Je
n'ai à ma disposition aucune étude, aucun article, aucun témoignage à
cet effet, mais je crois que, dans la société démocratique dans
laquelle nous croyons vivre, la question se pose. Évidemment, le simple
fait d'aborder le sujet hautement émotionnel du libre-choix au Québec
ou, comme la ministre fédérale de la Condition féminine, Rona Ambrose, a
dû s'en rendre compte, au Canada, ne manque pas de remuer les passions
et les estomacs.
Encore là, je n'ai aucune documentation à l'appui de mon hypothèse, mais j'imagine mal des chercheurs subventionnés par nos impôts mandatés afin de la valider, dans une société où seul le sexe féminin mérite ce genre de considération. C'est un événement personnel qui m'a amené à me poser cette question : les foetus masculins peuvent-ils se voir menacés d'IVG en fonction de leur sexe ? Si oui, dans quelle proportion ? Sans évoquer l'hypothèse d'une épidémie androcide, une seule IVG pour le motif que l'enfant à naître n'est pas du sexe désiré, qu'il soit garçon ou fille, n'en demeure-t-elle pas une intervention injustifiable ?
Flashback interpellant
Or, même dans ma famille, dans ma belle-famille, sans compter chez ma propre conjointe et ma belle-fille, les voeux étaient unanimes : on espérait une fille ! Quel comité d'accueil attend mon gars ? ne cessais-je de me répéter. Je me rappellerai toujours la réaction catastrophée de la future mère et de sa fille quand l'échographie confirma leurs pires appréhensions ainsi que ma profonde conviction : c'était un garçon ! Heureusement, la naissance d'un aussi bel enfant, portrait de son père, allait changer la donne. En moins de temps qu'il n'en faut pour dire Oh qu'il est beau!, Jérémie, majestueux et rayonnant, mit tout le monde dans son sac. Dès la naissance, il semble qu'il n'y ait pas de limite à la magnanimité masculine... Bon, j'exagère peut-être un peu.
Vouloir un gars en 2013, c'est out ?
Rona Ambrose |
La
position d'Ambrose en a étonné plus d'un, pour ne pas dire plus d'une,
alors qu'elle avait appuyé en septembre dernier la motion du député
conservateur Stephen Woodworth qui visait à délimiter le moment où
commence la vie humaine dans le sein d'une femme enceinte, alors que 203
députés avaient voté contre et seulement 91, pour. Même Stephen Harper
avait rejeté la motion qui aurait pu mener à une réouverture du débat
sur l'avortement, un sujet devenu sporadiquement explosif sur la colline
parlementaire, depuis sa décriminalisation en 1988.
Pourra-t-on toujours éviter ce débat ?
Pourra-t-on toujours éviter ce débat ?
Il
importe, pour avoir une vue claire d'un sujet aussi controversé,
d'établir que le Canada fait partie de la minorité des trois pays, les
autres étant la Chine et la Corée du Nord, à n'avoir qu'un vide
juridique pour toute législation sur l'avortement. Ceci implique que
chez nous, une femme peut décider, même une semaine avant son
accouchement, de mettre un terme à sa grossesse, intervention financée par le
contribuable. Dans ce cas précis, parlons-nous encore d'un foetus, ou d'un enfant
à naître ? Bien sûr, la popularité des conservateurs au Québec reste
comparable à celle de Lise Payette auprès des hoministes, mais au delà
du messager, le message du député d'arrière-banc Woodworth ne mérite-t-il pas d'être considéré pour ce qu'il est : un questionnement crucial et incontournable ?
Une
autre question essentielle a été soulevée, devant le rejet de la motion
: l'avortement sélectif ne trouve-t-il pas dans l'absence d'encadrement
de l'IVG un terreau fertile à sa propagation ? En Inde et en Chine, le
recours systématique à cette pratique, pour des raisons dites
économiques, les filles étant perçues comme des fardeaux familiaux à
entretenir, a été dénoncée par nombre de féministes, avec raison.
Pourquoi ce qui est condamnable dans ces pays qualifiés de barbares et
de rétrogrades deviendrait-il soudainement admissible dans notre pays si
évolué ?
Des représentantes du CSF vers 1978. Une photo digne d'un musée... |
Comme
piste de réponse, il importe de rappeler la tendance fortement
patriarcale de ces États, alors qu'au Canada, les droits des femmes sont
reconnus au point qu'au Québec, nous vivons au sein d'une société
résolument matriarcale, renforcée par une féminisme d'État omniprésent
au poids gouvernemental considérable, avec son désuet ministère de la
Condition féminine chapeautant un larmoyant Conseil du statut de la
femme et un plus que facultatif Secrétariat à la Condition féminine.
Des structures aussi dépassées qu'onéreuses. N'est-il pas déconcertant d'envisager que l'avortement selon le sexe risque de se voir toléré au nom du droit absolu de la femme de disposer de son corps, défendu par les féministes ?
Les foetus masculins, moins tendance ?
Quand
on oppose au refus de reconsidérer le statut du foetus le risque de
l'avortement sélectif au Canada, il est toujours exclusivement question des filles, sans doute en lien avec certains extrémistes parmi nos
communautés culturelles. La communauté indo-canadienne a été à cet effet récemment pointée du doigt, sans toutefois s'attirer d'accusations formelles. Et si, au sein de notre société féministe et
matriarcale, c'était plutôt les gars qui risquaient de devenir les
premières victimes de cette pratique sexiste et barbare ? Avons-nous
besoin de l'immigration pour compter parmi nous des extrémistes ?
Encore là, je n'ai aucune documentation à l'appui de mon hypothèse, mais j'imagine mal des chercheurs subventionnés par nos impôts mandatés afin de la valider, dans une société où seul le sexe féminin mérite ce genre de considération. C'est un événement personnel qui m'a amené à me poser cette question : les foetus masculins peuvent-ils se voir menacés d'IVG en fonction de leur sexe ? Si oui, dans quelle proportion ? Sans évoquer l'hypothèse d'une épidémie androcide, une seule IVG pour le motif que l'enfant à naître n'est pas du sexe désiré, qu'il soit garçon ou fille, n'en demeure-t-elle pas une intervention injustifiable ?
Flashback interpellant
Mon fils, Jérémie, peu après sa naissance. |
Allez
savoir pourquoi, avant même qu'il soit question de la grossesse de ma
conjointe d'alors, je savais que j'allais être père. Pire encore, je
savais que je serais père d'un garçon, ce qui arriva. Faut croire que
l'intuition n'est pas une prérogative exclusivement féminine... Aussi,
quand, à la suite d'un retard dans ses règles, ma conjointe, ayant passé
un test de grossesse, découvrit qu'elle était enceinte, je fus ravi...
mais nullement surpris.
Ce
qui allait m'étonner, et pas en bien, c'est la réaction des gens à
l'inévitable question : Espérez-vous un gars ou une fille ? Moi, je
restais intimement convaincu qu'un garçon allait naître. Vous dire ma
désolation devant l'accueil qui semblait se dessiner pour ma
progéniture. Je ne me rappelle pas un seul interlocuteur, pas un seul,
qui m'ait dit : Moi, j'aimerais un gars. Non, il était de bon
ton de préférer une fille ! Je me rappellerai toujours un grand
dadais, flanqué de sa femme, me lancer un vibrant Moi, je préférerais une fille, avant d'adresser un regard niais à sa conjointe, l'air de dire Hein, Chérie, que j'ai donné la bonne réponse ? Crétin... Nul doute qu'un garçon ne mériterait pas un père pareil.
Or, même dans ma famille, dans ma belle-famille, sans compter chez ma propre conjointe et ma belle-fille, les voeux étaient unanimes : on espérait une fille ! Quel comité d'accueil attend mon gars ? ne cessais-je de me répéter. Je me rappellerai toujours la réaction catastrophée de la future mère et de sa fille quand l'échographie confirma leurs pires appréhensions ainsi que ma profonde conviction : c'était un garçon ! Heureusement, la naissance d'un aussi bel enfant, portrait de son père, allait changer la donne. En moins de temps qu'il n'en faut pour dire Oh qu'il est beau!, Jérémie, majestueux et rayonnant, mit tout le monde dans son sac. Dès la naissance, il semble qu'il n'y ait pas de limite à la magnanimité masculine... Bon, j'exagère peut-être un peu.
Vouloir un gars en 2013, c'est out ?
Alors,
vous me voyez venir avec mes gros sabots ? Pour mignonne que puisse
sembler cette anecdote, du moins, dans sa conclusion, elle n'en pose pas
moins un questionnement d'importance. Devant l'impopularité des enfants
à naître de sexe masculin, est-il si improbable que des parents ou des
mères sans grand jugement en arrivent à préférer l'IVG à la naissance
d'un enfant envisagé, pour une foule de mauvaises raisons, comme un
encombrement, ou comme un individu de seconde classe, moins intéressant
qu'une fille ? Aujourd'hui, je regarde avec émerveillement mon garçon,
et je ne peux m'empêcher de me demander s'il y en a pas eu, qui n'auront
pas connu, comme lui, la chance de naître, faute de n'avoir pas été du bon sexe. Si j'ai raison, je me demande s'il n'y en aura pas encore plus dans ce cas. À quand, des réponses à ces questionnements ?
8 commentaires:
Très bon article! Comme toujours.
Avant, les gens attendaient «un enfant»... une surprise... en autant qu'il soit en santé.
Aujourd'hui, nous n'aimons pas, nous consommons. Les cadeaux ne sont plus des surprises, mais doivent répondre aux critères très précis de ceux qui les attendent...
L'amour est devenu très conditionnel.
Un des raisons de notre rupture. Mon ex-conjointe revint de chez le gynéco ou elle avait eu une échographie. Elle me lança: "encore un garçon, bravo!"
C'était mon troisième (second avec elle).
Madame voulait une fille pour jouer à la poupée et l'habiller comme dans les magazines Timberland et Martha.
Mais c'est vrai qu'au Québec, un garçon, c'est emmerdant. Rien n'est fait pour lui. Ni les écoles ou on doit le droguer, ni les magasins ou rien ne l'habille, ni le monde du travail ou il prend trop de place.
Une fille, c'est mieux ;-)
Pour une femme comme mon ex, que lui importe le sexe de l'enfant? Les tables de fixation des pensions alimentaires (taxe sur le sperme) sont unisexe.
@ Hélène Du train où vont les choses, on ne s'en tiendra pas qu'au sexe; il faudra que l'enfant à naître ressemble à telle vedette, ait telle grandeur, tel gabarit... Ça promet pour l'avenir et, comme vous dites, pour l'émerveillement de la surprise...
@ bagguerah Vous avez bien raison sur la place réservée aux garçons dans notre société. Je ne suis pas sans appréhension pour mon fils, mais c'est une "bol" en informatique, domaine où les femmes restent sous-représentées, "Chapeau les filles" ou pas. Il y a un hic, cependant, il veut faire des études en psychologie. J'espère que ce sera en psychoéducation. Avec les délinquants que nous prépare notre société misandre, les exclus masculins ne manqueront pas.
"Pour une femme comme mon ex, que lui importe le sexe de l'enfant? Les tables de fixation des pensions alimentaires (taxe sur le sperme) sont unisexe."
Ouais, toute une façon d'envisager l'égalité homme femme chez votre ex. Mes sympathies... ;-)
A une époque ou les féministes proposent sur Youtube une facon de détruire la "race masculine" (sic)via l'avortement sélectif (tuez les hommes, gardez les femmes), l question n'est pas mal posée. Bien au contraire.
Nous traversons une drôle de période. En Inde, c'est exactement l'inverse. Tuons les filles car elles coutent cher. Içi, c'est tuons les hommes car ils créent trop de problèmes.
Qui l'emportera dand cette guerre de l'avortement sélectif? Nos frues, minoritaires, qui rêvent et prient pour un monde sans hommes ou les indiennes, (un milliard de population déjà!) qui svorterons des centaines de milliers de petites filles pcq *ca coûte trop chere*???
Par-delà l'argument moral de l'avortement sélectif (O my God!!! You're gonna kill it because it's a ... boy!!!) git l'argument purement numérique. Biais pour biais, les femmes vont perdre au compte. La Chine nous le prouve déjà et l'Inde la suit de près.
Quand les populations les plus nombreuses de la Terre ont un choix à faire, elles choississent l'homme. Le mâle.
Le porc.
Et avorte les filles par centaines de milliers. Chaque année. Année après année.
Je n'envie pas nos féministes. Pour empêcher ce carnage, elles doivent dénoncer l`avortement sélectif et, de ce fait, dénoncer l'avortement; cessez de prêcher que l'avortement, no matter what, est une bonne chose pour les femmes et FINALEMENT admettre que l'avortement, dans certains cas, nuit plus qu'il n'aide.
Ouch!!
Malthus
Eh oui, Malthus, c'est là l'une des - nombreuses - incohérences - d'autres diraient des nombreux paradoxes - du féminisme : prôner l'avortement au nom du droit des femmes de disposer de leur corps; et devoir condamner l'avortement sélectif (seulement s'il vise les foetus féminins) au nom du droit des femmes à la vie. Ah, la misère des militantes...
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