vendredi 9 décembre 2011

Claude Bilodeau : la vie après de fausses accusations

Claude Bilodeau et son avocat, Michel Barrette.
Tout comme l’égalité de droits n’a pas suivi la fin de l’esclavage pour les Afro-américains sous la présidence d’Abraham Lincoln, la vie d’un homme ne redevient pas normale après un acquittement à la suite de fausses allégations d’agression sexuelle.  Après les Michel Dumont, Frernand Halde, Harold Bouchard, Henri Fournier et combien d’autres dans le même cas, Claude Bilodeau vient de rejoindre le club peu enviable de ceux qui devront tant bien que mal passer à autre chose, à défaut de refaire leur vie, après avoir vécu le traumatisme majeur de voir leur réputation traînée dans le boue publiquement.   Bien que pareille agression – car de fausses accusations en sont une - ne soit pas physique, à l’instar d’un viol, la violence exercée par la personne accusatrice et ressentie par la vraie victime reste comparable et peut laisser des séquelles permanentes.  En fait, passer à autre chose en pareil cas, est-ce seulement possible ?

Le « monstre » de Saint-Éloi

Comme le veut la formule tristement consacrée, la vie de Claude Bilodeau, 46 ans, a basculé le 29 janvier dernier alors qu’une femme de 28 ans, rencontrée par le biais du réseau de rencontres Lavalife, l’a accusé d’une agression sexuelle pour le moins sordide.   Selon les dires de la fabulatrice, Bilodeau l’avait agressée au motel Lido, à St-Léonard, après l’avoir attachée et enrobée d’une pellicule de cellophane, y perçant des orifices vis à vis la bouche et les organes génitaux en vue d’assouvir ses présumés bas instincts.  Retenue ensuite contre son gré dans le camion de l’accusé, elle s’en était extraite, affirmait-elle, malgré une vitesse de 80 km/h sur l’autoroute 40, puis avait appelé une amie, au carrefour Langelier, avant d’être menée à la police. 

Heureusement, le carrefour Langelier
est doté de caméras...
L’évidence devait mettre en pièce de telles affirmations, au lendemain seulement de la première journée du procès.  Interrogée de façon extrêmement serrée par Me Michel Barrette, l’avocat de la défense, la menteuse devait admettre qu’elle s’était rendue en compagnie de Bilodeau dans une boutique érotique avant de gagner le motel Lido. Barrette devait présenter des images captées par les caméras de surveillance du carrefour Langelier montrant le tandem se rendant au cinéma.  L’accusé en ressortait seul vers 22 heures et son accusatrice, une vingtaine de minutes plus tard.  Or, l’agression présumée avait soi-disant été commise bien avant 22 heures…

Comment l’hypothèse d’un viol pouvait-il rester envisageable dans de telles circonstances ?  « Ces faits n’ont jamais été portés à l’attention de la poursuivante ou des enquêteurs », devait affirmer la procureure, avant de renoncer à poursuivre.  Comment expliquer que des preuves aussi faciles à recueillir l’aient été par des enquêteurs privés mandatés par la défense et non par les policiers chargés de l’enquête ?  Il était pourtant si simple de vérifier une caméra en tenant compte de la version de l’accusé.  Ce dernier a-t-il manqué de clarté, ou les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont-ils péché par manque de jugement, ou d’éthique ?

La rançon de l’incompétence

Claude Bilodeau répondrait certainement par l’affirmative à la deuxième hypothèse puisqu’il vient d’intenter une poursuite de 1,2 M $ contre le SPVM, alléguant qu’il en tient deux enquêteurs responsables de sa détention préventive de trois mois et d’une enquête vraisemblablement bâclée.  Le constat de la procureure Rivard tend à lui donner raison.  De santé précaire, le pauvre homme a dû se voir hospitalisé pendant son incarcération, en plus de faire face aux menaces de violence de détenus et de savoir son nom souillé par des journalistes sans scrupules encourageant par leur parti pris contre lui la vindicte populaire la plus consternante.

Une erreur judiciaire facilement évitable : un douteux exploit à l'actif du SPVM...
Ce n’est pas la première fois que l’incompétence policière est mise en cause dans des cas de fausses allégations, ce qui démontre que les enquêteurs ont davantage à cœur d’investiguer à charge, soit contre l’accusé, qu’à décharge, donc en sa faveur. Comment expliquer autrement que le SPVM soit même allé jusqu’à lancer un avis public invitant de  nouvelles « victimes » potentielles à se manifester ?  Aucun progrès donc, depuis le cas célèbre de Michel Dumont, condamné malgré un alibi en béton corroboré par six hommes.  Apparemment la parole d’autant de représentants de la gent masculine ne suffisait pas devant celle d’une seule accusatrice. 

Un article paru dans L’Actualité du 15 décembre démontre qu’une sentence odieuse a été imposée à Claude Bilodeau, un homme innocent, malgré son acquittement.  L’homme vit terré dans sa maison, à Saint-Éloi, petit village de 300 âmes, isolé de sa famille et de ses voisins. Sa coiffeuse ne veut plus de lui comme client et son dentiste le reçoit en dehors de ses heures d’affaires pour que ses patients ne le voient pas.  Entré récemment dans un bar, il s’est vu aussitôt indiquer la sortie.  Plusieurs villageois croient malgré l’évidence des faits que l’homme a été libéré uniquement grâce à l’habileté de son avocat. 

Bilodeau revendait jadis des palettes de bois recyclées, mais les entreprises avec lesquelles il traitait ne veulent plus avoir affaire à lui.  Il avait déjà perdu son emploi d’ébéniste au lendemain de son arrestation, après 19 ans de services, et son ancien patron refuse toujours de le réengager.  Alors qu’il vient de compléter une formation intensive de quatre mois en charpenterie menuiserie, personne ne veut l'embaucher.  Or, en raison d’une mère malade, il ne peut quitter son patelin en vue de refaire sa vie ailleurs.  

Qui est une « vraie victime » ?

Saint-Éloi : qui pourrait croire à pareil
drame humain dans un si charmant village ?
Le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu, qui affirme que les droits des criminels sont mieux respectés que ceux de leurs victimes, aurait matière à défendre cette position dans le contexte si pernicieux des fausses accusations.  Dommage que le projet de loi C-10 des conservateurs sur la Justice criminelle ne contienne aucune disposition à ce sujet.  La vie privée de la menteuse a été mieux protégée que celle de sa victime : on ne peut connaître son identité, alors que Bilodeau a vu la sienne salie au cœur même d’une violente tempête médiatique où il s’en vu affublé, dans un virulent accès de journalisme jaune et avant même la tenue de son procès, des surnoms dégradants de « violeur au cellophane » et de « monstre de Saint-Éloi ». 

La procureure de la Couronne, Amélie Rivard, avait affirmé ne pas exclure la possibilité de porter des accusations de méfait public contre la fumiste, puisqu’elle avait provoqué la tenue d’une enquête sur la base de mensonges.  Vœux pieux que tout ça, et la magistrate le sait sûrement.  Gageons plutôt que l’agresseure ne sera nullement inquiétée, comme la vaste majorité des accusatrices mensongères qui, au Québec comme dans tout pays affligé d’un féminisme d’État fort, de corps policiers partiaux et d’un système judiciaire inquisitorial, bénéficient d’une immunité diplomatique presque automatique en pareil cas.  Paraît que c’est pour protéger les vraies victimes.  Comme si Bilodeau n’en était pas une…

« En 20 ans de carrière, je n’ai jamais vu une manifestation aussi évidente de l’influence des médias dans une vie » confiait par ailleurs à L’Actualité Michel Barrette, l’avocat de l’homme démoli.  Les médias, semble-t-il, restent imperméables à l’expérience, froidement insensibles devant le résultat consternant de leur action dictée par une recherche maladive de sensations fortes, prêts à recommencer les mêmes erreurs, à reproduire les mêmes égarements, les mêmes jugements gratuits, sitôt l’une de leurs victimes lynchées publiquement innocentée, en page 24 ou 32, après avoir été crucifiée en première page ou en page trois. 

Claude Bilodeau, tel que démonisé par les médias,
au lendemain de son arrestation.
On peut certes rêver et souhaiter à Claude Bilodeau de gagner sa cause contre le SPVM.  Une telle victoire ouvrirait cependant une brèche par laquelle d’autres victimes pourraient s’engouffrer et l’on voit mal comment notre Justice pourrait encourager pareille remise en cause de ses paramètres misandres.  Dans cette perspective, l’injustice subie par Bilodeau ne devrait pas ne servir qu’à questionner un corps policier en particulier.  À la lumière d’un – autre - procès si facilement évitable et de ses lourdes conséquences, c’est la misandrie généralisée de nos institutions qui doit être dénoncée haut et fort, tandis que les instances même qui devraient la prévenir, policiers comme magistrats, et celles qui devraient la clouer au pilori, en l’occurrence les médias, s’en font au contraire les complices.  À quand, l’heure du réveil ? 

9 commentaires:

baguerrah a dit…

l'homme, le mâle (pardon, le mal), est vu dans une gynocratie comme une raclure en devenir.

la sexualité appartient à la femme et l'homme n'y a plus droit. la cougar est une sainte, son équivalent homme est un porc. une femme à homme est une nympho, un homme à femme est un vicelard, un pervers, un déviant.

je ne sais plus trop croire pour l'affaire DSK, le "perv" comme l'écrivait la Presse américaine.

pour une femme, l'accusation de viol est devenu une balle d'argent. pour une mère, celle de pédophilie evince le père à jamais plus facilement que l'assassinat, puisqu'il préserve ses capacités financières.

je pensais que le seul échappatoire de l'homme était dans la vasectomie. c'est faux. dans nos sociétés post-féministes, c'est la castration qu'il faut choisir, chimique ou mécanique.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

J'espère, baquerrah, que vous employez une métaphore... Pour le reste, d'accord avec vous. Alors qu'à une certaine époque, une femme qui vivait une sexualité ouverte s'attirait les qualificatifs de pute ou de salope, tandis que l'homme qui en faisait autant passait pour viril, les rôles sont désormais inversés.

Pour ce qui est de DSK, nul ne peut en effet dire ce qui s'est passé dans cette suite du Sofitel, mais j'avais tout de même pris position sur le sujet, non pas en faveur de DSK, mais bien de la présomption d'innocence, durement foulée au pied par la Justice américaine.

http://olivierkaestle.blogspot.com/2011/07/dsk-pour-en-finir-avec-la-sacralisation.html

http://olivierkaestle.blogspot.com/2011/07/dsk-la-presomption-dinnocence-envers-et.html

La balle d'argent... En effet, fréquemment utilisée. Désormais, plus besoin de prouver l'inceste ou l'agression, il suffit pour l'accusatrice de l'évoquer, et l'univers de l'homme s'effondre. Il perdra tout : enfants,stabilité financière, maison, auto, et j'en passe.

Félix Leclerc chantait jadis que le meilleur moyen de tuer un homme était de lui enlever son travail. C'était avant les lois sur le divorce...

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

@ Rick Vous en dites trop ou pas assez. Parlez-vous vraiment de fausses accusations portées selon vous par ces groupes ? Qu'au sein de tout mouvement de changement social, il y ait des divergences d'opinion, des débats musclés, ou même des procès d'intentions reposant parfois sur des malentendus, c'est inévitable. Mais de là à dire que des militants en aient délibérément envoyés d'autres en prison, c'est une accusation très grave. Nous avons besoin de cohésion dans le mouvement, certainement pas de division.

Anonyme a dit…

Si la vie d'un homme qui a été faussement accusé est foutue ou presque, c'est encore à cause des femmes. Car un directeur ou directrice d'école ne le réembauchera pas de peur de se mettre les écolières et les mères à dos. Car ce sont les femmes qui douteront encore de l'innocence du gars en question. Les femmes gagnent sur toutes la ligne. Tandis qu'une enseignante faussement accusée d'avoir eu des relations avec un écolier(ce qui n'arrive pratiquement jamais) se verra probablement réembauchée sans trop de problèmes. Encore échec et mate. Serge

Anonyme a dit…

Les hommes ne veulent pas réagir parce qu'ils ont peur de se mettre les femmes à dos et de perdre le privilège de leur prendre les seins, etc... L'homme est échec et mate tout simplement. On est esclave de tout ce qui triomphe de nous. Alors, les femmes ont gagné depuis longtemps. En fait, depuis l'aube de l'humanité, tout simplement.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Bien sûr, les doubles standards et la désinformation féministe voulant qu'à peine 2 % des allégations d'agression sexuelle soient fausses continuent de faire des ravages.

Comment pourrait-il en aller autrement quand l'État même porte de fausses accusations envers les hommes en faisant passer des signalements d'agressions pour des agressions sanctionnées (ministère de la Sécurité publique). Je sais par expérience (récente, encore) qu'il est presque impossible de faire publier une lettre d'opinion citant des données gouvernementales contraires à celles qui font l'affaire des féministes.

Dans un tel contexte, les hommes faussement accusés ont toute une pente à remonter, mais le discours dénonçant la prolifération des fausses allégations gagne du terrain, pouce par pouce. Un jour, il sera reconnu et des dispositions légales, correctrices et punitives, devront être prises.

JC Boucher a dit…

Après 30 ans de propagande féministe "homme coupable/femme victime" il est dans les moeurs policière" de considérer l'homme coupable et de fermer l'enquête...ce cas n'est pas unique.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

En effet, je reçois trop de témoignages qui corroborent ces dires.

Anonyme a dit…

Rochefort a passé de longs mois en prison et c'est triste, mais ce n'est pas L'AR qui a porté les accusations mais la SPVM. Heureusement il n'y était pas seul mais avec ses deux pseudos, Gisogod et Flashman

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