Sept ans après avoir fait la manchette pour avoir entretenu une correspondance crapuleuse à propos d’un complot d’agression et de meurtre impliquant un tueur en série et une agente de probation, le prédateur sexuel Nick Paccione doit maintenant répondre de ses actes au palais de justice de Montréal.
Ce procès n’est pas sans rappeler l’affaire dite du Trio diabolique où Marlène Chalfoun, l’agente de liaison pour le moins dangereuse, avait servi d’intermédiaire entre Paccione, incarcéré, et un tueur en série, en liberté celui-là, répondant au nom d’Angelo Colalillo. Le motif de ces échanges épistolaires : un complot d’agression et de meurtre sur la personne d’une proche de Chalfoun et de ses deux filles.
On se souviendra qu'au terme d’un étrange procès survenu en 2003, où les ordonnances de non-publication alternaient avec les frustrations des journalistes et la mollesse de la poursuite, Chalfoun avait été acquittée sous les motifs les plus futiles des mêmes charges pour lesquelles Paccione se voit accusé aujourd’hui.
Était mise en cause, avait conclu la juge en charge de l’affaire, une femme vaguement paumée, qui avait simplement fantasmé l’agression, sans envisager le moins du monde de passer à l’acte.
Bref, on nous demandait, de la façon la plus décontractée, de gober qu’une criminologue d’expérience et auteure d’une thèse sur les tueurs en série, avait pu entretenir une correspondance sulfureuse avec deux d’entre eux, dont un en liberté, allant même jusqu’à rencontrer celui-ci à deux reprises, sans avoir la moindre intention criminelle. Mieux encore, l’agente ne réalisait absolument pas le danger qu’elle faisait courir à ses proches…
Trois questions
Aujourd’hui, trois questions s’imposent :
1- L’extrême lenteur du système judiciaire explique-t-elle à elle seule un délai de sept ans entre le procès Chalfoun et celui de Paccione pour des charges identiques et sur la même affaire ? Ou voulait-on faire oublier le premier procès et éviter de raviver de vielles blessures, de réveiller de vieux doutes ?
2- Si Chalfoun avait été reconnue coupable, le scandale n’aurait-il pas éclaboussé la Ville de Montréal, son employeur, à l’échelle internationale, pour avoir engagé une criminelle ? Les médias évoquaient à l’époque une nouvelle Karla Homolka. L’employeur de l’accusée, par un possible trafic d'influence auprès de la Cour supérieure, n’avait-il pas tout intérêt à transformer cette poursuite en opération de damage control ?
3- En acquittant l’agente de probation, la Justice, à défaut de relâcher une meurtrière (aucun homicide n’a été commis) a-t-elle rendu la liberté à une coupable (un complot était bel et bien en préparation) ?
Voilà autant de questions, laissées en suspens depuis 2003, que ce procès pourrait réveiller. Comme dans ce cas précis, cependant, la même instance juge l’affaire, on peut d’avance parier que le procès se déroulera avec toute la discrétion et la sobriété que commande ce genre de cas…
Dans ce blogue, voir mon dossier complet sur le Trio diabolique :
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