S’il existe une personnalité politique qui
a le don de susciter en moi l’ambivalence, c’est bien Lise
Thériault. D’abord pugnace et battante
ministre du Travail qui a osé tenir tête aux forts en gueule de la FTQ dans le
dossier du placement syndical, elle devient, quelques années plus tard, une
ministre de la Sécurité publique anonyme à la suite de l’évasion spectaculaire de trois
détenus du centre de détention de Québec et ne sort de son mutisme que pour
faire taire un animateur radio qui a eu le malheur de dire à ce propos qu’il
faudrait lui « greffer une paire de couilles ».
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Lise Thériault, une ministre salutairement délinquante ? |
Elle
affiche ensuite une totale incompétence dans la gestion de la crise autochtone
de Val d’or, allant même jusqu’à condamner implicitement, les larmes aux yeux,
les policiers visés par des allégations non démontrées de violence envers des femmes autochtones, à
la suite d’un – autre – reportage biaisé de l’émission Enquête, de Radio-Canada.
Craquant
sous des pressions qu’elle ne semble plus en mesure de surmonter, elle se
retire de la vie politique pendant trois mois.
Quand j’ai appris qu’elle revenait à la tête du secrétariat à la
Condition féminine, je me suis dit qu’elle atterrissait sur une voie de garage
avec la « responsabilité » de cette instance aussi onéreuse qu’inutile qui
n’arrive à survivre que par la propagande mensongère et victimaire qu’elle
diffuse à tous les vents.
Elle n’est pas féministe !
Quelle
ne fut pas ma surprise de découvrir en Lise Thériault la première ministre à la
Condition féminine qui réfute l’étiquette de féministe. Un vent de fraicheur et de renouveau vient de
souffler sur le secrétariat à la Condition féminine et pourrait bien finir par
enrhumer les militantes fonctionnarisées qui y sclérosent depuis tant
d’années. Et que dire des groupes
féministes subventionnés qui espèrent sans cesse pouvoir soutirer toujours davantage
d’argent du contribuable en organisant chaque année leurs inévitables campagnes
de peur et de désinformation à grands renforts de statistiques dopées dont les
sources originelles s’avèrent si souvent introuvables ? Ces chiffres restent
cependant abondamment cités dans la propagande gouvernementale.
Loin
d’encourager le gaspillage de fonds publics, Mme Thériault s’est dite « très à
l’aise » avec les réductions de budgets imposées au Conseil du statut de la
femme, qui a fermé ses facultatifs bureaux régionaux, et au secrétariat à la Condition féminine, dont le budget est passé de 7,2 M $ à 5, 3 M $, un montant
encore trop élevé pour l’utilité de cet organisme. Imaginez les cris d’orfraie que cette seule
déclaration a dû susciter. Mais ce n’est
pas tout…
Se
démarquant de ses prédécesseures pour qui l’État doit sans cesse soutenir, encourager
et secourir les femmes et les filles dans leurs moindres gestes et
décisions, la nouvelle ministre préfère interpeler celles-ci pour qu’elles s’affirment
et prennent leur place dans la société sur leurs propres bases. En voilà du changement !
Une dépêche de la Presse canadienne la présente ainsi :
« Son approche envers la cause des
femmes se veut beaucoup plus pragmatique que théorique, plus terre à terre que
militante, plus individuelle que collective. Son
style s’apparente à celui d’un motivateur. Le conseil de la vice-première
ministre aux femmes est le suivant : « Tu veux prendre ta place ? Faire ton chemin ? Let’s
go, vas-y ! ».
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Lise Payette survira-t-elle à cette nouvelle ministre ? |
Du dynamisme et de la prise en charge à la
Condition féminine ?
Incroyable ! Les groupes et
personnalités féministes au discours infantilisant, pour ne pas dire
déresponsabilisant, n’ont pas fini de manger leurs bas devant une approche qui
encourage à ce point les femmes à se prendre en main et à faire preuve
d’autonomie sans que l’État ne les materne constamment. Au fond, n’est-ce pas cette quête d’autonomie
qui inspirait nombre de féministes dans les années 60 et 70 ? La mémoire militante a un je ne sais quoi
d’Alzheimer…
Mme Thériault semble avoir compris que la
situation des femmes a évolué pour le mieux au cours des 50 dernières années et
que le féminisme activiste qui prend position comme si rien n’avait changé est
devenu déphasé et obsolète :
« Par rapport au mouvement féministe et à son influence, Mme Thériault demeure évasive, paraissant l’associer davantage au passé qu’à l’avenir. « La réalité des années 70 et la réalité d’aujourd’hui, ce n’est plus pareil. Les gens ont évolué. Des choses ont été faites », dit Mme Thériault, ajoutant cependant « qu’il en reste encore à faire », sans donner de précisions, pour faire avancer la cause des femmes. »
« Par rapport au mouvement féministe et à son influence, Mme Thériault demeure évasive, paraissant l’associer davantage au passé qu’à l’avenir. « La réalité des années 70 et la réalité d’aujourd’hui, ce n’est plus pareil. Les gens ont évolué. Des choses ont été faites », dit Mme Thériault, ajoutant cependant « qu’il en reste encore à faire », sans donner de précisions, pour faire avancer la cause des femmes. »
Comme si ses positions n’étaient pas suffisamment propices à bousculer les
primas donnas féministes, Lise Thériault déboulonne et jette à terre le dogme
féministe des quotas, si cher à Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil du
statut de la femme, tout en souhaitant cependant encourager les femmes à
augmenter leur participation politique :
« L'idée d'imposer des quotas de
candidatures féminines lui déplaît. Cela fausserait le jeu de la démocratie,
selon elle.
«Il faut faire attention de ne pas
tomber dans le piège de présenter des femmes pour présenter des femmes»,
prévient la ministre. »
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La présidente du CSF risque de trouver le temps long... |
Il
faut se pincer pour se persuader qu’on ne rêve pas devant un discours aussi sensé
et réaliste.
Et la liberté d’expression ?
Reste
à savoir quelle attitude la ministre affichera cependant dans l’épineux dossier
de la liberté d’expression, à l’ombre du projet de loi 59, une menace évidente
pour quiconque remet en cause les dogmes féministes et multiculturalistes. Il n’est pas étonnant de voir
l’antidémocratique féministe Françoise David, adoratrice d’Adil Charkaoui,
soutenir une initiative aussi condamnable.
À ce propos, Mme Thériault fait montre d’une prudente ambiguïté :
« La liberté d'expression ne doit pas
servir de prétexte à tolérer les discours haineux envers les femmes, prévient celle
qui ne cache pas que son «seuil de tolérance» sera très bas. «Je regrette,
c'est pas vrai qu'on va nous faire jouer dans ce film-là, encore une fois»,
dit-elle. «On est capable de dire aux gens: vous n'êtes pas le bienvenu au
Québec», tranche la ministre, sur un ton sans réplique. »
À
qui s’adresse cette mise en garde ? À des imams étrangers misogynes et arriérés, ou aux esprits critiques qui osent dénoncer les incuries du féminisme
militant ? Se servira-t-on des
premiers comme prétextes pour museler les seconds ? Les paris sont ouverts.
Parlant
de liberté d’expression, celle qui vient de heurter de front les
susceptibilités fanatiques des féministes d’État en aussi peu de temps devra
défendre son droit de parole bec et ongle dans les mois à venir. La soudaine rupture de ton de Mme Thériault d’avec
ses prédecesseures suscitera immanquablement les oppositions d’adversaires,
pour ne pas dire d’ennemis, gestapounes et utérhommes réunis, qui ne manqueront
pas de vouloir sa tête. Mme Thériault a
déjà tenu bon devant les bonzes de la FTQ.
Un défi encore plus grand l’attend peut-être…