L’islamisme, un intégrisme religieux
Le premier, qui défraie de plus en plus la manchette depuis Hérouxville, vient de l’extérieur, et compromet l’égalité homme femme d’un point de vue féminin. J’ai bien dit « féminin » et non « féministe », puisque ces dernières, absentes de ce débat qui devrait pourtant les concerner au plus haut point, préfèrent radoter sur l’hyper sexualisation.
Je parle ici bien sûr de la problématique des accommodements déraisonnables, dont l’impact se fait sentir sur un mode crescendo. Cette mouvance reste d’autant plus menaçante que, à plat ventre devant le vote ethnique, le gouvernement Charest, à l’instar du parti de Stephen Harper, maintient une attitude d’indifférence flasque devant la nécessité d’établir une charte de la laïcité, malgré des pressions constantes du PQ et de plusieurs mouvements de défense de cette valeur primordiale.
Bien que fondamentalement patriarcales, les valeurs défendues par l’islamisme (inutile de préciser « radical »; par définition, l’islamisme l’est) trouvent des porte-parole de leurs valeurs médiévales, réactionnaires et avilissantes envers les femmes non seulement chez les ayatollahs et imans de tout acabit, mais aussi parmi certaines musulmanes elles-mêmes.
Le cas, en apparence insignifiant, de Naema, cette pauvre fille exclue par sa faute des cours de francisation parce qu’elle ne voulait pas se départir de son niqab, reste encore frais dans les mémoires. Phénomène isolé ? Loin de là. On était relativement habitué à voir, sur TV5, des manifestations passionnées de musulmanes brandissant en France des pancartes affichant « mon voile, ma vie », maintenant des femmes en burqa et en niqab revendiquent le port de leurs oripeaux à Montréal même. La bêtise est à nos portes.
Une féministe vraiment militante
Il existe néanmoins des musulmanes qui s’opposent avec vigueur à l’intégrisme islamiste. Djemila Benhabib, auteure de Ma vie à contre-Coran, reste la plus connue. Cette femme énergique, grosse comme une épingle, véritable féministe militante – par opposition au grand nombre de celles qui ne le sont pas, ou plus – possède à un niveau élevé l’art de déplacer de l’air, sans compromis, pour défendre sa cause.
D’abord journaliste, Benhabib, devenue depuis fonctionnaire en Outaouais, a grandi en Algérie, où elle a constaté les dérives croissantes de l’Islamisme lors d’assassinats, puis de massacres, que cette démence fanatisée a entraînés. La future militante pro laïcité devait s’exiler, pour sa survie.
Quand on tient tête à des intégristes homicides, les idéologues repliés sur eux-mêmes, parmi lesquels certains universitaires qui se prennent pour des oracles, n’impressionnent pas. Ainsi, Benhabib n’a pas hésité à dénoncer le tandem Bouchard-Taylor et son hypocrisie dogmatique, allant jusqu’à affirmer qu’ils avaient décidé des conclusions de leur rapport avant même la tenue de leur commission : « Ils n’ont pas voulu relever le problème, affirme-t-elle. Pendant ce temps, les groupes islamistes radicaux continuent d’exister à Montréal. Ils embrigadent. »
Elle n’est pas plus tendre, on s’en doute, envers les intégristes qui demandent sans cesse plus d’accommodements : « Ces islamistes, qui revendiquent benoîtement les auspices du respect de la religion et du droit à la différence, pervertissent l’idée de la démocratie. Qu’on se le tienne pour dit, il ne s’agit pas là de liberté individuelle, mais de prosélytisme, d’intégrisme, de fascisme vert. Car dès qu’une religion s’affiche ostensiblement dans la sphère publique, il y a confusion des genres. » Autrement dit, ces nouveaux arrivants, sous le couvert d’une intégration à sens unique, ne cherchent qu’à transformer leur pays d’adoption à leur ressemblance. Merveilleux projet de société…
La trahison de la FFQ
Il n’est pas jusqu’aux féministes « dominantes », nommément la Fédération des femmes du Québec, qui n’a été la cible des dénonciations de la militante algérienne. Qui ne se rappelle pas de cette page regrettable de l’histoire du féminisme québécois, écrite le 9 mai 2009, alors que ce regroupement déconnecté qui prétend parler au nom des femmes a osé s’opposer, par voie de résolution, à l’interdiction des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique ?
Dans une lettre ouverte au titre plus qu’évocateur intitulée « J’accuse la FFQ de trahir le combat des femmes », Benhabib accuse ce regroupement de servilité envers le Conseil islamique canadien et Présence musulmane : « Il y a des alliances et des prises de position qui minent les principes. Avec cette dernière, la crédibilité de la FFQ est sérieusement entachée. Pour une poignée de militantes islamistes, la FFQ a sacrifié des millions de femmes musulmanes qui se battent au péril de leur vie. Aujourd’hui, il n’y a qu’un verbe qui me tourne en boucle dans la tête : j’accuse ! »
Soulignons que, même si le Conseil du statut de la femme, dans un – trop – rare moment de lucidité, a pris clairement position en faveur de l’interdiction des signes religieux, l’inénarrable ministre de la Condition féminine, Christine St-Pierre, a renié l’organisme dont elle est responsable pour se rallier à la position de la FFQ ! À quoi sert une parité homme-femme cosmétique au conseil des ministres, si c’est pour s’encombrer d’une pareille incompétente ?
Entre des immigrants envahissants, des dirigeants sans colonne vertébrale, des organisations féministes à-plat-ventristes, une charte fédérale des droits et libertés qui a préséance sur la nôtre, la lutte pour la reconnaissance de la laïcité n’est certes pas gagnée. Seules des initiatives citoyennes comme celle de Djemila Benhabib et d’une mouvance grandissante de personnes et de groupements en faveur de la nécessité incontournable de la laïcité, en tant que valeur sociale dominante, peuvent faire une différence, le genre de dissemblance que l’on respecte…
Le féminisme, un intégrisme idéologique
Le second intégrisme dénoncé dans cette rubrique, plus souterrain et pernicieux, celui-là, vient de l’intérieur et menace également l’égalité homme-femme, mais d’un point de vue masculin.
Père d’un fils de 15 ans, je ne veux pas pour lui d’une société où, dégoûtés d’une école adaptée exclusivement aux filles, les gars restent ensuite sous représentés dans les universités; d’une société où les droits des pères à leurs enfants, et des enfants à leurs pères, soient soumis à l’arbitraire de lois avantageant souvent indûment les mères et, bien sûr, les avocats qui vivent de cette incurie; d’une société où il est possible d’accuser faussement des hommes, de les faire arrêter et ce, sans avoir à répondre ensuite de ses actes; d’une société qui démonise, rabaisse et culpabilise les hommes, en prétendant que la violence reste un phénomène exclusivement masculin (sans nier que la plus sévère, entraînant notamment la mort d’une conjointe, reste en majorité masculine); d’une société où la bêtise de la discrimination positive prime trop souvent sur la compétence; d’une société où un homme, qui quitte précipitamment sa maison avec ses enfants parce que sa femme a pété les plombs, ne trouve aucune ressource d’hébergement; d’une société où une quinzaine d’organisations féministes, FFQ en tête, contrecarrent la reconnaissance de la condition masculine, en faisant tabletter le rapport Rondeau afin d’obtenir davantage de subventions; d’une société où le temps des fêtes commence un 6 décembre, anniversaire de Polytechnique, alors que la valse des demandes de subventions se danse au rythme de mélodies misandres réductrices, sans évaluation gouvernementale sérieuse et réaliste des besoins des femmes sur le terrain.
Pas de doute, le féminisme, qui a déjà été un mouvement de transformation sociale de premier plan, est devenu, au fil des ans, un phénomène aussi envahissant et destructeur à sa manière que peut être l’islamisme. Il est illusoire de ne voir le féminisme radical que comme un phénomène marginal. Son discours est dominant, omniprésent. De mouvement de défense légitime des droits des femmes, il s’est transformé peu à peu en lobby corporatiste n’ayant pour but ultime non plus sa survie, mais bien une expansion immodérée, onéreuse, aux frais du contribuable. Docteure Jeckyll est devenue Mrs Hyde…
Dans une « calacsie » loin de chez nous
Les CALACS et les maisons d’hébergement incarnent le plus « justement » la dérive féministe, en tant que problématique hostile aux hommes. Le fait de devoir faire face aux représentants les moins fréquentables de la gent masculine pourrait les excuser si ces groupes, déjà sur financés, ne trahissaient leur rapacité en en demandant « Toujours plus ! » sur la « foi » de statistiques trop souvent dopés ou carrément mensongères.
En 2004, le Regroupement québécois des CALACS lançait une vaste campagne de « sensibilisation » à l’effet qu’une femme sur trois serait un jour victime d’agression sexuelle. Il aura fallu que Christine St-Pierre – encore elle ! – reprenne le même chiffre en 2008 pour qu’un groupe de pères découvre qu’il s’agissait en fait… du résultat d’un sondage grand public que la garde rapprochée de la ministre avait vainement tenté de lui faire oublier. C’est sur la fois de cette fausse statistique qu’une campagne de « sensibilisation » de 6,3 millions $ a été mise sur pied, au frais de la princesse, qui de toute évidence n’est pas féministe…
Vous avez dit : 300 000 femmes ?…
Le cas le plus spectaculaire de désinformation chiffrée reste celui affichant qu'une femme sur dix soit battue au Canada, « statistique » inventée de toute pièce par Linda MacLeod et Andrée Cadieux et citée dans La femme battue au Canada : un cercle vicieux, avec le soutien du Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme. Bien que faux, ce pourcentage est dès sa parution aveuglément reproduit par les gouvernements canadien d'abord, puis québécois, qui le chiffre en 1985 à 300 000 victimes, avant de distribuer massivement cette invention sous forme de dépliants.
Il faudra attendre 1994, lors du 62e congrès de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences, pour que Linda MacLeod ait l’honnêteté tardive de se rétracter publiquement : « Mon estimation n’avait aucun fondement de validité ou de fiabilité statistique… » Entre-temps, que de dommages sociétaux commis au nom d’une noble cause…
Car de cette fausseté naîtra la Politique d’intervention en matière de violence conjugale, qui permet encore aujourd’hui que 13 000 hommes soient arrêtés arbitrairement chaque année, sur simple délation, que les deux tiers soient relâchés sans explications données, et que leurs accusatrices ne soient en aucun cas inquiétées. En fonction de cette loi absurde, digne de Torquemada, on emprisonne jusqu’à des hommes victimes de violence conjugale. La présidente la l’Association des nouvelles conjointes devait même déclarer, il y a quelques mois, sur les ondes d’une radio de Québec, qu’elle avait dû réconforter l’un de ses membres arrêté avec un couteau à travers le bras… Bel exemple d’efficacité policière ! Quand on doit obéir aux ordres…
Business as usual…
La grande roseur n’engendre pas que des coûts sociaux. Ce fléau coûte cher au contribuable qui, les récriminations récentes exprimées lors de la Marche mondiale des femmes le prouvent, se montre de plus en plus récalcitrant à voir ses taxes investies à fond perdu. Voici un exemple de dilapidation possible des fonds publics au nom d’une cause louable.
Dans son dernier rapport, le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, consacre un chapitre entier au soutien financier accordé aux groupes communautaires financés par le ministère de la Santé et des Service sociaux et par les agences de la santé et des services sociaux. Les maisons d’hébergement pour femmes battues restent de loin les organismes les plus subventionnés, à raison de 60 millions $, répartis entre 106 maisons.
Depuis 2003, ces établissements ont vu leurs subventions doubler sans qu’aucune explication, événement ou statistique ne vienne expliquer une si grande augmentation. Dans son rapport, le vérificateur précise : « De fait, ce type d’organismes a vu passer ses subventions de 30 millions de dollars en 2002-2003 à 60 millions en 2007-2008. Le MSSS a réparti ces 30 millions de dollars additionnels entre les maisons d’hébergement, mais il ne s’est pas assuré que ces sommes étaient effectivement requises, ce qu’il aurait pu faire en consultant les agences. »[1] De là à s’interroger sur la gestion de ce type d’établissement, qui demande sans cesse plus de financement, il n’y a qu’un pas, qu’il serait temps de franchir…
Le rapport du vérificateur général n’est cependant que partiel et ne touche que des maisons visitées en Montérégie, Chaudière-Appalache et dans la Côte-Nord. Il cite cependant l’exemple suivant : « Une maison d’hébergement pour femmes violentées ou en difficulté comprenant six lits a vu sa subvention passer de 58 832 dollars à 406 817 dollars entre 2002-2003 et 2006-2007. Or, en 2006-2007 : elle a hébergé au total neuf personnes; son taux d’occupation a été de 12 % (29 % en 2005-2006; son excédent annuel a été de 205 953 dollars (187 984 dollars en 2005-2006); son excédent accumulé non affecté s’est élevé à 555 362 dollars au 31 mars 2007. »[2] Des chiffres qui font frémir ! Jusqu’où va le gaspillage, sur 106 maisons ?
Je rappelle ici qu’il ne s’agit que de résultats partiels mais que ces maisons d’hébergement (bien sûr toutes pour femmes, rien pour les hommes) sont financées à même nos impôts. Il est donc impossible de conclure hors de tout doute à une dilapidation généralisée des fonds publics, pour le moment. Par contre, un tel exemple reste suffisamment inquiétant pour commander une vérification cette fois exhaustive des besoins réels et exprimés en hébergement en vue d’un financement mieux adapté à la réalité des femmes violentées. On ne peut quand même pas subventionner les places en hébergement des femmes battues qui ne s’y rendent pas…
En guise de conclusion…
Deux intégrismes, l’un de l’intérieur, l’autre de l’extérieur. Comment y remédier, tout en gardant à l’esprit la nécessité d’accueillir les immigrants, selon notre capacité et la préséance de nos valeurs, et de continuer à intervenir en fonction des besoins légitimes des femmes, de leur droit à l’égalité, sans inverser une situation aliénante, comme présentement ? Dans un cas comme dans l’autre, seule la vigilance et la militance citoyenne, individuelle et collective, pourront apporter des réponses à ces dilemmes…
Ce texte constitue le douzième chapitre de mon essai intitulé Le syndrome de la vache sacrée.
Ce texte constitue le douzième chapitre de mon essai intitulé Le syndrome de la vache sacrée.
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