dimanche 10 avril 2016

71 % des victimes autochtones de meurtre ou de disparition sont… des hommes !

… Et on s’en bat les flancs, comme le révèle un blogueur spécialiste des questions autochtones, Mr Mônijâw, cité dans un article pour le moins remarquable et troublant d’Adam Jones, du National Post :  « Les hommes autochtones sont plus fréquemment assassinés, en comparaison de tous les autres groupes, et leurs homicides sont rarement résolus.  Et vous pouvez même déclarer publiquement, si vous êtes officier de police, que vous vous en fichez, parce que personne ne se soucie d'eux. »[1]

Laissés pour compte, parce que du mauvais sexe...
À l’opposé, alors que l’on voit dans les femmes autochtones des victimes de notre indifférence sociétale, 88 % des homicides commis sur leur personne ont été résolus, en comparaison de 89 % pour les femmes non autochtones.  Voilà qui met à mal un mythe très cher à notre gauche militante.  Étrangement, il n’existe aucune statistique sur le taux de résolution de meurtres concernant les hommes autochtones.  C’est comme s’ils n’existaient pas.  « Mais si l’on considère que 83 % des homicides non résolus touchent surtout des victimes masculines, nous pouvons conclure que le taux de résolution des meurtres d’hommes autochtones est significativement bas, »[2] d’ajouter Mr Mônijâw.  Ces réalités, notre gauche militante s’essuie avec…

Des chiffres qui ne sautent pas aux yeux…

Tout comme il est difficile d’obtenir des statistiques sur la répartition selon le sexe des auteurs de meurtres d’enfants sans rémunérer Statistique Canada, les données sur les homicides d’hommes autochtones semblent demander des recherches particulières, comme le souligne implicitement Adam Jones :

« Selon des données de Statistique Canada, compilées par ma recherchiste Penny Handley, environ 2 500 Canadiens autochtones ont été assassinés au Canada entre 1982 et 2011, sur un total de 15 000 victimes canadiennes.  De ces 2 500 personnes, 71 %, soit 1 750 victimes, étaient de sexe masculin, 745, de sexe féminin, et une autre, « de genre indéterminé ».[3]  Signalons que le taux d’homicide sur les hommes autochtones avoisine celui de 72,5 % des hommes non autochtones révélé par Statistique Canada.

La disparition… des disparus.

Le journaliste ne manque pas d’exprimer son indignation devant une nouvelle absence de statistiques, qui touche cette fois les cas de disparition des hommes autochtones : « En ce qui concerne les disparus, l’absence de statistiques représente une choquante désertion d’au moins l’une de nos institutions publiques, qui pourrait faire l’objet d’un examen selon notre Charte (des droits et libertés nda.)  Il est cependant plausible de spéculer que le nombre d’hommes autochtones disparus surclasse par une vaste majorité celui des femmes.  On peut s’attendre à pouvoir transposer les pourcentages relatifs aux homicides à cette réalité, les itinérants étant de toute façon à forte majorité masculine en Amérique du Nord (…). »[4]

Des gamins, tout autant ignorés.
Faut-il s’étonner, devant une telle passivité humaniste et intellectuelle, si la prochaine commission fédérale d’enquête sur les meurtres et les disparitions d’autochtones n'envisage que les femmes et les filles tout en excluant les hommes et les garçons ?  Comment s’en surprendre, quand on sait que notre premier ministre, féministe autoproclamé, se montre plus soucieux du ph équilibré de sa coiffure et de l’augmentation de sa collection privée de selfies que de la misère des êtres humains de son sexe. 

Parlant de féministes, Adam Jones ne mâche pas ses mots à leur égard : « Il n’y a pas que la GRC et nos institutions politiques qui se mettent la tête dans le sable.  La campagne visant à dénoncer la victimisation et l’extermination des femmes autochtones est devenue une cause célèbre féministe (et même féministe autochtone) avec un tel impact qu’elle est parvenue à étouffer toute considération pour des problématiques de violence encore plus étendues au sein de la communauté autochtone canadienne, impliquant les hommes et les garçons.  Ces campagnes promeuvent, comme pierre angulaire, les vieilles constructions idéologiques présentant les femmes comme spécialement vulnérables, fragiles et dépendantes de l’aide extérieure et de l’intervention de l’État.(...) »[5]

Je n’ose imaginer Adam Jones travaillant à Radio-Canada ou à La Presse…

Necktie Campaign…

En vue de faire contrepoids à cette mainmise féministe sur une problématique pourtant universelle, un organisme torontois appelé Canadian Association for Equality vient de lancer une campagne intitulée Necktie Campaign, la cravate – necktie – étant un accessoire typiquement masculin, en vue de convaincre le gouvernement fédéral d’inclure les hommes et les garçons dans leur commission d’enquête.  L’idée de la cravate vient de Lydia Daniels, dont le fils est lui-même disparu.  Une série d’activités et une pétition ont été annoncées dans ce lien.

Les organisateurs et leurs supporters arriveront-ils à infléchir notre gouvernement féministement attardé ?  Leur combat ressemble à celui de David contre Golitath, mais il mérite d’être soutenu.  Eh puis, j’aime bien leur devise : « Equality means equality for every one. »  Par définition, l’égalité de droits devrait pourtant s’adresser à tout le monde…

[1] “aboriginal men are murdered extremely often, relative to all other groups, and their homicides are more rarely solved. And nobody really cares. And you can even say you don’t care in public, as a representative of the police. Because you know nobody else really cares either.”

[2] But given that fully “83 per cent of unsolved homicides overall are male … we can assume the rate for solved murders among Aboriginal males is significantly lower,” writes a perceptive blogger on these issues, Mr. Mônijâw.

[3] According to Statistics Canada data compiled by my research assistant Penny Handley, approximately 2,500 aboriginal people were murdered in Canada between 1982 and 2011, out of 15,000 murders in Canada overall. Of the 2,500 murdered aboriginal Canadians, fully 71 per cent — 1,750 — were male, and 745 were female (and one was “of unknown gender”).

[4] As for the missing, the absence of statistics represents a shocking abdication of at least one public institution’s responsibility — perhaps worthy of a Charter challenge. But it is reasonable speculation that missing aboriginal men outnumber aboriginal women, perhaps by a wide margin. One would expect the ratio of murdered-men-to-women to carry over, roughly, to the ranks of the missing. Homeless and street populations in North American inner cities are likewise heavily male, including their indigenous component, and it is surely members of these most marginalized and fragmented communities that are most likely to fall off the precipice.

[5] It is not just the RCMP and Canadian political institutions that have turned a blind eye. The campaign to highlight the victimization and extermination of aboriginal women has become a feminist cause célèbre (including an aboriginal-feminist one), in a way that has suffocated consideration of even more pervasive patterns of violence among and against all aboriginal Canadians, including men and boys.  All such campaigns reproduce, in central respects, ancient patriarchal/paternalistic constructions of women as especially vulnerable, fragile and dependent on outside aid and state intervention.
aid and state intervention.

8 commentaires:

martin malthus a dit…

Excellent texte, comme d'habitude. je passerai mon tour pour la cravate cependant. I leave the symbols to the symbol-minded.

Anonyme a dit…

Olivier, merci pour ce texte, mais le Québec doit faire enquête sur les %29 des femmes disparue. Ce chiffre doit être à zéro ! L’égalité entre homme et femme a encore du chemin à parcourir. Et les 2,500 Autochtone tué, 745 femmes sont de ce nombre, ce dernier chiffre devrait être à zéro lui aussi.

Vous voyez Olivier, il a encore beaucoup d’oppression envers les femmes.

Anonyme a dit…

Je me suis posé cette question : pourquoi les féministes ont-elles collé assassinées + disparues "femmes assassinées ou disparues" ?

N'est-ce pas vicieux ?
-Ces femmes ont-elles réellement été assassinées ou simplement se sont-elles poussées loin de leurs réserves pour vivre dans les grands centres urbains ?

-Combien parmi elles se cacheraient dans ces centaines maisons pour femmes dites battues loin des indiscrétions journalistiques et de la police ?

On peut faire dire n'importe quoi avec des statistiques surtout lorsqu'elles sont colligées arbitrairement et avec des lunettes roses.

-YPS





Anonyme a dit…

Olivier, on doit aider plus les femmes. Des femmes comme Lise Laliberté-Brochu. Cette Madame est une victime du system et la société dois créer des gros programme pour l'aider.

http://www.tvanouvelles.ca/2016/04/08/la-proprietaire-dune-garderie-denoncee-par-son-employee

Unknown a dit…

On retrouve la même "invisibilité" par rapport aux jeunes fugueurs...

"Le problème des fugues en centre jeunesse est encore plus aigu chez les garçons : entre 2012 et 2015, 2707 garçons ont fugué des installations des centres jeunesse du Québec contre 1944 filles, selon les chiffres obtenus par La Presse auprès du ministère de la Santé. C'est près de 40 % de plus."

http://www.lapresse.ca/actualites/201603/16/01-4961256-fugues-chez-les-jeunes-les-garcons-surrepresentes.php

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

@ Anonyme « Vous voyez Olivier, il a encore beaucoup d’oppression envers les femmes. » J'ai beaucoup de mal à suivre votre commentaire. De souligner à quel point les hommes sont précisément plus négligés encore que les femmes ne veut pas dire qu'il faille ignorer ces dernières et encore moins oublier de faire enquête sur elles... Qui plus est, les chiffres que vous citez font état des meurtres et non des disparitions.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

@ Anonyme « Olivier, on doit aider plus les femmes. Des femmes comme Lise Laliberté-Brochu. Cette Madame est une victime du system et la société dois créer des gros programme pour l'aider.»

Je présume que vous pratiquez le second degré...

freehappybob a dit…

Peu importe les faits, et au-delà des statistiques. Aujourd’hui, la société donne raison à celle qui prétend être les plus victimisées!

Blague à part, quand même triste ce qui ce passe a Attawapiskat. J’ai l’impression que nos jeunes, peu importe la culture, abandonne complètement face a la vie. Selon statistique Canada, en 2012, sur 3.929 suicide, 954 ont été des femmes. Les hommes vive une crise et ses très dommages qu’ils abandonnent en si grand nombre

http://www.statcan.gc.ca/tables-tableaux/sum-som/l01/cst01/hlth66a-eng.htm

Merci Olivier pour cette article.

Une première depuis 2009 : Blogger retire l'un de mes billets.

Pour des raisons indéfinissables, Blogger a retiré mon article intitulé À quand un prix Diane Lamarre ?   C'est la première fois depuis ...