple demeure électoralement bipolaire : selon l’humeur du moment, il peut monter au pinacle le sauveur potentiel qu’il jettera ensuite dans le premier container venu.  Demandez à Mario Dumont.  Parlant de sauveur, il en est un qui avait jadis fait le saut du fédéral au provincial et qui était alors perçu comme le futur bienfaiteur du Québec.  Un certain Jean Charest, bâtisseur autoproclamé, vous connaissez ?  Et « Je me souviens », vous vous rappelez ?

8 commentaires:

Malthus a dit…

Personnellement, je me méfierai toujours d'une droite qui part de la gauche.
Je suis allé visiter leur site et, hormis les grandes phrases creuses habituelles, je n'y vois rien de nouveau ou de particulièrement percutant.
Dans son ensemble, cette "coalition participative" me semble plus portée vers le recensement d'opinion pour forger sa politique que vers une quelconque force de mouvance réelle.
Un parti sans couilles, quoi!
"Le Québec peut et doit faire mieux"???
Comme si nous n'avions pas déjà amplement de cassettes players....
Passe.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Malthus, je suis tellement d'accord avec vous que je ne vois rien à ajouter. Un emballage différent pour un même banal produit.

Malthus a dit…

Je me languis d'une vraie droite. Un parti qui n'aurait pas peur d'exprimer clairement et tout haut ce qu'une majorité de québecois veulent. Dymanitez moi ce Ministere de la Condition Féminine, ces passes-droit, ces subventions, ces tablées de femmes de la Ribouldingue! Un étât qui cesserait de verser des dizaines de millions aux maisons de violence conjugale vides, qui réduirait cet étât hyper-gorgée de jobs redondantes et couteuses; qui sabrerait cette fonction publique pansue qui tire des tonnes d'avantages pour pousser un bout de crayon en demandant toujours la parité avec le privé alors qu'elle ne subit aucun de ses désavantages (compétivité, performance, mérite, etc...)
Ah! Comme je me languis d'un Québec doté d'un peuple travaillant, fier d'atteindre ses objectifs personnel sans trente-six mille programmes gouvernementaux pour lui tenir la main dans son effort.
Je ne saurais exprimer, Olivier, le gouffre d'écoeurement qui m'habite face a ma propre patrie. Toujours la main tendue, s'imaginant que c'est la job du gouvernement de mettre du pain et du beurre sur notre table; que c'est la job du gouvernement de superviser et décider pour nous des moindres aspects de nos vies, de nos chambres a coucher, de nos décisions personnelles.
Je ne saurais vous exprimer a quel point mon sang boult (bouille?) lorsque j'entends nos politichiens essayer de s'insérer encore plus avant dans nos vies personnelles comme si nus étions des enfants qu'il fallait gérer.
A quand le Parti qui dira : On s'occupe des parcs, des routes, de la langue francaise et du systeme de santé (parceque vous y tenez tant)et le reste, c'est a vous de voir, de le faire, de le créer?
Vous voulez de la richesse? CRÉEZ-LA! Vous voulez du fric pour votre retraite? MÉRITEZ-LE! Cessez de toujours compter sur la force, le travail, la sueur et les taxes des autres pour vous assurer un avenir!
Bien-sur, bien-sur. Je suis humaniste et donc un peu "a gauche". Je ne souhaite pas voir ma grand-mere crever de faim ni l'handicappé devoir vendre des crayons pour avoir un toit. Mais entre la simple décence humaine et un étât au mille programmes et une fonction publique qui mettrait Jabba the Hut dans l'embarras pas son ampleur, il existe un Parti politique qui ne parle toujours pas.
Je m'en languis.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Je partage pour beaucoup vos points de vue. Ancien gauchiste dans une vie oubliée, j'ai côtoyé les tenants de ce mouvement dont j'ai moi-même professé le discours publiquement, en y croyant. Faut dire qu'en Mauricie, région très défavorisée, les besoins sociaux sont criants et que le communautaire est sous-financé pour y répondre.

Je dois dire que déjà cependant, le clivage entre les subventions des groupes de femmes et les autres organismes étaient criants. Je le sais d'autant plus que j'ai réalisé une étude sur l'impact socio-économique des groupes communautaires pour Centraide Mauricie. Les salaires et les conditions de travail (incluant assurances collectives) n'étaient pas les mêmes.

Ce qui frappait surtout, c'était le pouvoir d'influence des féministes sur le communautaire. De crainte de leur déplaire, certains se comportaient comme des Juifs traqués par la Gestapo.

Alors oui, avec certains bémols quant aux groupes vraiment utiles et sous-financés (personnes handicapées, psychiatrisées, itinérantes, etc.), je crois que l'État gaspille énormément en faveur d'organismes devenus obsolètes, comme les groupes de femmes et autres associations inutiles.

Réduire la taille de l'État ? Certainement, dans la mesure où nous parlons de bureaucratie. Pour ce qui est des besoins réels (et non dopés) sur le terrain, en santé et en éducation, nous manquons de médecins, d'urgentologues, d'infirmières et d'autres spécialistes; dans les écoles, ce sont des intervenants pour les enfants en difficultés, mais il faut bien que nos sacro-saintes commissions scolaires aient des portables et des séances de formation, bien sûr. Je suis au fait de ces réalités, Malthus, car j'ai travaillé trois ans dans les hopitaux et que mon fils, TED, trouble envahissant du développement, a eu besoin d'aide, qu'il a reçue, d'ailleurs.

Avec une bureaucratie diminuée au strict nécessaire, l'État pourrait mieux répondre aux besoins réels et légitimes de la population et couper dans le gras.

Quant à l'État dans la chambre à coucher, ne m'en parlez pas ! Imaginez la Goldwater en train de superviser vos ébats ! Franchement, mieux vaut en rire, mais ça veut pas dire que c'est drôle !

Malthus a dit…

Comme le veut l'adage: "Qui n'est pas gauchiste à 20 ans n'a pas de coeur et qui l'est encore à 40 n'a pas de tête"
Comme vous Olivier, j'étais très à gauche... jadis. Rien qu'une bonne gifle n`à su régler.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Je pense que les ex-gauchistes comme nous ont développé la virulence de celui qui s'est fait avoir, qui a été dupé par ceux et celles en qui il a cru. J'aime votre dicton, je vais le conserver.

Malthus a dit…

Oh, ce n'est pas de moi. Je l'ai trainé en banque depuis 25-30 ans. Initiallement c'était "Qui n'est pas communiste a 20 ans n'a pas de coeur; qui l'est encore a 40 n'a pas de cervelle"
Je ne saurais trop vous dire d'ou cela vient- la référence est trop ancienne, Mais je puis vous assurer que je n'en suis pas l'auteur. On joue au ping-pong des idées avec celle-la.
En fait, je suis un peu surpris que vous n'ayez jamais entendu cette citation Olivier. Elle m'apparaissait comme aussi connue que Barabas dans la Passion, et votre érudition n'est pas le pire de vos défauts...
Ehhh ben!
Comme quoi même le lettré ne saurait boire à toutes les sourcesm dut-il vivre mille ans (proverbe arabe) :)

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Eh ben, comme vous dites ! Comme quoi la vie et ses multiples impondérables restent un perpétuel apprentissage. En effet, c'était la première fois que j'entendais cette maxime pour le moins savoureuse et je ne l'en conserve pas moins parmi mes citations à ressortir "au cas où", quitte à faire pâle figure devant ceux qui la connaissent depuis belle lurette.

Faut dire que, même si vous n'en êtes pas l'auteur, vous avez su l'actualiser au goût du jour... À part chez Québec solidaire, le parti communiste ne fait pas grand ravage chez nous, seulement chez ceux qui ne vendent pas de chaussures de la bonne provenance...

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