dimanche 15 mai 2022

Généreuses subventions à Charles Sirois : Legault n’est jamais « au courant »

Charles Sirois et François Legault
Parmi les possibles conflits d’intérêt qui pourraient finir par hanter le gouvernement Legault, l’hypothèse de liens incestueux entre le premier ministre et son « ami », le milliardaire Charles Sirois, cofondateur de la CAQ, n’est pas dénuée d’intérêt, ceci, bien sûr, aux yeux d’esprits retors et prompts à chercher des bibites chez les politiciens les plus nobles.

Peu de gens le réalisent, mais Charles Sirois, a codéfini l’essence même de la CAQ, dont il a guidé avec Legault les premiers pas en rédigeant avec lui vers 2011 un semblant de plate-forme remplie de vœux pieux et creux.  Avant même que la CAQ ne prenne le pouvoir, Legault se voyait accusé de favoriser son ami par les libéraux, mais sans réelle prise sur lui.

Des manchettes bien énervantes…

Le 8 février 2020, Legault a dû avaler son café de travers à la lecture de cette manchette du Journal de Montréal :

« Un jour à peine après avoir dévoilé une nouvelle philosophie, Investissement Québec allonge cinq millions $ à un hôtel du milliardaire et cofondateur de la Coalition avenir Québec (CAQ), Charles Sirois.  

Investissement Québec (IQ) a prêté ce mercredi 5 M$ au Château Mont-Sainte-Anne, un hôtel de luxe au pied des pistes de ski de ce mont près de Québec, révèlent des documents notariés obtenus par notre Bureau d’enquête. » 

Nul doute que la classe moyenne a tout intérêt à voir se concrétiser la réalisation d’un tel projet.  La négociation des conditions de ce prêt a toutefois été amorcée sous le règne libéral en 2018, mais s’est poursuivie une fois la CAQ élue :

« En décembre 2019, après l’élection de la CAQ, Investissement Québec aurait « donné suite à une lettre d’intention envoyée au promoteur en confirmant l’offre financière », selon Manuel Dionne. Ce dernier nous a indiqué que François Legault n’aurait pas été mis au courant du projet de son ami. »  

Dionne est pourtant porte-parole du cabinet du premier ministre.  Ils se parlent pas, ces deux-là, faut croire.

 

Une autre « tuile » pour Legault

 

La morosité du chef caquiste ne devait pas s’atténuer par la suite puisque le Journal revenait à la charge avec cette manchette du 26 février 2020 :

« Québec vient à nouveau en aide à une entreprise appartenant au milliardaire Charles Sirois, cofondateur de la CAQ et ami de François Legault. Investissement Québec mise 5 millions $ dans une autre de ses firmes en développement. 

L’État québécois a pris à la fin janvier une participation directe de 5 millions $ dans Transmission CVTCORP, une entreprise de Sainte-Julie, sur la Rive-Sud de Montréal, pour l’aider à maximiser sa capacité de production. »

Outré, Legault s’est défendu en plaidant, ô surprise, l’ignorance de cet octroi :

« Le montant a été donné en vertu d’un programme normé. Je n’étais pas au courant avant d’avoir lu Le Journal de Montréal de ce montant qui a été versé à Charles Sirois », a-t-il affirmé.

N’est-il pas étonnant, cet aveu d’un premier ministre à l’effet qu’il lui faille lire le Journal de Montréal pour savoir ce qui se passe dans son propre gouvernement, à plus forte raison quand un ami personnel est en cause ?

Un cas d’incommunicabilité masculine ?

Tout en reconnaissant que Legault dit vrai en mentionnant que le montant a été donné en vertu d’un programme normé, le journaliste souligne ce détail embarrassant :

« Un des membres les plus influents de son cabinet, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a eu à autoriser directement cet investissement. C’est ce que nous a confirmé ce lundi Mathieu St-Amand, directeur des communications au cabinet du ministre Fitzgibbon. »

En clair, Legault, tout à fait ignorant de la situation, n’en avait jamais entendu parler ni de la part de son ami, Charles Sirois, ni de celle du porte-parole de son gouvernement, Manuel Dionne, ni de celle de son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.  Un cas flagrant d’incommunicabilité masculine, faut-il présumer :

« Là encore, le premier ministre Legault n’était pas au courant de cette aide financière, selon son cabinet. Il n’a pas apprécié non plus que notre Bureau d’enquête souligne que Charles Sirois et lui sont des amis. »

Legault était-il au courant de cette nouvelle démarche ?

Parlant de Fitzgibbon, on peut se demander si Legault avait entendu parler de la perspective du financement d’un autre projet de Sirois :

« Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a également reconnu qu’il envisageait de réinvestir dans le projet North Star de Charles Sirois, un ambitieux projet de satellites qui a déjà reçu un financement de 13 millions $ de Québec en 2018 quand les libéraux étaient au pouvoir. »

C’est fou comme les choses ont changé depuis les libéraux.  Comme la nouvelle est parue dans le Journal de Montréal, il faut présumer que Legault a fini par en prendre connaissance.

Mais ce n’est pas tout…

Si vous croyez avoir tout lu sur les liens incestueux qui unissent Charles Sirois à la CAQ, vous n’avez encore rien vu.  Le Journal de Montréal devait récidiver le 24 avril 2021 sous la plume lapidaire de Jean-Louis Fortin :

« « Patate chaude : problème embarrassant que chacun essaie de faire résoudre par un autre : ce dossier, c’est une patate chaude », nous dit le Larousse.

J’ajoute une autre définition, très actuelle et toute québécoise : un contrat sans concurrence de 36 M$ à une firme liée à Charles Sirois, le cofondateur de la Coalition avenir Québec (CAQ) et ami du premier ministre, François Legault. »

On ne joue plus aux petites quilles.  Le journaliste souligne en plus cette incohérence :

« Le mandat octroyé à PetalMD pour une plateforme de prise de rendez-vous en ligne l’a été dans le contexte de la pandémie, d’après le communiqué de presse daté du 5 août dernier dans lequel le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant, est cité. 

Si c’est vrai, l’urgence pouvait donc justifier d’esquiver le processus habituel d’appel d’offres.

Or, le ministère de la Santé a répondu par courriel à mes collègues que l’urgence sanitaire n’avait rien à voir avec ce contrat. »

Legault, qu’il fallait pour une fois présumer au courant d’un dossier, avait aussitôt contredit son ministère de la Santé :

« François Legault a contredit le ministère dès le lendemain de notre publication, affirmant en conférence de presse qu’il y avait bel et bien un lien avec la pandémie. Qui croire ? »

Dédoublement de personnalité ?

Legault serait-il victime d’un dédoublement de personnalité ?  Il devait ensuite déclarer :

« Le premier ministre a aussi plaidé l’ignorance, jeudi, concernant l’octroi du contrat à PetalMD.

« Les choix qui sont faits concernant les approvisionnements, je ne me mêle pas de ça. Je ne suis pas au courant, même, de ça », a-t-il affirmé. » »

Les rats quittent le navire

En attendant, devant cette « patate chaude », les rats avaient quitté le navire :

« Tour à tour, les ministres de la Santé, Christian Dubé, et de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, ont voulu se dissocier de l’octroi de ce contrat. La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, leur avait pourtant donné beaucoup de crédit à ce sujet en commission parlementaire, mais le gouvernement assure aujourd’hui qu’il s’agissait d’un quiproquo. »

Si vous y comprenez quelque chose…

S’il finit par y avoir une commission d’enquête sur la gestion désastreuse de la pandémie par la CAQ, vous savez d’ores et déjà quelle sera la réponse de notre premier ministre aux questions les plus embarrassantes :

« Je n’étais pas au courant. »

Heureusement, il lui reste la ressource de s’informer sur ce qui se passe au sein de son gouvernement en lisant le Journal de Montréal…

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