vendredi 4 novembre 2011

Pauline Marois, pas assez « hommasse » ?

Pauline Marois, victime de son sexe ?
Le jour même où Janette Bertrand faisait sa sortie sur les déboires de Pauline Marois, les imputant au fait qu’elle soit une femme, Claude Pinard, député péquiste de Saint-Maurice, se mettait les pieds dans les plats en affirmant que le Québec n’était pas prêt à en élire une.  Le fait d’être une femme était un handicap pour son parti, selon lui.  Inutile de préciser que le coloré vétéran mauricien allait déguster une volée de bois vert dès le lendemain de sa trop grande franchise.  Noëlla Champagne, députée de Champlain, non moins flamboyante, invoquant à juste titre l’indiscipline légendaire du PQ, y allait du constat suivant : «  Pauline Marois va fêter ses 25 ans de vie politique active. Tu n'atteins pas ces niveaux-là si tu te sens diminuée parce que tu es une femme.»  En clair, le problème est ailleurs…

Du point de vue de Mme Bertrand, le fait de voter pour Marois en raison de son sexe devrait l’emporter sur toute autre considération : « On devrait se dire que, comme femme, on va l’appuyer en tant que femme, et ce, au-delà des partis. Les femmes qui sont au pouvoir dans les autres pays sont des femmes beaucoup plus « hommasses ». Ce sont des femmes qui ont pris l’apparence et parfois même la façon de faire des hommes. Là ça marche. Mais si tu veux régner à ta façon de femme, c’est ça qui ne passe pas. »  En clair, au nom de la lutte à la misogynie, on devrait voter pour Mme Marois en fonction de son sexe, sans tenir compte des compétences d’un adversaire de sexe masculin, même éventuellement plus qualifié.  Troquons un sexisme, périmé, pour un autre, au goût du jour !

Janette Bertrand : sortie remarquée...
En 2007, le gouvernement Charest a instauré une cosmétique parité homme femme à son conseil des ministres à partir d’une députation à 25 % féminine sans que les affaires de l’État ne s’en soient améliorées. Lise Payette, ancienne ministre péquiste à la Condition féminine devenue chroniqueuse, tenait ces propos, au lendemain de l’annonce de cette mesure : « J’ai écrit que « les femmes travaillaient plus et mieux que les hommes ».  J’ai failli me faire crucifier à cause de cette phrase.  Je la maintiens pourtant.  Les femmes ont-elles le choix ?  Elles ne peuvent pas dormir sur leurs lauriers car elles doivent constamment prouver qu’elles méritent le poste qu’on leur a confié.  Elles travaillent toujours plus et mieux. »  Je serais curieux de savoir ce que pense de la performance ministérielle féminine, quatre ans plus tard, celle qui a côtoyé les flemmards René Lévesque, Jacques Parizeau, Denis Lazure, Camille Laurin, Claude Charron, Jean Garon et Gérald Godin ?  Pas de doute que Mme Payette devait travailler plus et mieux que ces branleurs.
Comme le soulignait par ailleurs J-Jacques Samson le 4 novembre dans le Journal de Québec : « L’argument selon lequel Pauline Marois subit un tel sort parce qu’elle est une femme me fait bien rire.  Des trois députés qui l’ont poignardée en juin, deux étaient des femmes : Louise Beaudouin et Lisette Lapointe.  Quand Mme Marois a accédé au poste de chef, la députée Diane Lemieux (…) alors leader parlementaire de son parti à l’assemblée nationale, a démissionné avec fracas. »  Elles auraient dû demander conseil à Mme Bertrand…
Psychodrame victimaire
Il y a plus d'une raison qui font que Pauline Marois en arrache présentement et le fait d'être une femme n'en fait probablement pas partie. Après tout, n’a-t-elle pas trôné un certain temps dans les intentions de vote, été accueillie comme la sauveure du PQ en 2007, contribué à recueillir 35 % des votes aux élections de 2008 ?  Était-elle moins féminine, plus hommasse, dirait Mme Bertrand ?  On invoque souvent sa fortune, comme si elle avait été la seule à qui on lui en avait adressé le reproche.  Et Pierre Trudeau et Jacques Parizeau ? Ne pourrait-on pas enfin envisager l’hypothèse que Pauline Marois partage le même atavisme que les Stéphane Dion ou Michael Ignatieff, des hommes doués pour jouer les éminences grises mais dénués du plus élémentaire charisme comme chefs de parti ?

Stéphane Dion, aussi victime de son sexe ?
Pas de doute, le problème est ailleurs.  Le timing pour une nouvelle démarche référendaire est désastreux. L'aile radicale du PQ s'entête à se mettre la tête dans le sable – ou sur le billot - et à faire comme si la victoire était à portée de main, ou qu'il fallait la jouer au quitte ou double. Grossière erreur, qui contribuera à abonner le PQ au même club de golf que le pratiquement défunt Bloc québécois.  Remplacez Marois par Gilles Duceppe et vous vous retrouverez avant longtemps dans un cul-de-sac identique.

Quand René Lévesque s'est fait montrer la porte de la façon la plus disgracieuse du parti qu'il avait fondé pour avoir voulu prendre le beau risque du retour dans la confédération, était-ce parce qu'il était un homme ? Quand Pierre-Marc Johnson a connu un sort presque similaire avec son concept d'affirmation nationale, était-ce parce qu'il était un homme ? Quand Jacques Parizeau a été éreinté par les médias au lendemain du référendum de 1995 pour avoir identifié le vote ethnique et l'argent comme raisons de l'échec référendaire, était-ce parce qu'il était un homme ?

Stronach : une autre victime ?
Quand Lucien Bouchard, même à l'heure actuelle, se fait rappeler sa « trahison » envers Brian Mulroney, est-ce parce qu'il est un homme ? Pourtant, quand Belinda Stronach s'est fait insulter pour avoir quitté le parti conservateur en vue d’un poste de ministre offert par Paul Martin, des vierges offensées ont aussitôt entonné l'hymne à la discrimination envers les femmes.  Ses motivations étaient pourtant nettement plus opportunistes que celles de Bouchard, qu’on aime le personnage ou pas.  Mais aujourd’hui, qui se rappelle de Stronach ?

Lise Thériault, l’indomptable

S’il est un nom qui circule présentement quand on pense à une femme à la tête d’un gouvernement québécois, c’est sans aucun doute celui de Lise Thériault, l’actuelle ministre du Travail qui tient tête aux fiers à bras qui s’opposent à son projet de loi 33 qui mettrait un frein au placement syndical.   Malgré les menaces de se faire casser les jambes, les refus « spontanés » de rentrer travailler de la part de syndiqués, les tentatives d’intimidation sur différents chantiers et la fermeture des réserves d’oxygène à deux scaphandriers à l’œuvre à Trois-Rivières, la ministre ne baisse pas pavillon : malgré quelques amendements envisagés, c’est la fin du placement syndical, point barre. 

Thériault : crédibilité et charisme.
Une combinaison gagnante ?
L’attitude de Mme Thériault contraste singulièrement d’avec son passage sans éclat à l’Immigration.  Par sa résolution devant des pratiques syndicales d’une époque révolue auxquelles aucun de ses prédécesseurs n’a osé mettre un terme, l’actuelle ministre est en train de se construire un important capital de sympathie et de crédibilité auprès du public.  Avec un parti au plus mal dans l’œil du public, menacé par l’effet Legault et fortement hypothéqué par un chef auquel presque plus personne ne fait confiance, Lise Thériault pourrait devenir pour le PLQ l’as dans la manche pour lequel le PQ prend cette fois Gilles Duceppe, devant son avenir incertain.  Ce n’est pas en faisant courbettes et compromis que Mme Thériault pourrait bien gagner le cœur des électeurs, mais en continuant d’agir avec cette calme et inflexible fermeté qui semble la caractériser jusqu’ici.  Qui sait, Mme Bertrand, c’est peut-être ça, qui manque à votre protégée : un soupçon d’« hommasserie »…

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