Eh oui, en Inde, pays qui regroupe la plus importante communauté sikh, 70 % des hommes ont renoncé à porter cet accessoire si charmant et folklorique. Ont-ils fait ce choix par éloignement de la faction intégriste des représentants de leur religion, ou parce que la barbe, les cheveux interminables et le turban incommodent, dans ce climat de chaleur, ou encore tout simplement par sens esthétique, toujours est-il qu'une majorité de Sikhs ont décidé de vivre au 21e siècle, en syntonie - du moins vestimentaire - avec l'Occident.
Turbancratie : un manque d'esprit sportif.... |
Devant pareil constat, il est légitime de se demander alors pourquoi une minorité d'entre eux, une fois en sol québécois, semble traverser une telle crise identitaire à l'idée de voir ses enfants passer une heure ou deux sans ce bout de tissus si peu digne d'intérêt. Comment se fait-il que ces agresseurs victimes en arrivent à accuser la Fédération de soccer du Québec (FSQ) d'empêcher leurs enfants de jouer à un sport qui devrait favoriser leur intégration sociale dans leur communauté d'accueil, quand ce sont manifestement eux qui refusent bêtement cet écart minime à des us et coutumes ancestraux qui n'intéressent qu'eux et quelques anthropologues.
Car enfin la FQS n'empêche aucun enfant de participer à leurs compétitions de soccer, elle ne fait que demander que tous et chacun respectent un même règlement. Pas de passe-droit dans une société égalitaire, c'est trop dur à comprendre ? Les diverses communautés culturelles du Québec, qu'elles soient italienne, grecque, chinoise, japonaise et tutti quanti, respectent la règle, pourquoi les Sikhs ne s'y conformeraient-ils pas ? Seraient-ils des demi-dieux ?
La tête près du turban...
Les Sikhs intégristes n'en sont pas à leurs premières frasques revendicatrices. Il y a quelques années, les parents d'un élève sikh avaient défrayé la manchette en ouvrant grand la porte aux accommodements religieux. Ils avaient en effet obtenu de la Cour suprême du Canada, à force de lamentations et d'entêtement, qu'elle invalide une décision de la Cour d'appel du Québec, interdisant le port du kirpan dans les écoles. Rappelons que cet objet, un couteau, est toujours interdit dans les aéroports. Un peu plus tard, la même sympathique famille et ses supporters s'étaient manifestés lors de la commission Bouchard-Taylor en exprimant ostensiblement leur désir de voir le crucifix disparaître de l'Assemblée nationale. Il y a des gens, comme ça, qui savent se rendre populaires...
À l'été 2010, un autre jovial citoyen sikh, agent de sécurité, s'était distingué en Ontario par sa victoire aussi injustifiée que
loufoque contre Home Depot. Le motif ? Le « monstre » qui servait de gérant de succursale de cette compagnie à Milton, à
l’ouest de Toronto, avait voulu imposer à cet infortuné gamin de 52 ans,
travaillant pour une agence privée, le port d’un casque de sécurité, en
décembre 2005, à l’occasion de travaux de construction qui devaient
précéder l’ouverture du magasin. Il faut
comprendre que, pour obéir à pareille directive, le plaignant, Deepinder
Loomba, aurait dû commettre l’impensable, soit retirer son turban,
exposant ainsi ses cheveux au public, ce qui, selon lui, allait à l’encontre
de sa religion. Peut-être avait-il des problèmes de pellicules ?
Au-delà d'un « bout de tissus »...
Ne voir dans le turban sikh qu'un « bout de tissus », à la lumière des récents événements opposant une poignée d'intégristes à la FQS, relève de l'aveuglement volontaire. À force de récriminations et de discours manipulateur et culpabilisant, ces douteux citoyens d'adoption ont obtenu la suspension de la FQS par l'Association canadienne de soccer (AQS), rien de moins. Ça, en clair, ça s'appelle un geste politique, et pas des plus constructifs.
C'est par ce genre d'initiative en apparence insignifiante, pour ne pas dire stupide, que des intégristes parmi les communautés culturelles arrivent à modifier le tissus - sans jeu de mots facile - social de leur patrie d'adoption. Les Sikhs extrémistes ne sont pas les plus revendicatifs, si on les compare avec les musulmans islamistes. Mais mine de rien, les Québécois mangent, sans toujours pouvoir les identifier, des aliments halal - ou casher - malgré les doutes soulevés récemment quant à l'hygiène de ce procédé barbare et inutilement cruel envers les animaux. Alors que la communauté juive ne lui demandait rien, le parti libéral s'est couvert de ridicule en refusant que la date des élections coïncide avec les fêtes religieuses, malgré l'alternative évidente du vote par anticipation.
Ces faits récents, encouragés sinon initiés par la décision désastreuse d'autoriser le kirpan en classe, démontre à quel point l'accumulation d'accommodements sans légitimité parvient à donner à ceux qui en multiplient les demandes un sentiment de pouvoir par les modifications profondes qu'elles entraînent sur ce qu'on appelle pompeusement notre « vivre ensemble ». Les tribunaux islamistes n'ont-ils pas failli se voir autorisés en Ontario ? On influence le législatif (kirpan), l'alimentaire (halal, casher), l'éducation (lieux de prière, invitations de conférenciers homophobes et misogynes dans nos universités) et le politique par le pouvoir de son vote. Penser que tous ces changements initiés par des gens dont les valeurs, souvent rétrogrades, rigides et sexistes peuvent se faire sans conséquences sur notre identité et notre humanisme relève de la politique... de l'autruche.
Quand on parvient à influencer à ce point, en les contaminant, des sphères privilégiées d'activité sociale, les enjeux vont bien au-delà d'un banal « bout de tissus », et ne mettent pas en échec qu'un gouvernement, en haut de la hiérarchie sociétale. C'est surtout une majorité de citoyens qui refusent les accommodements religieux - et surtout ce qu'ils impliquent - que l'on brime avec ces initiatives niaises et rétrogrades. De tels événements donnent paradoxalement envie d'emprunter au père du multiculturalisme canadien, Pierre Elliott Trudeau, cette expression, restée célèbre, et de la répéter haut et fort aux extrémistes parmi ceux qu'il avait la prétention de protéger : « Finies les folies ! »
Et puis vint le kirpan... |
De mon côté, j'ai eu fréquemment affaire à des camionneurs sikhs, à une époque où je travaillais dans une usine comme agent de sécurité. Alors que chaque conducteur de camion nous livrant des marchadises, peu importe sa nationalité, acceptait sans rechigner de porter son casque de sécurité, seuls les Sikhs refusaient obstinément, mais avec courtoisie, d'obéir. Selon le contremaître à l'expédition, nous devions les autoriser exceptionnellement, en raison de la charte des droits et libertés. Malgré cette directive, je forçais chaque camionneur à emporter avec lui un casque fourni par l'usine, avec ce commentaire : « S'il vous arrive un accident, il sera clair que le casque était dans votre camion et que vous avez refusé de le porter.» Être sikh ne dispense pas de ses responsabilités personnelles.
Au-delà d'un « bout de tissus »...
Ne voir dans le turban sikh qu'un « bout de tissus », à la lumière des récents événements opposant une poignée d'intégristes à la FQS, relève de l'aveuglement volontaire. À force de récriminations et de discours manipulateur et culpabilisant, ces douteux citoyens d'adoption ont obtenu la suspension de la FQS par l'Association canadienne de soccer (AQS), rien de moins. Ça, en clair, ça s'appelle un geste politique, et pas des plus constructifs.
C'est par ce genre d'initiative en apparence insignifiante, pour ne pas dire stupide, que des intégristes parmi les communautés culturelles arrivent à modifier le tissus - sans jeu de mots facile - social de leur patrie d'adoption. Les Sikhs extrémistes ne sont pas les plus revendicatifs, si on les compare avec les musulmans islamistes. Mais mine de rien, les Québécois mangent, sans toujours pouvoir les identifier, des aliments halal - ou casher - malgré les doutes soulevés récemment quant à l'hygiène de ce procédé barbare et inutilement cruel envers les animaux. Alors que la communauté juive ne lui demandait rien, le parti libéral s'est couvert de ridicule en refusant que la date des élections coïncide avec les fêtes religieuses, malgré l'alternative évidente du vote par anticipation.
Ces faits récents, encouragés sinon initiés par la décision désastreuse d'autoriser le kirpan en classe, démontre à quel point l'accumulation d'accommodements sans légitimité parvient à donner à ceux qui en multiplient les demandes un sentiment de pouvoir par les modifications profondes qu'elles entraînent sur ce qu'on appelle pompeusement notre « vivre ensemble ». Les tribunaux islamistes n'ont-ils pas failli se voir autorisés en Ontario ? On influence le législatif (kirpan), l'alimentaire (halal, casher), l'éducation (lieux de prière, invitations de conférenciers homophobes et misogynes dans nos universités) et le politique par le pouvoir de son vote. Penser que tous ces changements initiés par des gens dont les valeurs, souvent rétrogrades, rigides et sexistes peuvent se faire sans conséquences sur notre identité et notre humanisme relève de la politique... de l'autruche.
Jason Kenney, déconnecté. |
Or, si les fanatiques du turban parviennent à imposer leurs vues, ils n'auront pas réussi à mettre en échec qu'une fédération, ils seront également parvenus à circonvenir un gouvernement, le Parti québécois, qui soutient la FQS, bien qu'il ait commencé - déjà - à reculer quant à sa charte de la laïcité, maintenant diluée à l'état de projet de charte des valeurs québécoises. Loin de trouver en son homologue fédéral un appui, le PQ a entendu comme tous le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, traiter de « ridicule » l'interdiction du turban, pendant qu'un député albertain s'est ouvertement « réjoui de l'annonce faite par l'Association canadienne de soccer qu'elle suspend la Fédération du soccer de Québec (sic !) »
Quand on parvient à influencer à ce point, en les contaminant, des sphères privilégiées d'activité sociale, les enjeux vont bien au-delà d'un banal « bout de tissus », et ne mettent pas en échec qu'un gouvernement, en haut de la hiérarchie sociétale. C'est surtout une majorité de citoyens qui refusent les accommodements religieux - et surtout ce qu'ils impliquent - que l'on brime avec ces initiatives niaises et rétrogrades. De tels événements donnent paradoxalement envie d'emprunter au père du multiculturalisme canadien, Pierre Elliott Trudeau, cette expression, restée célèbre, et de la répéter haut et fort aux extrémistes parmi ceux qu'il avait la prétention de protéger : « Finies les folies ! »
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