Le premier décembre de l’an passé, la militante universitaire Fay Mean-East
s’était levée en proie à une illumination qui allait accentuer ses instincts
militants, déjà si aiguisés en ce milieu de temps des fêtes féministe. Comme chacun sait, une neuvaine de sensibilisation commence chaque année le 25 novembre avec la Journée de
lutte à la violence faite aux femmes, pour connaitre son apothéose le 6
décembre, et même au-delà, avec la tragédie de Polytechnique, moment idéal pour
revendiquer à l’État Noël des budgets augmentés ou additionnels au nom de
la si légitime et inusable cause des femmes.
Le père Noël, suppôt du patriarcat ! |
Il
serait difficile d’évaluer avec justesse les millions de dollars que Marc
Lépine a pu faire rentrer depuis 1989 dans les coffres des groupes féministes,
mais il est évident que ces derniers lui restent plus que redevables dans l’édification
d’un féminisme d’État fort, omniprésent et onéreux. S’il savait, l’idiot se retournerait dans sa
tombe. Selon les sujets séditieux du groupe « masculiniste » l’Après-rupture, le féminisme d’État couterait environ
600 M $ par an au contribuable québécois.
Du point de vue de Mme Mean-East cependant, il s’agit d’un bien mince
tribut à payer afin de redresser les torts causés par la vaste infamie patriarcale
millénaire qui opprime toujours si obstinément les femmes à travers la planète.
Dans
son inlassable quête de sensibilisation à cette atrocité, la
chercheuse, sans cesse à l’affut de sujets inédits, avait alors revendiqué ce premier décembre une
augmentation de budgets de recherches féministes à Lukewarm University, où
elle disposait d’une modeste chaire au cout famélique d’un million $ répartis
sur trois ans. Malgré le
sous-financement qui l’affligeait, Mme Mean-East avait réussi à se démarquer
avec des parutions aussi éclairantes que De
la toxicité du vernis à ongle envisagée comme une arme d'oppression phallocratique et Les agressions sexuelles sournoisement infligées
aux secrétaires par chaises de bureau interposées. Ces deux opus avaient fait sensation dans les
milieux consacrés aux sciences dites molles en plus de contribuer à établir la notoriété de
l’auteure.
Le père Noël, suppôt du patriarcat…
Outrée
de constater que les garçons éprouvaient toujours autant de plaisir à jouer avec des
camions et les filles, avec des poupées, Mme Mean-East avait multiplié depuis
des années au père Noël ses revendications visant à inverser les destinataires
de ces cadeaux stéréotypés. Ceux-ci ne pouvaient bien évidemment qu’accentuer les inégalités homme
femme dès l'enfance et confirmer les hommes de demain dans leur statut de
privilégiés oppresseurs, et les filles, dans leur inconsciente aliénation aux
diktats misogynes et patriarcaux. Mais
le père Noël, cette ordure reconnue, persistait à faire la sourde oreille, tare
que son âge avancé ne pouvait qu’accentuer.
Et
c’est à ce propos que Fay Mean-East devait avoir son éclair de génie, évoqué plus
haut, et dont voici les motivations. Tant que le père Noël, ce salaud
phallocrate, cet oppresseur millénaire, ce torrent ambulant de conditionnements
sexistes, bref cet homme, devait exercer son privilège de rendre les enfants joyeux
de façon misogyne, les petites filles
continueraient à se trouver heureuses, mais resteraient opprimées.
Sollicitant un appui auprès de l’imam islamiste Mohammad Ben Salâd, allié naturel
des féministes d’État pour la reconnaissance respective de leurs causes et
valeurs si accessoirement incompatibles, la militante devait essuyer un refus
de ce dernier, pour qui la suppression pure et simple de Noël restait le but à atteindre. Ben Salâd et ses acolytes voyaient leur projet en bonne voie de réalisation, avec l’éradication des sapins et de la buche de
Noël dans les écoles, de même qu'avec l’interdiction de souhaiter Joyeux Noël dans
les édifices publics. La militante n'allait pas s'avouer vaincue pour autant.
Consciente
que les allégations infondées constituent des dommages collatéraux inévitables dans la
reconnaissance de la cause des femmes, Mme
Mean-East comprit instantanément, ce fameux premier décembre, le parti qu’elle
pouvait tirer de la très grande promiscuité que son ennemi désormais juré
entretenait avec les enfants.
Les filles, voici votre ennemi de demain ! |
Oh, la
naturelle délicatesse d’esprit de la féministe n’aurait pas toléré de porter des
accusations formelles de pédophilie contre le père Noël, mais la répétition de
soupçons adroitement orchestrée, assortie d’enquêtes maisons sur les agressions possibles, bien que non démontrées, sur les enfants par les lutins du phallocratique personnage,
ne pouvaient que servir la si louable lutte aux stéréotypes de la militante.
Bref, une saine diabolisation du père Noël et de
ses acolytes, la création et l’entretien d’un climat, d’une atmosphère de
suspicion salutairement toxique, pourraient faire la différence entre le
maintien de l’autorité patriarcale d’un personnage bassement misogyne et l’inexorable marche de petites filles, l’avenir de l’humanité, vers
la libération de leur oppression et vers l’accaparement de leur devenir.
L’arrestation
Pas
moins d’un an fut nécessaire afin de mettre ce plan audacieux
à exécution. Après l’obtention d’un
maigre budget de recherche de 150 000 $, Mme Mean-East produisit un étude «
démontrant » que les agressions sexuelles sur les enfants avaient tendance à
augmenter vers le temps des fêtes. L’hypothèse que le père Noël, qui
visite intensivement à cette époque les foyers, y soit pour quelque chose, devenait donc à considérer sérieusement. Comme prévu, aucune
accusation avérée ne fut formulée; seuls des soupçons légitimement alarmistes
furent médiatisés à l’approche du temps des fêtes, dans le cadre de la journée
de sensibilisation de la violence faite aux femmes.
Devant
de telles révélations, si savamment documentées et émanant d’une féministe
d’État, universitaire de surcroit, le chef de police, légitimement perplexe,
soutenu dans sa démarche par un juge dument conscientisé, procéda à
l’arrestation du père Noël. La forte
médiatisation de l’affaire entraîna nombre de dénonciations de parents
bouleversés d’apprendre que l’accusé avait pris leur progéniture sur ses genoux
en plus d’entonner systématiquement un rire sonore. Notre système
judiciaire et policier n’avait d’autre alternative que de mettre de côté cet
irritant qu’est la présomption d’innocence, l’arme des coupables, et
de sévir.
Que de chemin à parcourir…
Forte
de cette victoire éclatante sur le patriarcat, Fay Mean-East devait soudainement réaliser
qu’elle se trouvait plus que jamais au pied d’une montagne à
gravir.
Combien d’études encore devraient être financées, et d’organismes féministes, se voir toujours davantage soutenus par l’État avant que les filles,
l'élite de demain, puissent réaliser leur aliénation ? Quand pourraient-elles enfin représenter, action
positive aidant, 50 %, et surtout plus, des métiers traditionnellement masculins et des postes de pouvoir politique et privé, même quand ceux-ci ne
les intéressent pas ?
Combien de temps faudrait-il encore avant qu’elles puissent, loin des stéréotypes,
s’affranchir de leur identité sexuelle, acquérir le pouvoir, sur simple
accusation, de faire condamner leur agresseur réel ou supposé, et surtout,
éviter de sombrer dans le bonheur factice de se voir heureuse à la maison avec des
enfants et un conjoint aimant… Quelle
horreur !
Après
tout, le bonheur, c’est si antiféministe…
C’est
sans doute pour cette raison que Mme Fay Mean-East s’excuse de ne pouvoir
vous souhaiter de joyeuses fêtes. Nous
nous substituerons donc à elle pour ce faire, tant que notre État de
droit n'aura pas compris que ces vœux frelatés constituent en fait une offense patriarcale, bien sûr…
2 commentaires:
Tu t'es vraiment fait plaisir.
Oui, Yvon, et j' espère que mon plaisir sera contagieux. Évidemment, certains s'amuseront peut-être un peu plus que d'autres... ;-)
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