En 2010, la BBC rendait publique une étude révélant que, dès leur plus jeune âge, les filles étaient persuadées de leur supériorité intellectuelle sur les garçons. Il s'agissait sans doute d'une nouvelle victoire d'une idéologie que nous ne connaissons que trop bien. Loin d'adhérer à cette perception, les auteurs de cette recherche britannique affirmaient que les représentations hostiles à la gent masculine véhiculées par la société dont, sans doute, celles colportées par les médias et la publicité, contribuaient à fausser de façon misandre la perception que les sexes avaient de leurs possibilités intellectuelles respectives.
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La misandrie commence de plus en plus tôt... |
Ainsi, dès l'âge de quatre ans, les filles se croient « plus intelligentes, plus sages et plus capables d'efforts » que leurs confrères. Ce qu'il y a de plus grave, c'est que, bien qu'ils résistent plus longtemps à ce conditionnement social qui les déprécie, une majorité de garçons finit par penser la même chose vers l'âge de huit ans. Les chercheurs n'hésitent pas à dénoncer ces perceptions comme « auto-réalisatrices », c'est-à-dire qu'elles influencent les performances de chaque sexe.
Afin de prouver leurs dires, les auteurs de ce rapport plus que pertinent ont créé deux groupes mixtes en vue d'un test. Au premier, ils ont dit que les garçons ne réussissaient pas aussi bien que les filles, et ont gardé le silence pour le deuxième. Devinez quoi ? Les garçons à qui on n'avait rien dit ont aussi bien réussi que les filles. Les autres, dépréciés, ont obtenu des résultats nettement inférieurs à leurs consœurs. La perception de leurs propres possibilités a donc eu une influence directe sur les résultats des garçons.
Une génocide académique ?
C'est dans cette optique qu'il faut envisager une tendance fâcheuse, loin d'être exclusive à la Grande-Bretagne, qui vise, non seulement à miser davantage sur la réussite académique des filles, mais à faire comme si ces dernières ne devaient qu'à leurs compétences seules de se démarquer des garçons. Bien sûr, les filles sont plus dociles et plus appliquées que les leurs confrères, un phénomène que j'ai moi-même observé quand j'enseignais le français langue seconde dans une école élémentaire publique en Louisiane. Il demeure toutefois évident que ces heureuses dispositions de caractère, qui n'ont rien à voir avec l'intellect, ne suffisent pas à expliquer l'écart sidéral entre les performances masculines et féminines.
Au parti-pris envers les filles de nos systèmes d'Éducation occidentaux, il faut ajouter, non seulement la perception négative des hommes - présentés par nos télé-séries, télé-romans et publicités comme des maniaques sexuels, des dépendants affectifs ou des imbéciles congénitaux - mais également la prolifération de prétendues études, dont les prétentions scientifiques risibles ne font qu'enfoncer le clou d'une misandrie généralisée dont nos garçons deviennent les premières victimes. Combien d'entre eux devrons-nous encore sacrifier à notre indifférence et à cette « conviction » ridicule prônant désormais la supériorité intellectuelle féminine ?
Des déclarations irresponsables et stupides
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James Flynn, « chercheur »... |
Oui, vous avez bien lu. La dernière lubie en date sur la supériorité fictive des femmes nous vient d'un individu ayant pour nom James Flynn, un psychologue néo-zélandais, prétendu spécialiste du QI, dont personne n'avait entendu parler jusqu'à ce jour, mais dont on devrait boire les doctes paroles comme du petit lait. Cet original vient de répandre une bonne nouvelle pour le camp féministe : pour la première fois en cent ans, les femmes auraient obtenu de meilleurs scores aux tests de quotient intellectuel que les hommes.
Nos idéologues chéries auraient tort de se réjouir trop vite puisque, selon le même « chercheur », c'est seulement la toute première fois que les femmes coifferaient au poteau leurs confrères masculins. En effet, pendant les 100 dernières années, les hommes les devançaient de cinq points, ce qui n'a rien d'une victoire militante...
Mais il y a pire, et plus absurde, quant aux motifs présumés de la supériorité intellectuelle féminine. Les femmes seraient-elles devenues du jour au lendemain plus performantes dans les sciences, en mathématiques, en informatique, en architecture ? Auraient-elles pour une fois cumulé davantage de découvertes ou d'inventions ? Seraient-elles enfin parvenues à supplanter définitivement les hommes dans les arts et la littérature, domaines où il faut reconnaître qu'elles s'affirment de plus en plus ? Eh bien non.
Si les femmes impressionnent tant M Flynn, c'est qu'elles sont devenue « multitâches », clame-t-il. On recherche la valorisation où l'on peut... Le fait de devoir concilier travail et famille - ce qu'aucun, ou peu d'hommes, ne font, faut-il conclure - serait à l'origine de la croissance de l'intellect féminin. Nos féministes n'ont pas fini de déchanter, elles qui voient dans la présumée « double journée de travail », selon elles exclusive aux femmes (elles ne connaissent pas la mienne...), une source première de leur aliénation...
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Les femmes, idoles de James Flynn ? |
Flynn ne s'arrête pas en aussi bon train sur les rails de la bêtise, allant jusqu'à affirmer que ses conclusions pourraient résulter du fait que les femmes ont toujours eu un QI potentiellement plus important mais ne l'exploitaient pas entièrement : « L’amélioration est plus forte chez elles, parce qu’elles ont été beaucoup plus désavantagées dans le passé. » Il suffisait d'y penser. Je me demande si M Flynn exploite pleinement son quotient intellectuel...
Une supériorité... numérique
En comparaison de telles idioties, les études de genre semblent relever du plus haut raffinement intellectuel. Rendu là... À ce propos, rappelons que l'une des prétentions de cette autre lubie veut que, malgré la différence des sexes, les genres respectifs de chacun ne soient conditionnés exclusivement que par l'environnement sociétal. Il faudra alors nous expliquer comment il se fait que, malgré les efforts acharnés des États occidentaux, dont le Canada, depuis plus de 40 ans, pour intéresser les femmes aux disciplines non traditionnelles, celles-ci continuent à se cantonner obstinément à des professions typiquement féminines.
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Les femmes, toujours conservatrices. |
Ainsi, selon Statistique Canada, les professions les plus courantes chez les femmes en 2011 restaient : adjointe administrative, infirmière, caissière et enseignante. De leur côté, les hommes se révélaient aussi conservateurs avec les métiers de camionneur, de directeur de commerce, de charpentier-menuisier et de concierge, sans que personne ne songe à les tirer de l'enfer de postes aussi convenus.
Les jeunes femmes canadiennes de 25 à 34 ans représentent pourtant désormais 59,1 % des titulaires d'un grade universitaire, tendis que leurs consœurs de 55 à 64 ans regroupent 47,3 % de ces diplômés. C'est sans doute parce qu'elles sont devenues plus intelligentes si 64,8 % des femmes de 25 à 64 ans ont complété des études de niveau postsecondaire, en comparaison de 63,4 % d'hommes. C'est là aussi la première fois que les femmes démontrent, toutes catégories d'âge confondue, leur supériorité... numérique.
Être garçon en 2013
Je me demande s'il y aura un jour un prof de français de secondaire cinq assez déjanté pour donner à lire Voici venu le temps des femmes (en version originale, The end of men, pas mal plus cru), d'Hanna Rosin. Imaginez l'impact sur des filles de plus en plus convaincues de leur supériorité intellectuelle sur les garçons qui eux, vers leurs seize ans, auront « compris » depuis l'âge de huit ans qu'ils ne sont destinés qu'au rôle de faire-valoir de la suprématie féminine.
Rosin, journaliste américaine, n'y va pas de main morte, mais s'appuie sur des faits tangibles, bien qu'il ne soit pas évident qu'elle établisse un lien direct entre intervention étatique et réussite au féminin, ce qui introduirait un débat on ne peut plus subversif... et signifiant. À prime abord, elle semble s'attarder davantage aux effets qu'aux causes : « Au milieu des années 90, on a vu une égalité en termes de réussite universitaire et puis tout à coup, les femmes ont surpassé les hommes. La démarcation se fait en primaire, puis en secondaire. »
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Souhaite-t-on la fin des garçons ? |
Mme Rosin, arrive tout de même à identifier le « quand » du problème, si elle ne parvient pas - ou ne tient pas - à en cerner le « pourquoi ». En attendant, combien de garçons, les hommes de demain, seront-ils laissés pour compte par un système qui ne mise inexorablement que sur la réussite des filles ? Quelle satisfaction celles d'entre elles, qui auront la conscience sociale de réaliser le favoritisme dont elles bénéficient, retireront-elles d'une réussite partiellement usurpée ? Comment, tout en prenant conscience de leur aliénation, les garçons arriveront-ils à affirmer leur plein potentiel dans un monde où les dés sont pipés dès leur plus jeune âge ?
Voilà autant de questions essentielles auxquelles il faudra avant longtemps trouver des réponses... intelligentes, pour une fois.