lundi 19 octobre 2009

Lecteurs mp3 : quand la musique assourdit les mœurs…



Malgré sa convivialité, ce petit appareil peut devenir le pire ennemi de vos tympans. À manier avec précaution...




Je suis adepte de baladeurs depuis près de 25 ans. Pourtant, ce n’est que depuis quelques mois que je me suis finalement équipé d’un lecteur mp3. Vous me direz que je ne me précipite pas sur la nouveauté. Je ne vous contredirai pas là-dessus. D’abord séduit par le côté pratique de mon nouveau joujou, me permettant de trimballer une discothèque entière dans un appareil de la taille d’un paquet d’allumettes, je ne tardais pas à lui trouver un inconvénient majeur. L’intensité sonore me devient vite incommodante. Vous me direz que j’écoute ma musique trop fort ou trop longtemps. Je vous contredirai là-dessus. J’ai eu beau m’adapter à la sacro-sainte règle du 60-60, soit 60 % du volume maximum et pas plus de 60 minutes par jour, le problème, bien que moins prenant, persiste néanmoins.


Des spécialistes conseillent de choisir des écouteurs externes plutôt qu’intra-oriculaires, qui diminueraient selon eux de six à neuf décibels le niveau sonore. Pas si sûr. Pour extérieurs qu’ils soient, les écouteurs dont je m’étais muni pour régler mon cas étaient nettement plus performants que ceux fournis avec mon lecteur. Le problème, loin de diminuer, se trouvait par le fait même amplifié. D’autres théoriciens affirment de leur côté que certains casques peuvent augmenter l’intensité sonore de 10 décibels. On changerait donc cinq trente sous pour une piastre. Peut-être aurons-nous sous peu besoin de casques protecteurs ? Étrange contraste d’avec mes expériences passées avec des baladeurs dont le son anémique, même poussé au maximum, était à peine satisfaisant.

Les risques de dommages permanents de l’audition liés à l’utilisation régulière du lecteur mp3 sont de plus en plus démontrés. Les problèmes auditifs visant nos jeunes ont sans contredit connu une progression spectaculaire depuis dix ans. Alors qu’en Europe, on prévoit enfin d’instaurer une limitation sonore du lecteur mp3 ou du Ipod à 100 décibels (la France a déjà imposé cette norme), le Canada n’a toujours pas de plan de match. Bien qu’un volume de 85 décibels équivaut déjà à celui d’une tronçonneuse, la plupart des appareils sur le marché canadien atteignent aisément 120 décibels. On mesure l’étendue du problème, surtout si l’on songe que nos enfants et nos adolescents, particulièrement friands de cette technologie, n’éprouvent pas pour les questions de santé d’intérêt d’obsédant.

Il existe par ailleurs un autre risque lié au Ipod, moins bien défini. Les tonalités du format mp3 sont peu diversifiées, voire plates. Leurs fréquences monochromes rendent l’oreille paresseuse. Or, l’ouïe humaine est accoutumée à identifier une variété de niveaux sonores, dans la vie quotidienne. L’absence de relief du format mp3 pourrait à la longue hypothéquer de façon irréversible notre aptitude a décoder les sons de certaines fréquences et ceux de faible intensité. Ce problème s’avère d’autant plus insidieux que la personne qui en souffre ne réalisera que trop tard l’étendue des dommages.

Faut-il pour autant renoncer à son lecteur mp3 ? Probablement pas. Il est cependant important de développer, pour soi et comme pour ses proches, une vigilance que les baladeurs d’antan, à cassettes ou à CD, ne commandaient pas autant. Il faut également se garder la latitude de choisir si ce format d’écoute nous convient vraiment, malgré l’effet d’entraînement de son omniprésence. Après tout, il s’agit d’une technologie relativement récente et ses effets secondaires ne nous sont peut-être pas encore tous connus. Pour ma part, je conserve jalousement mon brave vieux disc-man. On sait jamais...

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