Je
doute fort que Mme Marois soit allergique aux hommes seuls en raison
d'un hypothétique pouvoir de séduction qui assujettirait la gent
masculine à son fulgurant magnétisme animal. Si toutefois elle se perçoit aussi
ensorcelante que menacée par l'afflux de pulsions incontrôlables de
célibataires en rut ou d'hommes seuls ne serait-ce qu'une
soirée, pouvons-nous suggérer à sa garde rapprochée, composée exclusivement, il faut le présumer,
de femmes ou d'hommes accompagnés de leur légitime, de la rassurer au
plus vite. Qu'on ait tenté de lui tirer dessus le soir même de son
élection, c'est incontestable, mais qu'un obsédé érotomane ose braver un
cordon de sécurité pour tirer son coup avec la première ministre relève
d'un imaginaire surmené.
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Les hommes seuls, une menace ? |
Pourquoi
pareille entrée en matière, demanderez-vous ? Parce que, à l'approche
de la journée de la femme, Pauline Marois, invitée par les gens
d'affaires de la Côte-de-Beaupré, prononcera ce sept mars une allocution
sur son vécu de femme au Resto-Pub Le St-Bernard. Ça promet
d'être captivant. Jusque là, rien de bien méchant, direz-vous.
Attendez, le meilleur s'en vient. C'est dans L'Autre Voix, citée par le chroniqueur Dominic Maurais, dans le Journal de Québec, que l'on peut lire la restriction suivante : Les hommes sont aussi invités à ce dîner, mais ils doivent être accompagnés d'une femme. Je n'invente rien. L'article ne précise pas si une fouille au corps des hommes accompagnés se déroulera avant l'activité.
Le spectre de Marc Lépine
Il serait malhonnête d'affirmer que c'est avec le sentiment d'une intense privation que les hommes seuls renonceront à se rendre à un événement aussi soporifique, si tant est qu'il s'en trouve parmi eux pour même y avoir songé. Le problème vient plutôt du fait que l'interdiction émise par la représentante étatique de tous les Québécois et de toutes les Québécoises relève du sexisme le plus primaire et de la misandrie la plus évidente. Elle trahit une perception à l'effet que, jusqu'à preuve du contraire, un homme seul est un suspect potentiel. On voit se profiler derrière ce portrait-robot le spectre tant redouté de Marc Lépine, dont le folklore féministe veut toujours, semble-t-il, qu'il sommeille en chaque homme.
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Georges Dupuy |
Le
geste est d'autant plus inadmissible qu'il est posé par une ancienne
ministre de la Condition féminine, à l'origine de la très méconnue mais
non moins inquisitoriale politique d'intervention en violence
conjugale. C'est grâce à cette douteuse initiative que, même quand
l'homme fait appel à la police lorsqu'il subit de la violence de la part
de sa conjointe, il se voit embarqué dans la grande majorité des cas.
Chaque année, c'est près de 10 000 hommes qui sont ainsi arrêtés
arbitrairement, puis relâchés. Cette réalité n'est pas loin de nous
rappeler le titre d'un pamphlet signé Georges Dupuy dénonçant les
dérives judiciaires et policières visant les hommes au Québec : Coupable d'être un homme. J'en recommande la lecture à Mme Marois.
Pauline La Gaffe
La - nouvelle - bévue de notre première ministre survient au moment même où un sondage CROP révèle que, six mois après son élection, le présent gouvernement a vu son mince capital de sympathie fondre comme neige au micro-ondes. Soixante pour cent des gens interrogés pensent que le Québec va dans la mauvaise direction, tandis que 58 % se disent insatisfaits du gouvernement. À peine 37 % se déclarent satisfaits de ce dernier.
La popularité de Mme Marois atteint un nouveau sommet inversé avec 21 %, sa performance la plus faible depuis son élection. Du côté des intentions de vote, le PQ se retrouve maintenant au coude à coude avec la parti libéral. Il s'agit également de son plus bas résultat depuis le 4 septembre, ce qui confirme le sentiment largement répandu voulant que ce gouvernement minoritaire ne fera pas de vieux os.
Gaffes en gros
On ne compte plus les bourdes du parti québécois, marqué par une amateurisme arrogant et par une absence de vision, particulièrement au plan du développement économique. Les dépenses augmentent, mais les moyens de les financer diminuent. Et le Québec était déjà le cinquième État le plus endetté au monde avant l'arrivée du PQ.
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Pierre Duchesne |
Tout
développement énergétique, qu'il s'agisse du plan Nord, des gaz de
schistes ou de notre potentiel pétrolier devient vite suspect, assujetti
au lobby environnementaliste, tandis que, du côté de l'Éducation, avant
même la tenue d'un sommet qui portera en grande partie sur le
financement des universités, le ministre Pierre Duchesne ampute les
budgets universitaires de l'année en cours de 124 M $... tout en
maintenant son abolition de la hausse des frais de scolarité et le
maintien de la bonification du régime des prêts et bourses qui devait la
compenser.
Comment expliquer que pareilles mesures soient décidées avant même la tenue d'un sommet sur le financement ? On tire les conclusions avant d'entamer la réflexion ? Et l'impact de ces coupures sur les diplômes, s'en soucie-t-on ? Ah j'oubliais : le sous-financement des universités, qui faisait consensus l'an passé, n'existe plus !
On pourrait parler également du cafouillage de la taxe santé, de la fermeture sauvage de Gentilly 2, de celle des mini-centrales hydroélectriques dont celle de La Tuque, un projet pourtant rassembleur au plan de la communauté, au faible coût de production, au profit de celui de Val-Jalbert, maintenu malgré la controverse et un plus faible seuil de rentabilité. L'obsession de l'énergie éolienne, nettement plus onéreuse, demeure par ailleurs une priorité de ce gouvernement aussi assujetti aux lobby environnementaliste qu'à genoux devant les associations étudiantes.
Que dire par ailleurs de l'idée fixe de créer 28 000 places en centres à la petite enfance, en dehors des 10 000 places déjà disponibles en garderies privées qui répondent déjà à des critères gouvernementaux. Quant à la nouvelle vocation de Gestapo linguistique de notre intrépide Office québécois de la langue française, aux yeux de qui même les voyants on/off d'une cafetière de restaurant relèvent du complot d'assimilation, elle ne fait que confirmer l'aura idéologique de gauche à gauche de la gauche qui s'attache obstinément au PQ.
Gaffes à gogo
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Un lobby onéreux politiquement... et autrement. |
Mme
Marois nous a habitués aux gaffes en série. C'est à se demander comment
elle a réussi à devenir notre première ministre. L'épisode de Pauline
et ses casseroles, largement diffusé sur le Web, fait désormais partie
de notre folklore politique et la suivra probablement longtemps après
son retrait de la vie publique. La première ministre ne semble toujours
pas avoir compris que son appui aux associations étudiantes lui aura
certainement coûté sa majorité, devant le gouvernement le plus
impopulaire des 30 dernières années.
Elle ne comprendra pas davantage si le
maintien de son à-plat-ventrisme devant le même lobby contribue en bonne
partie au renversement de son gouvernement. Mais d'autres motifs, depuis, se sont accumulés.
L'idée même d'une nouvelle campagne électorale avec Pauline Marois à la tête du PQ devrait avoir de quoi faire frémir les membres de ce parti. Le parti québécois, naturellement miné par les dissensions internes, osera-t-il la laisser sortir en plein jour au lendemain d'un renversement ? Lui fera-t-il à nouveau confiance ? L'actuelle première ministre reste à coup sûr la pire postulante à sa propre succession. Un vote de confiance deviendra plus urgent que jamais.
Les délégués péquistes devraient alors se rappeler ses déclarations mesquines, en pleine campagne électorale, sur l'embonpoint du candidat caquiste, Gaétan Barrette, alors qu'elle-même passe si souvent pour une victime des railleries de ses adversaires pour son maintien hautain et ses goûts vestimentaires relatifs. Se souviendront-ils, au moment de voter, de l'évocation, par leur chef, du projet de loi 195, qui excluait tout immigrant ne disposant pas d'une compétence appropriée du français du statut de citoyen québécois en plus d'écarter d'une élection tout candidat ne remplissant pas cette même condition. Imaginez une telle politique à Beaconsfield, Pointe-Claire ou Kirkland, des municipalités si ouvertes au fait français. Sitôt évoqué, le projet de loi retourna aux boules à mites.
Ce feu éteint, Mme Marois allait sortir de son sac à malice les référendums d'initiative populaire, qui devaient être tenus pour peu que 15 % de la population les demandent... avant de préciser que le gouvernement jugerait, malgré cette condition remplie, s'il y a lieu de procéder. Nouvelle indignation populaire, nouveau recul. Le lendemain de cet épisode, la chef du PQ allait en rajouter en priant les conservateurs souverainistes de voter pour le parti libéral du Québec !
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Djemila Benhabib |
L'annonce
de la candidature péquiste de Djemila Benhabib dans mon comté,
Trois-Rivières, a failli me faire renoncer à mon projet de ne pas voter
pour ce parti déphasé et à bout de souffle, au même stade que le Bloc
québécois. J'ai beau partager depuis toujours les convictions de cette
militante anti-islamiste et saluer son courage à
défendre ses convictions, quand, à deux jours des élections, Mme
Marois, poussée par quelque force obscure, s'est sentie obligée de déclarer qu'elle souhaitait créer un conseil des ministres majoritairement féminin, mon vote pour son parti se désagrégea instantanément. Trop, c'est trop !
Certaines personnes restent imperméables à l'expérience, incapables d'apprendre de leurs erreurs. Pauline Marois est de celles-là. Mais qu'à cela ne tienne, si elle perd le pouvoir au prochaines élections, elle trouvera sans doute des émules de Lise Payette et de Janette Bertrand pour lui rappeler que sa déconfiture ne peut être attribuée qu'à son sexe. Ce sera sans doute encore la faute des hommes seuls...