Ceux qui croient, non sans raisons, qu’au Québec, les mères bénéficient d’un traitement préférentiel devant la justice pourront respirer plus aisément. La Cour suprême, le plus haut tribunal au pays, vient de débouter l’ancienne championne olympique et confirme le verdict de culpabilité rendu à son endroit pour avoir enlevé sa fille de 11 ans et voulu priver son père, l’entraîneur Jean Paquet, de ses droits de visite. En clair, Myriam Bédard n’a plus aucun recours et devra répondre de ses actes, point final. Terminus, tout le monde descend.
La médaillée olympique ne s’en était pourtant pas si mal tirée précédemment, si l’on considère les faits reprochés. À la suite d’un procès devant jury, tenu en 2007 devant la Cour supérieure, Bédard n’avait écopé que d’une absolution conditionnelle à une période de probation de deux ans, sans avoir à purger de peine de prison ferme, ni de sursis. Tout au plus avait-elle dû remettre ses armes aux policiers, en plus de voir son passeport temporairement suspendu.
Elle aurait pu en rester là. Elle devait remettre ça. « Épaulée » par un conjoint manipulateur et un avocat douteux dans des pérégrinations pathétiques qui ont annihilé un peu plus le souvenir public de l’étoile qu’elle fut, Bédard, habitée par ce sentiment de victime éternelle qui semble lui coller à la peau, devait s’engager à nouveau dans une bataille futile et perdue d’avance.
L’inaccessible étoile
C’est sans doute que la Justice, fatiguée de se voir accusée par certains groupes de pression de parti pris aveugle envers les mères, semble avoir décidé de durcir le ton, et les sentences, à leur égard.
Il n’est pas si loin le temps où Cathy Gauthier-Lachance, cette mère reconnue coupable d’infanticide, au Saguenay, sur ses trois enfants, consécutif à un pacte de suicide avec son conjoint, Marc Laliberté, aurait pu être acquittée. On aurait alors invoqué la mainmise du mari sur sa femme, le syndrome de la femme battue, ou Dieu sait quoi encore. Elle a pourtant été condamnée à perpétuité. Difficile de recevoir pire sentence.
Et que dire de cette jeune mère de 17 ans, accusée d’homicide involontaire à la suite de la mort de son bébé de 21 jours, laissé sans surveillance et mort des suites des morsures d’un chien husky. Même jugée devant la Chambre de la Jeunesse de Saint-Hyacinthe, elle a dû faire face à des accusations d’une sévérité sans précédent. Conséquence d’une volonté conservatrice de serrer la vis aux jeunes contrevenants ?
Dans un cas comme dans l’autre, il est à se demander si notre système judiciaire ne risque pas de passer d’une mollesse inexcusable à une dureté injustifiée. Le juste milieu, en toute chose, semble une inaccessible étoile…
Au village, numéro 6 !
Partie à Washington, en octobre 2006, avec fille et conjoint, soi-disant pour « fuir le terrorisme bureaucratique canadien », Bédard, après une vie de nomade hotelière de 87 jours, devait se voir arrêtée et mise en prison pendant 14 jours avant d’être rapatriée au Canada. On jurerait une prise oubliée de la série Le prisonnier, où le numéro 6 se voit forcé de réintégrer le village qu’il tente en vain de fuir.
Apprendre de ses erreurs...
Tous autant que nous sommes, nous n’avons pas d’autre alternative, tôt ou tard, que d’apprendre de nos erreurs. Pas Myriam Bédard. Elle, elle peut faire sans. La voilà au contraire qui accuse maintenant le système judiciaire québécois de « terroriser (sa) vie et celle de (sa) famille avec des actes illégaux » dans une lettre adressée au cabinet du ministre de la Justice ainsi qu’à la Cour suprême. Nous avons tous besoin d’un hobby…
La pauvre imagine encore que son témoignage incohérent et erratique précédant la tenue de la commission Gomery sur le scandale des commandites est à l’origine de tous ses déboires. Il n’y a vraiment qu’elle pour s’en rappeler. Dans son intérêt, elle devrait joindre la majorité de ceux qui ont préféré oublier pareille dérive et passer à autre chose…
Sur le même sujet : À l'ombre de Maman Plouffe... juillet 2007
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