Charles Sirois et François Legault |
Peu de gens le réalisent, mais
Charles Sirois, a codéfini l’essence même de la
CAQ, dont il a guidé avec Legault les premiers pas en rédigeant
avec lui vers 2011 un semblant de plate-forme remplie de vœux pieux et creux. Avant même que la CAQ ne prenne le pouvoir, Legault se voyait accusé de favoriser son ami par les
libéraux, mais sans réelle prise sur lui.
Des manchettes bien énervantes…
Le 8 février 2020, Legault a dû avaler son café de travers à la
lecture de cette manchette du Journal de Montréal :
« Un
jour à peine après avoir dévoilé une nouvelle philosophie, Investissement
Québec allonge cinq millions $ à un hôtel du milliardaire et cofondateur de la
Coalition avenir Québec (CAQ), Charles Sirois.
Investissement
Québec (IQ) a prêté ce mercredi 5 M$ au Château Mont-Sainte-Anne, un hôtel
de luxe au pied des pistes de ski de ce mont près de Québec, révèlent des
documents notariés obtenus par notre Bureau d’enquête. »
Nul doute que la classe moyenne a tout intérêt à voir se
concrétiser la réalisation d’un tel projet.
La négociation des conditions de ce prêt a toutefois été amorcée sous le
règne libéral en 2018, mais s’est poursuivie une fois la
CAQ élue :
« En
décembre 2019, après l’élection de la CAQ, Investissement Québec aurait « donné
suite à une lettre d’intention envoyée au promoteur en confirmant l’offre
financière », selon Manuel Dionne. Ce dernier nous a indiqué que François
Legault n’aurait pas été mis au courant du projet de son ami. »
Dionne est pourtant porte-parole du cabinet du premier ministre. Ils se parlent pas, ces deux-là, faut croire.
Une
autre « tuile » pour Legault
La
morosité du chef caquiste ne devait pas s’atténuer par la suite puisque le Journal
revenait à la charge avec cette manchette du 26 février 2020 :
« Québec
vient à nouveau en aide à une entreprise appartenant au milliardaire Charles
Sirois, cofondateur de la CAQ et ami de François Legault. Investissement Québec
mise 5 millions $ dans une autre de ses firmes en développement.
L’État
québécois a pris à la fin janvier une participation directe de 5 millions $
dans Transmission CVTCORP, une entreprise de Sainte-Julie, sur la Rive-Sud de
Montréal, pour l’aider à maximiser sa capacité de production. »
Outré, Legault s’est défendu en
plaidant, ô surprise, l’ignorance de cet octroi :
« Le
montant a été donné en vertu d’un programme normé. Je n’étais pas
au courant avant d’avoir lu Le Journal de Montréal de ce
montant qui a été versé à Charles Sirois », a-t-il affirmé.
N’est-il pas étonnant, cet aveu d’un
premier ministre à l’effet qu’il lui faille lire le Journal de Montréal pour savoir
ce qui se passe dans son propre gouvernement, à plus forte raison quand un ami
personnel est en cause ?
Un cas d’incommunicabilité
masculine ?
Tout en reconnaissant que Legault
dit vrai en mentionnant que le montant a été donné en vertu d’un programme
normé, le journaliste souligne ce détail embarrassant :
« Un
des membres les plus influents de son cabinet, le ministre
de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a eu à autoriser directement cet
investissement.
C’est ce que nous a confirmé ce lundi Mathieu St-Amand, directeur
des communications au cabinet du ministre Fitzgibbon. »
En
clair, Legault, tout à fait ignorant de la situation, n’en avait jamais entendu
parler ni de la part de son ami, Charles Sirois, ni de celle du porte-parole de
son gouvernement, Manuel Dionne, ni de celle de son ministre de l’Économie,
Pierre Fitzgibbon. Un cas flagrant d’incommunicabilité
masculine, faut-il présumer :
« Là
encore, le premier ministre Legault n’était pas au courant de cette
aide financière, selon son cabinet. Il n’a
pas apprécié non plus que notre Bureau d’enquête souligne que Charles Sirois et
lui sont des amis. »
Legault
était-il au courant de cette nouvelle démarche ?
Parlant
de Fitzgibbon, on peut se demander si Legault avait entendu parler de la
perspective du financement d’un autre projet de Sirois :
« Le
ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a également reconnu qu’il
envisageait de réinvestir dans le projet North Star de Charles Sirois, un
ambitieux projet de satellites qui a déjà reçu un financement de 13 millions $
de Québec en 2018 quand les libéraux étaient au pouvoir. »
C’est fou comme les choses ont changé
depuis les libéraux. Comme la nouvelle
est parue dans le Journal de Montréal, il faut présumer que Legault a fini par
en prendre connaissance.
Mais ce n’est pas tout…
Si vous croyez avoir tout lu sur
les liens incestueux qui unissent Charles Sirois à la CAQ, vous n’avez encore
rien vu. Le Journal de Montréal devait
récidiver le 24 avril 2021 sous la plume lapidaire de Jean-Louis Fortin :
« « Patate chaude :
problème embarrassant que chacun essaie de faire résoudre par un autre : ce
dossier, c’est une patate chaude », nous dit le Larousse.
J’ajoute une autre définition, très actuelle et toute
québécoise : un contrat sans concurrence de 36 M$ à une firme
liée à Charles Sirois, le cofondateur de la Coalition avenir Québec (CAQ) et ami du premier ministre, François
Legault. »
On ne joue plus aux petites
quilles. Le journaliste souligne en plus
cette incohérence :
« Le
mandat octroyé à PetalMD pour une plateforme de prise de rendez-vous en ligne
l’a été dans le contexte de la pandémie, d’après
le communiqué de presse daté du 5 août dernier dans lequel le ministre
délégué à la Santé, Lionel Carmant, est cité.
Si c’est
vrai, l’urgence pouvait donc justifier d’esquiver le processus habituel
d’appel d’offres.
Or, le
ministère de la Santé a répondu par courriel à mes collègues que l’urgence
sanitaire n’avait rien à voir avec ce contrat. »
Legault, qu’il fallait pour une
fois présumer au courant d’un dossier, avait aussitôt contredit son ministère de
la Santé :
« François Legault a contredit le
ministère dès le lendemain de notre publication, affirmant en conférence de presse qu’il
y avait bel et bien un lien avec la pandémie. Qui croire ? »
Dédoublement de personnalité ?
Legault serait-il victime
d’un dédoublement de personnalité ? Il devait
ensuite déclarer :
« Le
premier ministre a aussi plaidé l’ignorance, jeudi,
concernant l’octroi du contrat à PetalMD.
« Les
choix qui sont faits concernant les approvisionnements, je ne me mêle pas de
ça. Je ne suis pas au courant, même, de ça », a-t-il affirmé. » »
Les
rats quittent le navire
En attendant, devant cette « patate
chaude », les rats avaient quitté le navire :
« Tour à tour, les ministres de la
Santé, Christian Dubé, et de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, ont voulu se dissocier
de l’octroi de ce contrat. La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, leur
avait pourtant donné beaucoup de crédit à ce sujet en commission parlementaire,
mais le gouvernement assure aujourd’hui qu’il s’agissait d’un quiproquo. »
Si vous y comprenez quelque chose…
S’il finit par y avoir une
commission d’enquête sur la gestion désastreuse de la pandémie par la CAQ, vous
savez d’ores et déjà quelle sera la réponse de notre premier ministre aux
questions les plus embarrassantes :
« Je n’étais pas au
courant. »
Heureusement, il lui reste la ressource de s’informer sur ce qui se passe au sein de son gouvernement en lisant le Journal de Montréal…
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