Ceux et celles qui lisent mes chroniques savent que je suis partisan d’un
humour souvent ludiquement décapant et irrévérencieux. Je tente cependant toujours d’évaluer
le plus justement possible jusqu’où je peux légitimement aller trop loin, en
reculant les frontières d’une rectitude politique constipante, sans toutefois
réellement forcer la note, par le passage d’une ironie salutairement
dévastatrice à l’insulte.
Cette mise au point pour établir que je n’ai rien d’une vierge offensée
qui prend la mouche à la moindre blague tendancieuse ou peu subtile. Je suis capable d’en prendre et ne
ferais pas long feu dans le métier que j’exerce qui me met en contact quotidien
avec des patients psychiatrisés souvent très perturbés dont je dois assurer la sécurité en milieu
hospitalier.
Une image qui vaut mille maux…
![]() |
Étrange amour paternel... |
Vous dire mon étonnement, mêlé de répulsion, à l’envoi d’une lectrice,
elle-même plus qu’indisposée par une photo mise en ligne dans Facebook par
Sonia Cosentino, rédactrice en chef de Mamanpourlavie.com. Il y avait de quoi, dans une société
aussi misandre que le Québec et aussi inconsciente de l’être, éprouver un
sérieux haut le cœur devant la photo, déconcertante, montrant au plan supérieur (de
plus d’une façon, si je considère l’impact du « message ») une mère
aimante, portant à sa bouche avec tendresse la menotte de son bébé, avec la
mention « Quand maman est seule avec bébé », tandis qu’au plan
inférieur (là aussi, de plus d’une façon) apparaissaient deux mains masculines
« s’amusant » à comprimer le crâne et le visage d’un nouveau né, avec
la mention « Quand papa est seul avec bébé ».
Si des organisations féministes
aussi hostiles aux hommes que le Conseil du statut de la femme, la Fédération
des femmes du Québec, les regroupements de maisons d’hébergement ou encore le
Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à
caractère sexuel s’étaient abaissées à publier pareil document, je n’aurais pas
été surpris outre mesure. Mais
Mamanpourlavie.com, chantre de la rectitude politique ? Là, j’ai été soufflé.
Une dénomination du siècle
dernier
Bien sûr, je trouve la
dénomination « Mamanpourlavie » quétaine et relevant du siècle
dernier.
« Parentspourlavie » serait une appellation beaucoup plus
progressiste en inclusive envers les pères qui s’investissent de plus en plus
dans leur rôle parental, au point maintenant de revendiquer les droits légaux
correspondant aux responsabilités qu’ils assument. À une époque où nos féministes haranguaient les hommes quant
à une redéfinition de leur rôle de père, elles pouvaient toujours se plaindre,
à tort et à raison, de leur absentéisme relationnel.
Maintenant que ces derniers
veulent se voir reconnus autrement que comme des pourvoyeurs, et désirent
s’investir dans une relation signifiante envers leurs enfants, nos militantes
s'avèrent les premières à s’opposer à la reconnaissance légale de leur nouveau
statut. C’est un peu comme si
elles affirmaient : « Vous savez, quand on disait qu’on voulait que vous
soyez plus présents auprès des enfants, c’était une blague… » Étrangement, personne ne rit.
Mobilisation
![]() |
Les médias sociaux favorisent la prise de parole citoyenne. |
Sitôt en possession de la photo
litigieuse, je me suis empressé de la partager dans Facebook et de la
dénoncer. En
« cliquant » sur le lien de Mamanpourlavie.com menant à ladite photo,
quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, stupéfait, que 483 gogos
« aimaient » cette image !
Elle était présentée avec la mention : « Une photo qui résume
la différence entre un papa et une maman ! :-) » Et ben, dites donc…
Je devais aussitôt faire
parvenir au média concerné – et consternant – ce message laconique et définitif
: « Aucune félicitation à vous
faire pour la misandrie de cette photo. Des excuses publiques seraient la
moindre des choses. » Au bout
de quelques instants, le lien litigieux avait disparu. Ne figurait plus que la mention :
« Le contenu de cette page est actuellement indisponible. » Sans doute trop de gens se sont montrés
actuellement indisposés.
Je n’étais en effet – et heureusement - pas le seul à condamner la
diffusion d’une telle photo, puisque d’autres amis Facebook ont reçu, tout
comme moi, le message suivant de la rédactrice en chef de
Mamanpourlavie.com :
« La publication de cette photo a été malheureusement
interprétée de façon péjorative par certains comme vous, et je m'en excuse. Je
n'ai vu dans cette photo que de l'affection et de l'amour. Si j'y avais vu de
l'agressivité ou de la maltraitance, jamais je ne l'aurais publiée sur
Facebook. Je suis désolée que vous et d'autres personnes aient interprété la
publication de la photo comme une vision malsaine de la paternité, ce n'était
absolument pas mon intention ni la position de Mamanpourlavie.com. La photo a
été retirée hier soir, et je vous assure que ce genre de publications pouvant
porter à interprétation de préjudices ne seront plus jamais affichées sur la
page Facebook de Mamanpourlavie.com.
« Je vous présente mes excuses les plus
sincères.
Sonia Cosentino
Rédactrice en chef de mamanpourlavie.com »
Faute avouée…
![]() |
Hooters, dorénavant pour dames... |
Ce constat s’est imposé à mon esprit, après la lecture d’un article pour le moins interpellant de Mario Roy, dont je me demande comment il peut survivre à
ses propres écrits dans un journal aussi inféodé aux dictats féministes que La
Presse. Alors que les féministes
s’obstinent toujours à présenter les femmes comme les premières victimes de la
pauvreté, Roy cite un consultant en marketing, commentant la démocratisation
aux femmes des célèbres restaurants « machos » Hooters :
« Ces sont elles qui ont profité de la croissance dans l’emploi et on ne
peut plus les ignorer. »
Une nouvelle façon d’assassiner Mozart…
Un sondage Léger Marketing, commandé par Le Journal de Montréal, avait déjà
fait état, fin 2009, des liens étroits de la misandrie dans l’espace public,
notamment dans la pub, avec le pouvoir économique émergeant des femmes, dont la
médiatisation croissante contrecarre le misérabilisme militant.
Selon le sondage, le sort réservé au corps de la femme dans la publicité
indisposait 62 % de Québécois, dont 76 % de femmes, qui se montraient
réfractaires à ce type d’approche publicitaire. Le crétin de service
représentait en revanche l’avenir de la pub au Québec. Une majorité de 55 % des
répondants jugeait sa présence acceptable. Les femmes, plus particulièrement,
se délectaient, nous disait-on, de voir des hommes tournés en ridicule. Ainsi,
malgré l’autonomie accrue de la gent féminine, acquise au prix d’un demi-siècle
de luttes et de revendications, il semble qu’une quantité non négligeable de ses représentantes
éprouvait le besoin de voir l’homme diminué ou avili pour se sentir son
égale. Assez triste, merci. Et la situation n’a certainement pas
évolué depuis trois ans.
![]() |
La misandrie, conséquence d'un pouvoir économique ? |
Heureusement, je connais suffisamment de femmes en désaccord, quand elles
ne sont pas en rébellion, contre cette approche sexiste. Elles font partie de la solution dans
la lutte à la misandrie dont l’épisode de Mamanpourlavie.com ne représente
qu’une anecdote bien futile, en comparaison des luttes à venir pour la
reconnaissance de la condition masculine et la restitution aux hommes de leur
dignité sociétale.
L’impact de ces représentations négatives, systématiques et
obsessionnelles, demeure difficile à mesurer sur nos garçons, enfants comme
ados. Le martèlement de portraits d’idiots congénitaux et de tortionnaires
sadiques ne risque-t-il pas d’affecter leur estime personnelle, en plus de la
difficulté qu’ils éprouvent à se sentir motivés par un système scolaire conçu
pour les filles ?
Si nous continuons à tolérer les multiples facettes de la misandrie comme
nous le faisons, nous pourrions bien, hommes et femmes, nous révéler sous peu
aussi brillants que les crétins de service qui infestent notre quotidien. Quant aux garçons, qui représentent
aussi légitimement que les filles l’avenir du Québec, ce sont eux qui paieront la note de notre indifférence.
Par notre passivité, nous aurons trouvé une façon inédite de laisser Mozart se faire assassiner…