Il
aurait été le premier à rigoler en haussant les épaules à cette
supposition. Le défunt interprète de
Simon Templar, alias le Saint, de Lord Brett Sinclair et, bien sûr, de James
Bond, alias 007, ne s’est jamais beaucoup pris au sérieux. Il en était presque arrivé à excuser ses deux
premières épouses de l’avoir battu pendant 15 ans, affirmant qu’il « n’avait
jamais dit qu’il était gentil ».
Roger Moore, tel que je l'ai découvert, enfant. |
Il devait quelques années
plus tard préciser qu’il avait connu, bibliquement bien sûr, davantage de
femmes que James Bond, ce qui donne une idée des tourments et des frustrations
vécues par ses épouses. Non, sir Roger n’était
pas un saint…
Au moment où j’ai appris sa
mort, des suites d'un cancer, j’avais fini de passer en rafale, comme chaque année – presque
religieusement - la série complète des 118 épisodes du Saint. Je commence en ce moment les 24 épisodes d’ Amicalement
vôtre, avec Tony Curtis, avant de me lancer dans les sept James Bond auxquels
le débonnaire acteur a donné un second souffle après le départ de l’austère Sean
Connery et le passage éphémère de George Lazenby.
Le
héros de mon enfance
Roger Moore a été le héros
de mon enfance et le fait de revoir ces vieux films me replonge dans des joies
aussi simples qu’essentielles. J’ai
l’impression de retrouver mes racines à chaque année, un peu comme lorsque je
passe - toujours en rafale – la discographie complète des Beatles.
Sir Roger interprétait un
type de héros dont on ne trouve guère de successeurs aujourd’hui, même pas en
Daniel Craig, l’actuel 007, pourtant excellent, malgré un jeu pour le moins
stoïque.
Interprété par Moore, Simon
Templar, pétillant, désinvolte, élégant et raffiné, s’exprimait avec un humour
spirituel et une aisance recherchée.
Rien n’amusait tant mon père que de le voir croiser le fer avec l’imparable
chef inspecteur Claude Eustace Teal, son souffre-douleur préféré, interprété avec
brio par l’excellent et mésestimé Ivor Dean.
Je frémis à l’idée d’un
Patrick McGoohan acceptant le rôle du Saint.
Les producteurs de cette émission avaient en effet d’abord pensé à l’interprète
et créateur du Prisonnier, à la suite du succès de la série Destination danger
(Dangerman). Pour avoir lu quelques
romans de Leslie Charteris, le créateur du Saint, il était évident que le très
décontracté Roger Moore convenait mieux au désinvolte Templar que le volcanique
McGoohan…
Le
déroutant lord décadent…
Roger Moore et sa turbulente covedette, Tony Curtis... |
Vous dire mon trouble, vers
mes 14 ans, lorsque je retrouvais mon idole de toujours, jusqu’ici si sûr de
lui, ingénieux, indomptable et rusé dans le rôle d’un lord Brett Sinclair, empesé, pataud et
poltron, qui servait occasionnellement de faire-valoir au personnage de Danny
Wilde, son alter égo interprété par Tony Curtis, cabotin à souhait.
Avec le recul, j’ai fini par
trouver la série Amicalement vôtre excellente et les comédiens, savoureux, hormis certaines
scènes où Moore semble exaspéré par les libertés que prend son partenaire
avec le script original. Avec humour et
à mots à peine couverts, sir Roger a
évoqué dans son autobiographie cette contrainte et les inévitables retards de
production que sa covedette entraînait.
Selon sir Lew Grade, le
grand patron de ITC, qui a produit une avalanche de séries britanniques à succès, dont Le
Saint, Département S, Chapeau melon et bottes de cuir, L’homme à la valise et
Le prisonnier, Moore n’aurait pas tourné une deuxième série avec l’électron
libre qu’était Tony Curtis, trop imprévisible, devant et en dehors de la
caméra.
Un
vent de renouveau
Un nouveau 007, cuvée 1973... |
Même en 1973, Patrick
McGoohan aurait été approché pour prendre la relève de Sean Connery dans le
rôle de James Bond. Heureusement encore,
il aurait refusé. Nul doute que l’acteur
américain d’origine irlandaise aurait été excellent dans ce rôle, mais Moore,
par effet de contraste d’avec Sean Connery, et par la légèreté et l’humour qu’il
apportait au personnage si dramatique de Bond, en garantissait d’autant plus le
succès par un esprit de renouveau.
Un survol de la carrière de
Roger Moore serait incomplet sans souligner sa contribution à l’UNICEF depuis
1993, effort qui lui a valu, plus que sa carrière d’acteur, d’être anobli. De mon côté, ce sera sans doute avec un
pincement au cœur, l’an prochain, que je reverrai pour la énième fois l’intégrale
de la série culte de mon enfance. Saint-Roger,
priez pour nous !
2 commentaires:
Bel hommage, cher collègue!
Merci, cher collègue... ;-)
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