mardi 23 mai 2017

Roger Moore: un Saint au paradis ?

Il aurait été le premier à rigoler en haussant les épaules à cette supposition.  Le défunt interprète de Simon Templar, alias le Saint, de Lord Brett Sinclair et, bien sûr, de James Bond, alias 007, ne s’est jamais beaucoup pris au sérieux.  Il en était presque arrivé à excuser ses deux premières épouses de l’avoir battu pendant 15 ans, affirmant qu’il « n’avait jamais dit qu’il était gentil ». 

Roger Moore, tel que je l'ai découvert, enfant. 
Il devait quelques années plus tard préciser qu’il avait connu, bibliquement bien sûr, davantage de femmes que James Bond, ce qui donne une idée des tourments et des frustrations vécues par ses épouses.  Non, sir Roger n’était pas un saint…

Au moment où j’ai appris sa mort, des suites d'un cancer, j’avais fini de passer en rafale, comme chaque année  – presque  religieusement - la série complète des 118 épisodes du Saint.  Je commence en ce moment les 24 épisodes d’ Amicalement vôtre, avec Tony Curtis, avant de me lancer dans les sept James Bond auxquels le débonnaire acteur a donné un second souffle après le départ de l’austère Sean Connery et le passage éphémère de George Lazenby. 

Le héros de mon enfance

Roger Moore a été le héros de mon enfance et le fait de revoir ces vieux films me replonge dans des joies aussi simples qu’essentielles.  J’ai l’impression de retrouver mes racines à chaque année, un peu comme lorsque je passe - toujours en rafale – la discographie complète des Beatles.
 
Sir Roger interprétait un type de héros dont on ne trouve guère de successeurs aujourd’hui, même pas en Daniel Craig, l’actuel 007, pourtant excellent, malgré un jeu pour le moins stoïque.
 
Interprété par Moore, Simon Templar, pétillant, désinvolte, élégant et raffiné, s’exprimait avec un humour spirituel et une aisance recherchée.  Rien n’amusait tant mon père que de le voir croiser le fer avec l’imparable chef inspecteur Claude Eustace Teal, son souffre-douleur préféré, interprété avec brio par l’excellent et mésestimé Ivor Dean.

Je frémis à l’idée d’un Patrick McGoohan acceptant le rôle du Saint.  Les producteurs de cette émission avaient en effet d’abord pensé à l’interprète et créateur du Prisonnier, à la suite du succès de la série Destination danger (Dangerman).  Pour avoir lu quelques romans de Leslie Charteris, le créateur du Saint, il était évident que le très décontracté Roger Moore convenait mieux au désinvolte Templar que le volcanique McGoohan…

Le déroutant lord décadent…

Roger Moore et sa turbulente covedette, Tony Curtis...
Vous dire mon trouble, vers mes 14 ans, lorsque je retrouvais mon idole de toujours, jusqu’ici si sûr de lui, ingénieux, indomptable et rusé dans le rôle d’un lord Brett Sinclair, empesé, pataud et poltron, qui servait occasionnellement de faire-valoir au personnage de Danny Wilde, son alter égo interprété par Tony Curtis, cabotin à souhait.
 
Avec le recul, j’ai fini par trouver la série Amicalement vôtre excellente et les comédiens, savoureux, hormis certaines scènes où Moore semble exaspéré par les libertés que prend son partenaire avec le script original.  Avec humour et à mots à peine couverts, sir  Roger a évoqué dans son autobiographie cette contrainte et les inévitables retards de production que sa covedette entraînait.

Selon sir Lew Grade, le grand patron de ITC, qui a produit une avalanche de séries britanniques à succès, dont Le Saint, Département S, Chapeau melon et bottes de cuir, L’homme à la valise et Le prisonnier, Moore n’aurait pas tourné une deuxième série avec l’électron libre qu’était Tony Curtis, trop imprévisible, devant et en dehors de la caméra.

Un vent de renouveau

Un nouveau 007, cuvée 1973...
Même en 1973, Patrick McGoohan aurait été approché pour prendre la relève de Sean Connery dans le rôle de James Bond.  Heureusement encore, il aurait refusé.  Nul doute que l’acteur américain d’origine irlandaise aurait été excellent dans ce rôle, mais Moore, par effet de contraste d’avec Sean Connery, et par la légèreté et l’humour qu’il apportait au personnage si dramatique de Bond, en garantissait d’autant plus le succès par un esprit de renouveau.

Un survol de la carrière de Roger Moore serait incomplet sans souligner sa contribution à l’UNICEF depuis 1993, effort qui lui a valu, plus que sa carrière d’acteur, d’être anobli.  De mon côté, ce sera sans doute avec un pincement au cœur, l’an prochain, que je reverrai pour la énième fois l’intégrale de la série culte de mon enfance.  Saint-Roger, priez pour nous !

2 commentaires:

Prof Solitaire a dit…

Bel hommage, cher collègue!

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Merci, cher collègue... ;-)

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