Un dicton dit qu’un service en attire un
autre, tout comme il existe un précepte voulant que si l’on donne, on doive le
faire sans ostentation. C’est sans doute
ces deux nobles principes qui guidaient Sandy McGuire, directrice adjointe du
Centre d’amitié autochtone de Val d’or, quand elle a d’abord nié avoir payé la
caution de 1000 $ qui avait permis à Priscilla Papatie, plaignante autochtone
ayant témoigné à l’émission Enquête,
de recouvrer sa liberté.
Priscilla Papatie, plaignante autochtone libérée |
Précisons
que Mme Papatie, arrêtée le 3 novembre dernier pour bris de probation, avait
déclaré à cette émission qu’un policier du poste de
la Sûreté du Québec à Val-d’Or l’avait bousculée et l’avait déchaussée avant de
l’abandonner sur un banc de neige, dans la cour d’un magasin Walmart. Une autre femme autochtone avait carrément
accusé huit policiers de l’avoir forcée à leur faire des fellations moyennant
200 $ chacun, 100 $ « pour le service », et 100 autres, « pour fermer sa gueule
». Cette dernière déclaration a été diffusée à plusieurs reprises au cours de la tempête médiatique que l'on sait.
Questionnée
avec plus d’insistance par David Prince, du Journal de Montréal, la directrice adjointe du CAAVD devait finalement confirmer le
paiement de la caution du bout des lèvres, devant l’évidence de documents de
cour « pourtant clairs ». Elle s’est ensuite
refusée à tout commentaire.
Le Journal a néanmoins poursuivi
avec cette question on ne peut plus cruciale, qui pourrait bien expliquer la
discrétion et la modestie de Mme McGuire : «Interrogée ensuite pour
savoir si le Centre d’amitié autochtone se sentait redevable envers Mme Papatie
parce qu’elle a témoigné à visage découvert à l’émission Enquête, Mme Mcguire a répondu qu’elle comprenait notre
questionnement, mais qu’elle ne voulait pas commenter. » Il y a des moments dans la vie, comme ça, où
on se garde une petite gêne…
Cette
question avait cependant toute sa pertinence si l’on songe que, après la
diffusion du reportage très féministe de Radio-Canada, présentant les femmes
autochtones comme des victimes dont la parole ne saurait être mise en doute, et
les policiers comme forcément coupables d’agressions sexuelles, le CAAVD a vu
comme par miracle sa subvention annuelle déjà plantureuse de 2 M $ portée à 6,1
M $ !
De là à parler d’un coup de markéting social, habilement orchestré entre
le CAAVD et la société d’État, à n’en pas douter couronné de succès, il n’y a
qu’un pas, que je franchis allègrement.
Ainsi que le précise le Journal :
« À la
suite d’une rencontre avec les chefs des communautés autochtones le 4 novembre,
le premier ministre Philippe Couillard a annoncé une subvention de 6,1 M$ au
Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or. »
Le 4 novembre, c’est peu de temps après le reportage d’Enquête diffusé le 22 octobre, non ?
Une question innocente, comme ça : Une telle annonce serait-elle survenue sans le buzz médiatique du reportage biaisé de Josée Dupuis et Benoit Michaud ? Poser la question, c’est y répondre.
Une question innocente, comme ça : Une telle annonce serait-elle survenue sans le buzz médiatique du reportage biaisé de Josée Dupuis et Benoit Michaud ? Poser la question, c’est y répondre.
Une pratique surprenante
Stéphane Grenier, lanceur d'alerte... |
Les soupçons
légitimes d’un retour d’ascenseur pour service rendu se voient alimentés par la
surprise causée à l’annonce de la libération de Mme Papatie : « La directrice du Regroupement des centres d’amitié
autochtones, Tanya Sirois, s’est dite très surprise d’apprendre qu’un centre a
payé une caution pour faire libérer une femme autochtone. Elle a mentionné
qu’il n’y avait aucun programme en place dans les centres d’amitié autochtones
pour payer des cautions. »
Tout
comme Mme McGuire, Mme Sirois n’a pas voulu commenter davantage, alléguant que
« la situation à Val d’or était très complexe. » On peut prendre la mesure d’une telle
complexité par les déclarations récentes de Stéphane Grenier, président de La
Piaule, un organisme qui vient en aide aux itinérants, qui s’est dit victime
d’intimidation de la part d’Édith Cloutier, directrice du CAAVD.
Dans une lettre envoyée au
député libéral Guy Bourgeois, l’intervenant avait déclaré que 80 % des
itinérants étaient des non autochtones et que le monopole financier consenti au
CAAVD risquait fort de les exclure de services essentiels. Il ajoutait ce constat lapidaire : «Je
me rends compte que nous avons tous été manipulés par Madame Cloutier.
Val-d'Or, ses citoyens et sa police sont les otages d'une personne qui ne
recule devant rien pour atteindre ses objectifs. D'ici peu, nous vivrons une
nouvelle crise.» Pourquoi n’ai-je pas de doutes
là-dessus ?
La
poussière qui retombe tranquillement à la suite du reportage sensationnaliste
de Radio-Canda et du départ très émotif de la ministre de la Sécurité publique,
Lise Thériault, pourrait bien finir par salir, par les jeux de coulisses qu’elle
a momentanément dissimulés, les
journalistes incompétents d’Enquête,
sur lesquelles Dominique Payette pourrait se pencher, mais, surtout, la
direction du CAAVD.
Mais
qui seront les vrais perdants, dans toute cette saga ? À n’en pas douter les femmes autochtones elles-mêmes,
dont les multiples problématiques seront balayées par un psychodrame qui avait
la douteuse prétention de leur venir en aide…
4 commentaires:
Olivier,
Ce qui me surprend les plus de votre texte, est que sans me semble que ça vous surprend! Plus rien n'est impossible de notre Ultragauche féministes marxiste-léniniste!
Moi non plus, je ne suis pas surpris, mais j'espère surprendre le plus grand nombre avec ces révélations. Je trouve que ce psychodrame est une exemple probant de manipulation médiatique à des fins mercantiles. De toute... laideur !
M.Kaestlé, j'ai eu toute une surprise à première vue de votre texte, qu'il y avait une seconde femme autochtone emprisonnée. Et à la lecture de vos perceptions, et connaissances de cause, j'ai porté ma reflexion un peu plus loin.
Si vous me le permettez, je vous la donne. ... "Et si ça serait pas un autre jeu politique dans lequel les auteurs ont profité de l'occasion pour se faire le pactole après avoir essyer une debâcle mediatique ?" ... Ce pourrait il que cette grande innequité est voulue, esoerant fermer la trappe aux femmes autochtone et centre amitié et fâcher royalement le restant de Val d'or contre ce centre et ces femmes ?
À votre question : « "Et si ça serait pas un autre jeu politique dans lequel les auteurs ont profité de l'occasion pour se faire le pactole après avoir essyer une debâcle mediatique ?" .. », je répondrais que je suis d'accord, à ce détail près que je pense que l'occasion a pu être provoquée, mais rendu là, il s'agit de spéculation de ma part. Je pense cependant que la débâcle médiatique a pu au moins être saisie.
À votre autre question : « Ce pourrait il que cette grande innequité est voulue, esoerant fermer la trappe aux femmes autochtone et centre amitié et fâcher royalement le restant de Val d'or contre ce centre et ces femmes ? », je répondrais que ce tsunami médiatique ne règlera en rien le sort des femmes autochtones victimes de violence puisque cette violence origine majoritairement d'autochtones. Les policiers représentent des coupables faciles parce que blancs, hétéros et figures d'autorité. En les prenant comme boucs émissaires, on rate la cible et les problèmes des femmes resteront entiers.
Il est certain que la crédibilité des femmes autochtones, déjà fragile en ressortira diminuée, mais que celle du CAAVD pourrait connaître le même sort, ce qui serait une bonne chose, si les allégations du directeur de la Piaule s'avèrent fondées.
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