Tel que promis hier, je vous présente la suite inédite de mon odyssée à travers la tempête du siècle, survenue le 8 mars 2008. Avertissement aux natures sensibles : à lire en compagnie d'un proche ou d'une bonne boisson chaude...
C’est le 8 mars, journée internationale des femmes, qu’est survenue la tempête du XXI e siècle, ainsi baptisée par certains médias. Si, comme le chante Corneille, Dieu est une femme, elle a dû se sentir contrariée par ces hommes téméraires, sans doute plus nombreux que leurs consoeurs, à s’être lancés imprudemment sur les routes, en ces heures indues. Gardons-nous, toutefois, d’attribuer trop hâtivement son divin courroux à toute la gent féminine. Demandons-nous plutôt, avec Claude Dubois, si Dieu existe, devant cet hypothétique « Act of God ».
Ce jour-là, à la tête d’un commando d’automobilistes résolus, j’avais traversé la pire tempête de mes 32 années d’expérience routière, à partir de mon lieu de travail, à Bécancour, jusqu’à mon domicile, à Trois-Rivières, sans dégâts physiques, ni matériels. Après avoir survécu à pareil cataclysme, je ne voyais pas quel sort funeste aurait pu me menacer. C’était sans compter le service de déneigement de ma ville…
Le lendemain dimanche, minuit moins une, au terme d’une fin de semaine de travail de 28 heures, j’arrivais, fourbu, aux abords de ma maison. Si les autoroutes étaient efficacement dégagées, la situation de mon quartier, Ste-Cécile, laissait fortement à désirer. Évidemment, il ne fallait pas demander le Pérou, le jour suivant une tempête. Juste un peu de discernement, de stratégie. Aussi, après avoir tourné le coin de rue menant à mon domicile, je constatai avec étonnement que je disposai à peine de la largeur de mon véhicule dans la voie de gauche pour atteindre mon garage, sur le même côté. L’autre voie était bloquée. « Ma voisine est séquestrée », observais-je.
Mon entrée, pourtant maintes fois dégagée par un contractant privé, était à nouveau obstruée par un épais monticule de neige durcie, haut de trois à quatre pieds, sur sa droite. Il aurait suffit d’un tout petit coup de pelle mécanique, de trente seconde, pour tasser la neige un peu plus loin, comme ce fut toujours le cas par le passé. Ainsi que l’affirmait Forrest Gump, il y a des gens, comme ça, qui font des choses qui n’ont pas beaucoup de sens.
Aussi improbable que cela paraisse, ce tableau représentait une amélioration, en comparaison de deux fins de semaines où je découvris, chaque fois, une montagne de trois mètres droit devant mon garage. Houdini m’aurait envié les prouesses de contorsionniste dont j’ai dû faire preuve, à ces moments-là, pour sortir ma Tercel, afin d’aller travailler. J’avais depuis sensibilisé un déneigeur à mes déboires. Je sentis chez lui une lueur vacillante de compréhension, voire d’empathie, brûler furtivement au fond d’un regard placide. Au lieu de mètres, il aura fini par ne m’encombrer qu’en pieds.
Après avoir sommairement déneigé mon entrée, je tentais enfin de garer mon véhicule, cette fois une Chevrolet Cavalier, acquise la semaine précédente. Là où ma Tercel serait passée en se jouant, ma nouvelle auto, trop lourde, dévia et fonça, avec la majesté d’une baleine échouée, dans le banc de neige problématique, pour y rester prise, inexorablement. Ça valait la peine de survivre, sur les routes, à la tempête du siècle, pour aboutir à pareil résultat, dans mon entrée de garage. Vivement le printemps. Avec la fonte, disparaîtront les déneigeurs. Peut-être pourrait-on ne pas tenir d’hiver, l’an prochain ?
16 mars 2008
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