Ceux et celles qui lisent régulièrement mon blog savent que je cultive un certain humour où le second degré reste à l'honneur. J'aurais donc mauvaise grâce à critiquer quiconque recourt au même procédé afin de faire passer une idée, souvent subversive, par un soupçon de drôlerie qui en adoucit le côté « perturbateur ».
Sur le coup, je me dis que, depuis belle lurette, rien ne pouvait désormais me surprendre en matière d'accommodements déraisonnables, au plan du ridicule. Une nouvelle frontière dans ce domaine où personne ne devrait tenir à s'illustrer venait pourtant en apparence d'être reculée grâce au concours dérisoire d'une poignée d'andouilles fanatisées.
Quand même, j'eus le réflexe - salutaire, devais-je réaliser par la suite - de vérifier si d'autres médias avaient traité le sujet, pour découvrir un étonnant silence radio, ce genre de nouvelle ne tardant pourtant jamais à faire la une. Un parfum de canular commençait à investir l'atmosphère... Je lançais donc un « avis de recherche » dans Facebook en vue de trouver des sources susceptibles de confirmer ou d'invalider ce « scoop » apparent. Une première amie Facebook me confirma qu'il devait s'agir d'un canular, tandis qu'une autre m'informa que la source, l'Axe du Mad, était un site bien connu d'humour grinçant. Bon, tout devenait clair.
Canular bien ficelé
Je n'ai pratiquement jamais travaillé dans les médias ayant pignon sur rue, mais j'ai une formation journalistique et une expérience rédactionnelle étendue. Il était normal pour moi d'avoir le réflexe de vérifier mes sources, de douter, et de tenter de les valider ou de les rejeter. Tout le monde n'a pas le même réflexe. « L'article » était si bien ficelé, rédigé en très bon français, affichant des normes journalistiques crédibles, et faisant état d'une situation malgré tout si plausible, qu'il était normal qu'un lecteur n'ayant pas l'heure de connaître l'Axe du Mad, comme la majorité donc, puisse se laisser prendre au jeu et croire en la véracité d'une telle farce.
En fait, je m'étonne presque que cet événement ne soit que fictif...
Un exercice inoffensif ?
Pas si sûr. Comprenons-nous bien. Je questionne mais ne condamne pas la blague, sophistiquée et, avec le recul, plutôt amusante de l'Axe du Mad. Mon propos n'est pas davantage un appel à la censure de telles initiatives. Les gens comme moi restons suffisamment menacés d'un silence imposé pour éviter de recourir à cette arme dangereuse pour la démocratie, la liberté d'expression et le droit du public à une information sans omissions indues. Je crois cependant que les personnes qui s'expriment sur la toile doivent demeurer responsables de leurs propos, en raison du pouvoir d'influence, variable selon les cas, qu'elles détiennent, et juger de leur impact.
Dans le cas de l'Axe du Mad, je constate que, même une fois le canular dénoncé, des internautes tombent toujours dans le panneau et tiennent des propos hostiles, voire virulents. Si je crois personnellement que l'islamisme doit être dénoncé avec force et vigueur, je pense également qu'il doit l'être en lien avec des événements réels, et Allah sait qu'il s'en trouve en quantité suffisante pour éviter de jeter de l'huile sur le feu.
Ces bêtes qui ne se doutent de rien... |
Un événement récent devait m'inciter toutefois à reconsidérer mon point de vue, tandis qu'un ami Facebook mettait en ligne un texte, en apparence sérieux, nous « informant » qu'un obscur organisme islamique, le Regroupement musulman du Québec (RMQ), souhaitait ardemment voir changer le nom honni,
à leur yeux, de la municipalité de Sault-au-Cochon, de façon à faire
disparaître, vous l'aurez compris, l'épithète « Cochon », à l'origine
d'irrésistibles démangeaisons soi-disant religieuses.
Sur le coup, je me dis que, depuis belle lurette, rien ne pouvait désormais me surprendre en matière d'accommodements déraisonnables, au plan du ridicule. Une nouvelle frontière dans ce domaine où personne ne devrait tenir à s'illustrer venait pourtant en apparence d'être reculée grâce au concours dérisoire d'une poignée d'andouilles fanatisées.
Quand même, j'eus le réflexe - salutaire, devais-je réaliser par la suite - de vérifier si d'autres médias avaient traité le sujet, pour découvrir un étonnant silence radio, ce genre de nouvelle ne tardant pourtant jamais à faire la une. Un parfum de canular commençait à investir l'atmosphère... Je lançais donc un « avis de recherche » dans Facebook en vue de trouver des sources susceptibles de confirmer ou d'invalider ce « scoop » apparent. Une première amie Facebook me confirma qu'il devait s'agir d'un canular, tandis qu'une autre m'informa que la source, l'Axe du Mad, était un site bien connu d'humour grinçant. Bon, tout devenait clair.
Canular bien ficelé
Je n'ai pratiquement jamais travaillé dans les médias ayant pignon sur rue, mais j'ai une formation journalistique et une expérience rédactionnelle étendue. Il était normal pour moi d'avoir le réflexe de vérifier mes sources, de douter, et de tenter de les valider ou de les rejeter. Tout le monde n'a pas le même réflexe. « L'article » était si bien ficelé, rédigé en très bon français, affichant des normes journalistiques crédibles, et faisant état d'une situation malgré tout si plausible, qu'il était normal qu'un lecteur n'ayant pas l'heure de connaître l'Axe du Mad, comme la majorité donc, puisse se laisser prendre au jeu et croire en la véracité d'une telle farce.
L'intégration est un art... |
J'ai bien dit « plausible ». Après l'imposition du kirpan dans les écoles, du turban dans les tournois de soccer, l'épisode des vitres givrées au YMCA, l'interdiction du porc dans un hôpital juif, son retrait désiré dans les CPE et les cabanes à sucre, l'imposition d'une tenue vestimentaire « décente » à Héma Québec, les cours prénataux et les piscines dont les hommes sont exclus, le refus d'être servi par une femme à la SAAQ, pour ne mentionner que ces aberrations revendiquées au nom de prétendues convictions religieuses, la perspective qu'un groupe isolé d'hurluberlus souhaite imposer un changement de nom à une municipalité en raison de la valorisation insupportable d'un animal impur n'aurait rien eu de bien surprenant.
En fait, je m'étonne presque que cet événement ne soit que fictif...
Un exercice inoffensif ?
Pas si sûr. Comprenons-nous bien. Je questionne mais ne condamne pas la blague, sophistiquée et, avec le recul, plutôt amusante de l'Axe du Mad. Mon propos n'est pas davantage un appel à la censure de telles initiatives. Les gens comme moi restons suffisamment menacés d'un silence imposé pour éviter de recourir à cette arme dangereuse pour la démocratie, la liberté d'expression et le droit du public à une information sans omissions indues. Je crois cependant que les personnes qui s'expriment sur la toile doivent demeurer responsables de leurs propos, en raison du pouvoir d'influence, variable selon les cas, qu'elles détiennent, et juger de leur impact.
Dans le cas de l'Axe du Mad, je constate que, même une fois le canular dénoncé, des internautes tombent toujours dans le panneau et tiennent des propos hostiles, voire virulents. Si je crois personnellement que l'islamisme doit être dénoncé avec force et vigueur, je pense également qu'il doit l'être en lien avec des événements réels, et Allah sait qu'il s'en trouve en quantité suffisante pour éviter de jeter de l'huile sur le feu.
Les pièges, pas que pour les ours... |
L'amie Facebook qui devait me confirmer l'arnaque des humoristes souleva un point digne d'intérêt auquel j'avais moi-même pensé : se peut-il que, sous le couvert de faire de l'humour, le canular en question ait eu pour but d'amener des militants anti islamistes à tomber dans le panneau et à se couvrir ensuite de ridicule en dénonçant une fausse idiotie ?
Si tel devait être le cas, une telle initiative aurait eu deux conséquences funestes : l'accentuation des tensions stériles envers les musulmans qui n'adhèrent pas à l'islam radical et la banalisation par le ridicule d'une remise en question salutaire et incontournable d'une idéologie rétrograde et oppressante dont les femmes et les homosexuels demeurent les premières - mais non les seules - victimes.
2 commentaires:
Simplement pour vous dire que votre plume m'enchante Olivier!
Le plaisir est pour moi. ;-)
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