vendredi 30 septembre 2011

Madame ou mademoiselle ? Une case en moins !

Madame, Mademoiselle, quelle différence ?
Mademoiselle !  C’est médusé de ne pas avoir compris plus tôt le danger contenu dans ce mot en apparence si inoffensif que j’apprenais que Osez le féminisme et Chiennes de garde lançaient en France une campagne salutaire intitulée Mademoiselle, la case de trop.  Ces dames dénoncent « le sexisme ordinaire qui perdure dans notre société » à l’effet que les femmes doivent encore choisir, peu importe le formulaire à remplir, entre madame et mademoiselle alors qu’un choix similaire n’existe pas pour les hommes, ces éternels privilégiés.  Les gars mesurent-ils seulement l’étendue de leur arrogant pouvoir ?

L’initiative de Osez le féminisme s’inscrit dans la continuité de leur campagne si pénétrante intitulée Osez le clitoris.  Au pouvoir de la parole, il faut sans hésiter subordonner celui du toucher : tandis que les mots jaillissent ainsi de la bouche pour atteindre un vaste auditoire, les doigts sortent on ne sait d’où pour aller se loger dans l’intimité.  Voilà qui donne un sens renouvelé aux vieux adages Avoir la main heureuse ou Mettre le doigt dessus.  Dans le cas de la parole comme dans celui du toucher, la contribution de l’État français, ou qui sait, sa participation active, est ardemment sollicitée, quitte à ce qu’il se voie forcer la main.

Nos dictionnaires oseront-ils
le féminisme ?
Ainsi nos vaillantes militantes ont-elles décidé de délester leurs Robert (ne vous méprenez pas, je parle ici des dictionnaires, le 1 et le 2) de toute terminologie jugée sexiste par elles et de vivre désormais avec une case en moins.  Vont-elles assez loin dans leurs tâtonnements ?  Leurs mâles aficionados les soutiennent-ils avec toute l’ardeur que leur position exige en gardant bien alerte leur missionnaire droiture ?  Assument-ils pleinement leurs devoirs conjugués ?

C’est afin de les motiver que je pointe quelques ouvertures langagières à l’attention de ces subalternes si progressistes qui militent en vue de l’atteinte d’un grand plateau social uniformément féministe.  Aussi, je les interpelle.  Au lieu de dire « une paire de bas », pourquoi ne pas opter plutôt pour « une mère de bas », vous en aurez davantage pour votre argent.  Au lieu de dire « une dame très comme il faut », allez-y donc d’un coquin – mais respectueux - « une dame très comme elle faute ».  Là aussi, vous pourriez en obtenir plus pour votre argent.  En ces heures cruciales où les droits des femmes demeurent si traîtreusement menacés par la turpitude sémantique, Messieurs, ne rendez pas vos tabliers !

Soutenons nos mammocrates !

Salutairement conscientisé par autant de vigilance que de sagacité, je me sens obligé de contribuer bien humblement à cette guérilla lexicographique avec quelques néologismes.   Ainsi, mammocrate désignera toute militante qui, au nom des droits des femmes, participe à la négation de ceux des garçons à un système d’éducation inutilement adapté à leurs besoins, qui maintient son obstruction aux droits facultatifs des hommes à l’égalité aux soins de santé et services sociaux - incluant celui à des ressources en hébergement - et qui persiste dans la lutte à l’égalité en droit familial, incluant la si démoniaque garde partagée !  Si de telles femmes sont nécessaires !

Un album bien séditieux...
Mammocratie définira l’orientation idéologique qui caractérise la mammocrate ainsi que l’intrépide tendance étatique niant jusqu’à la réalité même d’être un homme.  De son côté, mammophile définira tout mâle féministement solidaire, dans une optique militante, et mammophilie, sa condition, au demeurant fort peu masculine.

Je sais, le séditieux bédéiste Serge Ferrand avait déjà popularisé vaginocrate, qui avait servi de titre à ses deux célèbres albums si décapants.  Je trouve mon alternative plus conviviale.  N’est-il pas sympathique, le côté protubérant et rebondi de mammocrate, faisant écho à phallocrate, son… pendant masculin ?  C’est aussi en hommage à l’humour involontaire de certaines porte-parole féministes, telles Anne-France Goldwater et la présidente sortante du CSF, Christiane Pelchat, que j’ai concocté gestapoune, amalgame de Poune - surnom de la défunte comique québécoise - et d’une tendance un rien fascisante.

Ayant remarqué la prédisposition de certaines blogueuses à se défendre de commentaires qu’elles jugent impies en brandissant le nom tant honni de Marc Lépine, j’ai estimé que le néologisme marclépinisation s’imposait afin de qualifier leur système de défense idéologique.  Elles m’en seront certainement reconnaissantes.  Mais est-ce que j’en fais bien assez ?

Prendre une femme par la main

Duteil :une oeuvre à l'influence imprévisible...
Je sais bien qu’il existe déjà plusieurs chants et hymnes féministes, mais je m’en voudrais de ne pas profiter de cette occasion pour en proposer un de ma façon, en guise de soutien sincère.  N’étant pas doué pour la musique, c’est à Yves Duteil que j’emprunterai la mélodie de Prendre un enfant par le main pour y substituer un texte de mon cru.  Je m’excuse d’avance à l’auteur avant de conclure sur cette note émue :

Prendre une femme par la main,
Subventionner ses besoins,
Pour lui donner la confiance en son pas,
Légiférer cas par cas,
Discriminer « positive »,
Et chanter « Chapeau les filles »,
Sans faire défaut, toujours la soutenir,
Sans ça, elle va défaillir,
Pour des programmes aux concepts aériens,
Prendre notre argent pour le sien.

Mobilisons magistrats,
Ôtons à l’homme tous ses droits,
Arrêtons-le, qu’on en fasse un pariât,
Comme ferait Torquemada,
La femme est une maman,
Laissons-lui donc les enfants,
Loin d’eux, éloignons ce mâle dominant,
Dans un sordide logement,
L’État finira par pouvoir enfin,
Prendre nos enfants pour les siens.

18 commentaires:

Anonyme a dit…

Il y a quelques années, une enseignante de l'Université Laval dont j'oublie le nom a écrit un livre qui porte le nom de :"L'Antiféminisme"
Voici un extrait du livre que j'avais résumé jadis pour le SICP: "Le parler jument est un phénomène assez récent au Québec. Personne, par exemple, sinon quelque cinglée, ne s'est cru exclue de l'Expo 67 du fait que ça s'appelait "Terre des Hommes". (Dans le Littré, "l'être qui, dans l'espèce humaine, appartient au sexe mâle" n'est que la onzième acception du mot homme, les dix précédentes étant asexuées.) Difficile alors de prédire si le jument a plus d'avenir que le joual. Il n'est toutefois pas trop tôt pour tenter de libérer le sens commun linguistique du déraillage sexiste.

En français, le masculin joue le rôle de neutre, tandis que le féminin est le genre marqué. Personne ne gagne ni ne perd quoi que ce soit à cette dissymétrie, vu que le genre masculin n'appartient pas aux mâles. Mais dans le langage sexiste des féministes, les femmes deviennent symboliquement exclues dès qu'on utilise le neutre masculin."
Merci Olivier de texte encore une fois plus que pertinent et d'audace ! -Al.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Merci Al, pour l'appréciation, et pour la pertinence de l'information que vous apportez. En effet, le neutre prend lui aussi la forme du masculin, qui fait que cette forme ne s'adresse pas exclusivement aux hommes et que nos "mammocrates" gaspillent une énergie digne d'enjeux plus importants.

Comment se fait-il qu'elles ne se gendarment pas davantage contre certains faits divers qui devraient les interpeller ? Une Saoudienne a été condamnée à un châtiment corporel pour avoir osé conduire une auto alors même que le prince d'Arabie saoudite vient d'accorder le droit de vote aux femmes.

Va-t-on un jour voir nos féministes entreprendre une campagne en vue de dénoncer les victimes de la charia ? Pas de danger, les gouvernements, ici comme ailleurs, courtisent le vote ethnique et les féministes ne voudront pas mordre la main qui les nourrit en condamnant le radicalisme religieux.

Patrick Guillot a dit…

Je suis un peu déçu qu'après avoir évoqué la campagne Madame/mademoiselle, vous passiez à d'autres sujets, et sur le mode de l'ironie. Ce n'est pas parce que des "féministes" posent un problème que celui est forcément inexistant. D'autant plus qu'elles ne sont pas les seules à le poser : mon association (française), le Groupe d'études sur les sexismes (GES), demande lui aussi, et depuis longtemps, la suppression de "mademoiselle" des textes administratifs et professionnels.

La distinction mademoiselle/madame repose en effet sur une conception archaïque de la condition féminine : une "vraie" femme est une femme mariée, donc future ou déjà mère, et si possible au foyer; dans ce cas, on l'appelle "madame". A l'inverse,une femme non-mariée, une "demoiselle", (donc en théorie non-mère) n'est pas une "vraie" femme, c'est un embryon de femme, voire, si elle a déjà un certain âge, une "vieille fille". C'est le reflet dans le langage de la conception bourgeoise des sphères : femmes = mères au foyer, hommes = travailleurs-pourvoyeurs.

Outre que je ne souhaite pas que cette conception perdure, je comprends bien que des femmes non-mariées se sentent humiliées d'avoir à dévoiler implicitement leur situation (et se l'entendre rappeler tous les jours quand on s'adresse à elles !). Effectivement, les hommes non-mariés n'ont pas à subir cette vexation : il y a donc bien discrimination.

En l'occurence, alors que je suis un militant anti-misandre, je soutiens cette campagne lancée par des associations misandres, mais il n'y a là aucune contradiction. Si l'on veut être crédible quand on dénonce le sexisme anti-hommes, il faut aussi dénoncer les formes résiduelles de sexisme anti-femmes, même si elles sont devenues à notre époque moins nombreuses que les premières.

Bertrand a dit…

A l'origine, la distinction n'était pas basé sur marié / célibataire :

""Rappelons donc à ces dames que La Grande Mademoiselle, duchesse de Montpensier, fille de Gaston d’Orléans, petite fille d’Henri IV et cousine germaine de Louis XIV, n’était pas à proprement parler une “incapable civile”. Gérant l’une des plus grandes fortunes d’Europe, elle tint toute sa vie le salon le plus luxueux de l’histoire, salon où se pressaient les plus beaux esprits.

La Grande Mademoiselle était Grande Mademoiselle parce que fille de Monsieur, frère de Louis XIII. Elle portait le titre de son rang, celui de la fille aînée des frères ou oncles du roi.

Mademoiselle était le titre des femmes nobles non titrées, qu’elles fussent ou non mariées.

Quant à Madame, c’était le titre honorifique donné aux femmes des hautes classes de la société — souveraine, filles de la maison royale, femmes nobles titrées —, cela encore qu’elles fussent ou non mariées.

Madame est d’ailleurs toujours un titre qui, donné par respect, accompagne la fonction, cela sans considération de l’état matrimonial. Mademoiselle est également une marque de respect qui perdure dans les milieux artistiques et que l’on persiste à donner aux comédiennes ou musiciennes à la scène sans savoir qui elles ont épousé à la ville.""

C'est considéré comme discriminatoire mais parce que la nature est discriminatoire. Une fille devient femme une fois réglé c'est à dire en mesure d'avoir des enfants.

Il n'y a pas de damoiseau parce que l'homme ne peut enfanter (sacré discrimination, j'aimerais bien avec un goss tout seul) et parce que on demande une chose différente à l'homme et puis un mec puceau à 25-30 ans ca n'intéresse personne (au mieux c'est un raté qui a des problèmes avec maman) alors qu'une femme développera un pouvoir érotique à ce sujet.

Le fond de la campagne n'est pas mauvais (meme si j'éxècre le format) mais les structures culturelles tiennent nécessairement compte du biologique.

Jean GABARD a dit…

Est-ce le mot Mademoiselle qui est sexiste ou le fait de demander aux femmes (et non aux hommes) si elles sont mariées ?

Est-ce le mot ou l'interprétation que l'on a de ce mot ?

solution : demander uniquement le sexe : masculin ou féminin

mais mettant sexe féminin, comment Faudra-t-il appeler cette personne ? Madame ou Mademoiselle ?

certaines peuvent être gênées
d'être appelées Mademoiselle (cela peut faire pas sérieuse ! ...) d'autres peuvent être gênées d'être appelées Madame (cela peut faire vieille ! ...)


Autres solutions: ne plus dire ni monsieur, ni madame ni mademoiselle !
"on appelle DUPONT Dominique" !

? ... ? ... ? ... ? ! ! !

Ne faudrait-il pas aussi supprimer : "marié ou célibataire" ?

Ne vaudrait-il pas mieux appeler un chat un chat (ou une chatte une chatte) que prendre des précautions chaque fois qu'un mot risque d'être interprété de façon sexiste ?

Existe-t-il des moyens d'empêcher les personnes d'avoir des pensées sexistes ?

Ou faut-il revoir toute la langue française pour supprimer tout ce qui est sexué ?

Le sexe est-il si gênant que ça ?

Voulons-nous devenir androgyne ?
Voulons-nous dénier la différence des sexes, le manque et donc le désir ?

Anonyme a dit…

Quelles veuillent supprimer le mot mademoiselle ne me pose pas de problème, si ça les arrangent je suis même pour.
Ça c'est le premier élément, la surface.
Le deuxième élément, on creuse et que voit?
Domination masculine, phallocratie, misogynie etc etc.
Supprimer mademoiselle pas de problème mais qu'elles ne viennent pas cracher la gueule de la moitié de la population en même temps, qu’elles laissent leurs misandries au placard.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

@ Patrick Guillot Figurez-vous qu'avant cette campagne, j'étais moi-même acquis à l'idée d'une discrimination envers les femmes par le maintien de ce que je considérais comme l'archaïsme "mademoiselle". J'en étais même arrivé à appeler une gamine "madame", mais toujours avec une note d'humour, cependant. Ce n'est pas d'hier que nos féministes québécoises ont dénoncé ce vocable.

Toutefois, la lecture d'un article paru dans AgoraVox http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/mademoiselle-ou-madame-fini-de-101466 et surtout, les commentaires qui ont suivi, ont ébranlé mes convictions.

D'une part, je crois comprendre que les féministes ne souhaitent pas seulement abolir la case en trop, ce qui, au demeurant, me paraît légitime (on pourrait simplement cocher "M" ou "F", tout le monde serait content), mais exigent la suppression pure et simple de ce mot du dictionnaire. Je leur souhaite bonne chance, tant le recours à son usage est tenace, même chez nous.

Vous me parlez des effets néfastes de l'utilisation de ce mot, mais combien d"hommes et beaucoup de femmes ayant réagi à l'article ont déclaré que plusieurs femmes seraient offusquées de se voir vieillir prématurément par "madame" et trouvent un charme traditionnel, voire littéraire, à ce mot.

Au Québec, le recours au tutoiement est bien plus répandu que chez vous, ce qui fait que le problème se pose moins. Je dois vous dire que j'utilise obligatoirement "Madame" pour tout contact avec fonctionnaires, intervenantes sociales pour ma mère ou ma soeur, ou toutes représentantes de compagnies ou d'entreprises. Aucune ne s'est offusquée (je crois qu'elles sentent chez moi une reconnaissance de leur fonction) et, allez savoir pourquoi, là je trouve ça normal et "mademoiselle" trop familier. Question de contexte et de rapport d"affaires au sens large, je présume.

J'ai bien peur, Patrick, que les avis soient très partagés sur cette question, à cause des différents contextes où "mademoiselle" s'emploie encore, tout en reconnaissant une pertinence à la stricte abolition de la case. Pour le reste, comme l'usage fait la langue, j'ai bien peur que, dans votre pays comme dans le mien, "mademoiselle" ait encore de belles années devant elle.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

@ Bertrand Intéressant apport historique, Bertrand, qui confirme un peu mon hypothèse présentée en réponse au commentaire de Patrick : l'usage fait la loi et la langue. Je ne suis pas opposé à la case en moins, mais trouve surfait tout ce débat monté en épingle comme si le sort des femmes allait se régler sur un mot.

N'aurait-il pas suffit de représentations auprès du gouvernement français à propos du caractère discriminatoire de "mlle" dans les formulaires avant de se lancer dans un opéra en 20 tableaux ? Je serais curieux de savoir si une telle démarche a seulement été envisagée par le passé et mise en oeuvre. Si oui, l'initiative des ces féministes me paraîtrait déjà moins indigeste, à défaut de pertinente, mais le mode panique est tellement généralisé chez elles que j'ai mes doutes.

Ce qui pourrait arriver à "mademoiselle", compte tenu de l'éclairage historique fort à propos que vous apportez, c'est que le mot demeure, mais que sa connotation change pour s'adresser au filles mineures tandis que "madame" s'adresserait aux femmes adultes. Je ne suis pas visionnaire, mais je ne serais pas étonné que la tendance évolue dans ce sens. Mais attention, on pourrait se voir taxer d'âgisme...

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

@ Jean Gabard Tout à fait d'accord avec vous, Jean. D'ailleurs, l'apport fort à propos de Bertrand, figurant plus haut dans ces commentaires, explique à quel point "mademoiselle" a évolué avec le temps pour servir aujourd'hui de distinction entre le statut de célibataire et de femme mariée. Mais est-ce encore autant le cas que par le passé ?

Si cette connotation implique encore la discrimination invoquée par Patrick dans son commentaire, je ne suis plus sûr qu'elle soit aussi déterminante, mais peut-être suis-je naïf ? Je crois que ce mot sert davantage à s'adresser à une jeune fille qu'à déterminer l'état civil d'une femme, par les temps qui courent. On sera toujours plus porté à appeler "madame" une femme d'âge mûr.

En fait, comment savoir, en regardant une femme, si on a affaire à une "madame" ou une "demoiselle" ? Vous trouverez encore des célibataires offusquées de se voir appeler "madame". Par contre, des femmes mariées seront flattées de se voir appeler "mademoiselle".

Que voulez-vous, il semble que ces cas de figure n'aient pas été pris en compte par nos militantes. Ils se manifestent pourtant au quotidien. Votre commentaire me confirme que c'est la connotation de "mademoiselle" et non le mot lui-même, qui pose problème.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

"Supprimer mademoiselle pas de problème mais qu'elles ne viennent pas cracher la gueule de la moitié de la population en même temps, qu’elles laissent leurs misandries au placard."

C'est un fait que ce débat aurait pu se faire de façon moins "pompière" et sans procès d'intention. Qu'il y ait une pertinence à supprimer la case "Mlle", je veux bien, mais une campagne de "sensibilisation" était-elle nécessaire ? Surtout de ce type. N'aurait-il pas eu lieu d'examiner d'autres avenues auparavant ?

Comme je l'écrivais plus haut, c'est l'usage qui fait la langue, et je ne crois pas que l'avenir de "mademoiselle" soit très menacé par nos militantes.

Patrick Guillot a dit…

Désolé, messieurs, mais je crains que vous ne soyez motivés par de l'antiféminisme plutôt que par le sain antisexisme qui convient au débat.

Car peu importe de qui vient la revendication. Peu importe qu'il y ait des femmes pour défendre le système actuel (il y a aussi des hommes qui trouvent normal qu'on confie les enfants de divorcés aux seules mères...). Peu importe que certain(e)s le trouvent "poétique" (de toute façon, ça ne s'appliquerait qu'aux secteurs administratif et professionnel. Dans la vie privée, vous continuerez d'appeler les femmes comme vous le souhaitez et comme elles le souhaitent). Etc, etc.

La seule chose qui importe est : juste ou injuste ? discriminatoire ou non ? Et la réponse est évidente : il y a un système (non-intrusif) pour les hommes, et un système (intrusif) pour les femmes.

Comme toute la société occidentale nous soupçonne de misogynie, il vaudrait mieux ne pas lui fournir des arguments. Comment nous proclamer antisexistes si nous ne sommes pas hyper-rigoureux sur un problème aussi simple ?

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Je vous concède une légitimité sur l'aspect purement formel de la case "Mlle",intrusive, comme vous dites, mais avouez que, lorsqu'ensuite on doit cocher une case sous la rubrique "état civil", le débat perd un peu de son à propos.

Par ailleurs, du fait qu'il existe dans un grand nombre de formulaires - pas dans tous, j'en conviens - une question relative à l'état civil, on pourrait de ce fait laisser tomber les formules de "politesse", comme je le mentionnais plus haut, et s'en tenir à cocher "M" ou "F".

Cette mesure sera cependant plus facile à mettre en application que de convaincre 200 millions de francophones de renoncer à "mademoiselle", pour des raisons qui risquent davantage d'avoir un rapport à l'avenir avec l'âge qu'avec l'état civil. Mais je n'ai pas de boule de cristal.

Bertrand a dit…

Arrrrrgh! Je suis anti féministe!

Dans les faits je ne le suis pas mais je crois qu'il ne faut pas oublier l'origine des choses à la fois dans le langage ou dans ses fondements biologiques.

La théorie du genre (meme si certains de ses postulats et développements sont intéressants)s'inscrit dans cette logique de sapage et de remplacement des structures naturelles. Pour certaines féministes, ca revient à bousculer notre système numérique en posant 0 = 1. Je ne vous dis pas le foutoire et le pire c'est qu'on s'en accomoderait symboliquement mais le réel sera alors refoulé dans les non dits et continuera à opérer malgrè ce réajustement.

Pour moi cette campagne rejoint cela dans le fond.

Toutefois et ca été mon dernier paragraphe, dans la forme j'y souscris. Remplacons dans tout les formulaires Mr, Mme, Mlle par le sexe: M, F, ou transgenre (pour éviter le lobby LGBT). Je propose aussi d'imprimer un exemplaire par sexe pour éviter la discrimination liée à l'ordre d'alignement (verticale ou horizontale) des cases M, F, T ou F, M, T ou ...

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Aïe, aïe, Bertrand, et moi qui avait fini par concéder la pertinence de M et F pour enfin apaiser nos amazones sémantiques, croyant que ça réglerait la polémique une fois pour toutes ! Et voilà que j'avais oublié T pour transgenre. Je vous soupçonne d'être aussi ironique que sincère... Et quel talent pour trouver la faille ou le grain de sable dans l'engrenage ! J'ai failli être tranquille !

En plus, il faudrait ordonner la présentation selon la personne à qui on l'adresse ? Sans doute faudrait-il choisir le bleu pour M, le rose pour F et... le mauve pour T ! Et si l'État ou une entreprise doit faire parvenir une missive aux citoyens, faudra-t-il remplacer M, Mme et Mlle par M F ou T, à moins de supprimer toute forme de civilité ? Au secours !

N'oublions pas, Bertrand, que la suppression de la case Mlle n'est que l'amorce de la campagne, ces dames en ont après "Mademoiselle" qu'elles veulent voir éradiquée purement et simplement. Imaginez Patricia Kaas se faisant siffler en chantant "Mademoiselle chante le blues"... Sa chanson aurait vite fait de devenir autobiographique.

Ce qui m'a fait reconsidérer mon rejet de "Mademoiselle" (figurez-vous que je considérais ce mot comme un archaïsme tolérable, jusqu'à cette campagne), ce sont les commentaires de vos compatriotes sur AgoraVox. Toute l'importance que les Européens francophones attachent au vouvoiement et à la finesse de "Mademoiselle", avec la touche de galanterie un rien surannée que peut parfois revêtir ce mot, a fini par me gagner.

À une époque où l'amour se consomme aussi goulûment qu'un Pepsi, je trouve charmante et rafraîchissante cette connotation apportée au mot, qui me fait dire qu'il évoluera au-delà de la simple désignation de l'état civil. Mais peut-être suis-je un peu trop romantique...

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

À titre informatif, voici la définition que donne l'Office québécois de la langue française du mot "mademoiselle" :

Traditionnellement, on distingue les termes madame et mademoiselle : le premier titre est donné aux femmes mariées, alors que le second est employé en parlant d’une jeune fille ou d’une femme célibataire.

Cette distinction est encore largement répandue en France, bien qu’elle y soit de plus en plus contestée. Au Québec, par contre, lorsqu’on s’adresse à une femme, qu’elle soit mariée ou non, on l’appelle madame; en effet, mademoiselle ne s’emploie plus que si on s’adresse à une toute jeune fille ou à une femme qui tient à se faire appeler ainsi. Certains ont déjà proposé madelle, forme contractée de madame et de mademoiselle, pour désigner une femme, qu’elle soit mariée ou non. Mais l’usage n’a pas entériné ce terme; on évitera donc de l’employer. Par ailleurs, madame convient à toutes les femmes, civiles ou militaires, laïques ou religieuses.

Pour en apprendre davantage sur l’emploi des noms madame et mademoiselle, vous pouvez consulter l’article Madame, mademoiselle et monsieur à la section sur les majuscules et l’article Madame, mademoiselle, monsieur à la section sur les abréviations.

http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?id=3634

Contrairement à ce que prétendent les instigatrices de cette campagne, il est faux de prétendre que "mademoiselle" est considérée comme une insulte au Canada. Il est au contraire vrai que ce mot sert à désigner une jeune fille ou une jeune femme, ce qui n'offusque personne, à ma connaissance.

Anonyme a dit…

Aux USA faute de budget la Californie va libéré des délinquants, mais seulement des femmes les mères pour etre plus précis.
Le même projet pourrait voir le jour en Floride.
Les pères eux ils peuvent croupir en prison, il y a du budget pour ça.
http://www.youtube.com/watch?v=y2hzI1vWl1M&feature=player_embedded

Quand je dis que dans de nombreux pays occidentaux la misandrie n'est plu un lobby mais quelque chose de bien ancré dans les institutions.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Vous avez parfaitement raison : la misandrie est devenue institutionnalisée partout en Occident. Alors que les garçons sont en difficulté scolaire, c'est sur la réussite des filles que l'État se concentre, comme si elles venaient d'avoir accès aux écoles. Alors que la fonction publique québécoise est à 60 % et plus féminine, les programmes de discrimination positive en faveur des femmes son maintenus, comme si ces dernières venaient juste d'avoir accès à des postes de fonctionnaire. À Radio-Canada, deux cadres sur trois sont des femmes.

En droit familial, alors que la pension à l'ex-conjointe devrait appartenir à un musée, on fait encore comme si les femmes étaient aussi économiquement dépendantes des hommes que dans les années 50. Et c'est ça, le drame occasionné par le féminisme : "victime" de son succès, il a réussi au-delà de l'égalité, mais pour survivre il doit convaincre État et public que tout est à faire pour les femmes. Combien de temps durera encore cette supercherie ?

R a dit…

Si la misandrie est institutionnalisée en Occident, la misogynie semble y demeurer une caractéristique congénitale.

" Contrairement à ce que prétendent les instigatrices de cette campagne, il est faux de prétendre que "mademoiselle" est considérée comme une insulte au Canada. Il est au contraire vrai que ce mot sert à désigner une jeune fille ou une jeune femme, ce qui n'offusque personne, à ma connaissance."

Votre connaissance en la matière est limitée puisque pour commencer vous n'êtes pas une femme. Même ici au Québec, en raison du fait que le "Mademoiselle" tombe pratiquement en désuétude, certains hommes ont recours au "Mademoiselle" dans le milieu professionel (j'en connais des avocates qui en ont fait les frais de la part de confrères et de juges) à l'égard de femmes pour les remettre à "leur place". Ne venez pas me dire qu'un francophone canadien, au 21ème siècle, qui emploie "Mademoiselle" pour s'adresser à une personne de sexe féminin qui n'a manifestement pas l'air d'une donzelle, n'est pas en train d'être condescendant à son égard. Avec toute la mauvaise foi dont peuvent faire preuve les pourfendeurs des droits de l'homme, on se demande où sont passés les vrais hommes, ceux avec une once d'intégrité.

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Pour des raisons indéfinissables, Blogger a retiré mon article intitulé À quand un prix Diane Lamarre ?   C'est la première fois depuis ...