S’il est un sujet qui indispose les journaux, c’est bien celui des fausses allégations. On jurerait que leurs rédacteurs en chef redoutent de se voir jeter dans un bac d’huile bouillante par Michelle Asselin en personne s’ils en traitent. Chaque année pourtant, des hommes, en majorité, se voient empêtrés injustement entre les mailles de notre système judiciaire et doivent se défendre contre des accusations sans fondement. Voici, sur la question, le deuxième de trois articles refusés par les médias auxquels il a été adressé.
Premier article : « Des chasses à l’homme »
Troisième article : « La présomption d’innocence est impérative ! »
Le 16 novembre (L’article date de 2006. N.D.A »), un père a été condamné à Sorel-Tracy pour possession de matériel pornographique infantile. Il avait un instant conservé des photos osées que ses fils de sept, dix et douze ans avaient prises d’eux-mêmes et ce, dans le but de les sermonner. Le juge Ronald Dudemaine, cité dans le Journal de Montréal du 17 novembre, admettait qu’on lui avait démontré que les enfants, et non le père, étaient bel et bien les auteurs des photos. Le hic, précisait-il, c’est que la loi n’accorde aucun délai pour la possession de matériel pornographique infantile. L’accusé ayant reconnu avoir détenu les photos, même temporairement, il était automatiquement condamné. C’est aussi absurde que ça en a l’air.
Le juge n’a pas retenu l’extrême divergence qui opposait à l’origine la Couronne et la défense sur le nombre et la nature des photographies saisies lors de perquisitions. Selon les Hebdos montérégiens du 13 août 2005, la Couronne clamait qu’il s´agissait de 1500 à 1700 photos d’une multitude d’enfants, dont ceux de l’accusé. Pour la défense, ce nombre ne dépassait pas 17 photographies.
Que les accusations très lourdes de la Couronne aient finalement été abandonnées, il y a de quoi s’interroger. A-t-on protégé un coupable, après l’avoir traîné dans la boue ? Peu vraisemblable. A-t-on plutôt couvert une bourde policière ? Ce ne serait pas la première, dans ce type d’affaire. La Couronne a-t-elle outrepassé ses pouvoirs en portant publiquement des accusations aussi graves, finalement non fondées ? Poser la question, c’est y répondre. Les médias se sont-ils faits les complices d’un accès d’hystérie collective ? À votre avis ?
Le juge précisait que les accusations avaient été portées par la mère dans un contexte de lutte judiciaire pour la garde exclusive des enfants. Il ajoutait que celle-ci avait « induit le tribunal en erreur » en omettant de dire qu’elle avait elle-même disposé des « photos délicates » pendant plus de neuf mois. Aucune accusation de possession de matériel pornographique infantile n’a cependant été portée dans son cas. Deux poids, deux mesures.
Or, bien que son ancien conjoint lui ait transmis une copie du CD litigieux le 24 octobre 2004, ce n’est pas avant le 4 août 2005 qu’elle l’accusait. Elle avait pourtant déclaré avoir agi sitôt après avoir pris connaissance des photos. Comment interpréter un tel manque de curiosité familiale et une si grande lenteur à réagir chez une mère aimante et désireuse de protéger ses petits ?
L’arbitraire des lois, la rigueur questionnable de l’enquête policière et les réserves sévères exprimées par le juge Dudemaine sur la mère donnent à ce procès des allures de parodie de justice et au verdict rendu, celles d’une mauvaise plaisanterie. De quelle justice parlons-nous ici ? Espérons qu’une fois grands, les trois fils auront la maturité nécessaire à évaluer les mérites respectifs de leurs deux parents. Cette justice-là, on ne la manipule pas toujours aussi aisément…
20 novembre 2006
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