Une vitrine de restaurant volant en éclats à cause de son nom « hétéro-sexiste », la Mâle-Bouffe, des combats de femmes dans le Jell-O publiquement condamnés par des militantes, une blague anodine de Jean-François Mercier provoquant un tremblement de Toile féministe quelques semaines après que l’opposition officielle ait exigé des excuses du ministre Poëti pour une blague tout aussi banale sur les femmes et le magasinage, voilà autant de « faits d’armes » qui traduisent un malaise évident, un sujétion malsaine à une charia féministe imposant ses fatwas envers quiconque ose tenir des propos ou poser des gestes allant à l’encontre de leur orthodoxie totalitaire et fanatisée.
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Elisabeth Lévy, lucidité implacable. |
Le Figaro interviewait récemment Elisabeth Lévy, directrice de la rédaction au magazine Causeur, qui vient de faire paraitre un numéro au titre plus qu’évocateur : La terreur féministe, rien de moins ! Interrogée à savoir si elle considérait vraiment les féministes actuelles comme des « menaces pour la société », la journaliste a répondu sans hésitation :
«Eh bien oui, et plus que vous ne le croyez! Je vous remercie tout d'abord de noter que nous ne nous en prenons pas au féminisme lui-même mais à ce que nous appelons le «néo-féminisme» qui s'incarne dans des groupes aussi bruyants qu'ils sont numériquement faibles. Ces nouvelles ligues de vertu exercent bien une forme de terreur - une terreur certes kitsch, ridicule, parfois comique à en pleurer, et c'est cet aspect comique que nous avons voulu souligner par l'image - mais une terreur tout de même. (…) En attendant, elles entendent imposer une histoire pieuse dans laquelle les femmes sont éternellement victimes et tous les hommes suspects - potentiellement violents, violeurs, harceleurs et j'en passe. »
Là-bas comme chez nous, on est à même de constater un refus similaire d’admettre que la société a grandement évolué depuis un demi-siècle et que de nombreuses batailles ont été gagnées. Quand de généreuses subventions sont en jeu, et qu’un gouvernement peut les reconsidérer, comme c'est déjà le cas au Québec, il est facile de comprendre l’énergie du désespoir qui accentue des interventions publiques déjà exacerbées. Mais l’argent est-il le seul facteur en cause ?
«Eh bien oui, et plus que vous ne le croyez! Je vous remercie tout d'abord de noter que nous ne nous en prenons pas au féminisme lui-même mais à ce que nous appelons le «néo-féminisme» qui s'incarne dans des groupes aussi bruyants qu'ils sont numériquement faibles. Ces nouvelles ligues de vertu exercent bien une forme de terreur - une terreur certes kitsch, ridicule, parfois comique à en pleurer, et c'est cet aspect comique que nous avons voulu souligner par l'image - mais une terreur tout de même. (…) En attendant, elles entendent imposer une histoire pieuse dans laquelle les femmes sont éternellement victimes et tous les hommes suspects - potentiellement violents, violeurs, harceleurs et j'en passe. »
Là-bas comme chez nous, on est à même de constater un refus similaire d’admettre que la société a grandement évolué depuis un demi-siècle et que de nombreuses batailles ont été gagnées. Quand de généreuses subventions sont en jeu, et qu’un gouvernement peut les reconsidérer, comme c'est déjà le cas au Québec, il est facile de comprendre l’énergie du désespoir qui accentue des interventions publiques déjà exacerbées. Mais l’argent est-il le seul facteur en cause ?
Mme Lévy précise : « Sous couvert de mener des combats gagnés depuis longtemps, elles veulent en réalité régenter les esprits et les comportements, édicter des normes en matière de sexualité, de couple, de désir. (…) D'où leur traque insatiable du «dérapage», du sous-entendu, de la blague de travers…et désormais du compliment «sexiste». Pitié! Si elles n'aiment pas ça, qu'elles n'en privent pas les autres! »
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Comment peuvent-elles espérer rester crédibles ? |
« Vous ne voyez pas le danger ? »
Je crois personnellement que le danger que représentent les féministes radicales tient pour beaucoup à l’allure ridicule de leurs interventions fanatisées qui endort notre méfiance et nous fait croire qu’elles sont trop burlesques pour être vraiment prises au sérieux. Mme Lévy exprime un point de vue différent sur la question, mais néanmoins pertinent :
« Non, ce qui est dangereux, c'est qu'on ne voie pas le ridicule et qu'on prenne au sérieux des élucubrations qui devraient nous faire pouffer. Quand un prix Nobel de médecine doit démissionner de son poste à l'université sous la pression hargneuse et furieuse des «réseaux sociaux», pour avoir fait un trait d'esprit sur les femmes, vous ne voyez pas le danger? [Interrogé sur la présence des femmes dans les labos, il avait déclaré: «on tombe amoureux d'elles, elles tombent amoureuses de nous et quand on les critique, elles pleurent»]. Quand des sites spécialisés dans la délation sont encouragés et montrés en exemple, vous ne voyez pas le danger? Quand des hommes sont menacés de perdre des contrats, des positions, des boulots, parce qu'ils défendent leur point de vue sur la prostitution ou sur tout autre sujet de prédilection de nos gardiennes de la paix des ménages, vous ne voyez pas le danger? »
Sous la poussée d’« innovations » telles que la culture du viol, un concept qui laisse entendre qu’il est généralement admis dans notre société qu’une femme violée l’a bien cherché et que son agresseur doit être excusé, bref une aberration, n’est-on pas en train d’instaurer un climat de répression inquisitoriale, de représailles socialement médiatisées, de censure qui pourrait bientôt se voir étatisée avec le projet de loi 59, visant à faire taire autant les critiques de l’islam politique que du féminisme radical ? Mme Lévy va dans ce sens :
« Quand de plus en plus d'hommes ont peur de dire ce qu'ils pensent, c'est que la terreur a commencé. Vous ne voyez pas cette soif insatiable de contrôle, de délation, de sanction, le torrent de boue numérique que nos gracieuses combattantes peuvent déverser sur le malheureux qui s'oppose à leurs lubies - «l'envie du pénal» qui a, comme le dit Muray, remplacé «l'envie du pénis»? On finira par criminaliser l'amant inconstant ou indifférent. Monsieur le juge, il ne répond pas à mes textos! Alors oui, on peut dire que ces néo-féministes sont les «dangereuses ridicules».
Mme Lévy relève la sidérante dichotomie existant entre la pertinence plus que discutable des positions féministes radicale et le poids politique et médiatique qui, en France comme chez nous, demeure considérable :
« Ces groupuscules sont dangereux parce que leur influence est sans commune mesure avec leur poids réel. Ils ont table ouverte dans les grands médias où leur discours est parole d'évangile: jamais un journaliste de France 2 ou BFM n'oserait discuter les bienfaits de la parité ou la pertinence d'un manifeste de femmes journalistes politiques qui se plaignent de vivre un enfer, les pauvrettes. »
Les combats qu’elles ne livrent pas…
J’ai toujours trouvé d’une suprême incohérence ces militantes, Fédération des femmes du Québec et, désormais, Conseil du statut de la femme en tête, qui se prosternent devant l’islam politique au nom du « respect de la différence ». La lutte à cette idéologie mortifère qui envahit peu à peu l’Occident devrait pourtant représenter la priorité de priorités du mouvement féministe. Mme Lévy constate la même incurie :
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Comment expliquer le silence « militant» sur l'islam politique ? |
« Évidemment que des combats restent à mener, ils sont simples à recenser: ce sont ceux que nos bruyantes néo-féministes ne mènent pas. Par exemple, celui de toutes les femmes musulmanes qui voudraient échapper à l'emprise du groupe, du père, du mari ou du frère et que nous abandonnons au nom de nos grandes idées sur la diversité - c'est bizarre cette tolérance, de la part de groupes fanatiquement intolérants à toute divergence. »
Et je ne saurais assez souscrire à cette dernière affirmation :
« Mais je dirais que le prochain combat féministe, c'est celui qu'il faut livrer à ce faux féminisme qui, sous couvert de défendre les femmes, veut les assigner à une norme. »
Ah ! c’est pas moi qui l’ai dit…