Après avoir failli autoriser la charia, au grand dam de tout ce qu’il y a de civilisé au Canada, alors que maintenant, un procès pour abus sexuels répétés se voit retardé parce qu’un tribunal doit trancher si la plaignante peut témoigner avec son niqab, l’Ontario fait à nouveau la manchette avec la victoire aussi injustifiée que loufoque d’un agent de sécurité sikh contre Home Depot. Le motif ? Le monstre qui sert de gérant de succursale de cette compagnie à Milton, à l’ouest de Toronto, a voulu imposer à cet infortuné gamin de 52 ans, travaillant pour une agence privée, le port d’un casque de sécurité, en décembre 2005, à l’occasion de travaux de construction qui devaient précéder l’ouverture du magasin. Faut-il être assez méchant ?
Voilà un ordre patronal presque aussi monstrueux que de demander à une musulmane de retirer son niqab pour servir les clients ! Il faut comprendre que, pour obéir à pareille directive, le plaignant, Deepinder Loomba, aurait dû commettre l’impensable, soit retirer son turban, exposant ainsi ses cheveux au public, ce qui, selon lui, va à l’encontre de sa religion. Joignant l’insulte à l’infamie, le gérant, Brian Busch, au patronyme terriblement évocateur, et ses employés auraient tourné en dérision cet homme de conviction pour son refus d’obtempérer, M Busch allant même jusqu’à menacer l’infortuné de renvoi s’il n’obtempérait pas.
Depuis quand les raisons de sécurité doivent-elles primer sur les convictions religieuses ? Après tout, si un accident occasionnant un traumatisme crânien était survenu à M Loomba, Home Depot en aurait sans doute été tenue responsable, naturellement, et n’aurait eu qu’à lui verser une compensation substantielle. Être citoyen corporatif ne va pas sans responsabilité sociale, que diable !
Soulignons que M Busch a poussé l’infamie jusqu’à transférer vers d’autres succursales tous les employés sikhs qui refusaient de retirer leur turban durant les travaux, une image qui n’est pas sans évoquer l’envoi de milliers de juifs par les nazis dans les camps de concentration lors de la deuxième guerre mondiale. Tout ça, ose-t-il affirmer, à cause d’une politique fallacieuse de Home Depot obligeant le port d’équipements de sécurité lors de travaux. Mais de qui se moque-t-on ? Home Depot songerait même à demander une révision judiciaire, imaginez !
M Loomba, dont les idéaux s’harmonisent avec le désintéressement le plus noble, a dit souhaiter que la chaîne de magasins change ses politiques. Il songe également à demander une compensation de plus de 25 000 $ pour la discrimination dont il a été si injustement la cible. Et il pourrait bien avoir gain de cause ! Un tribunal devra, dans cette perspective, déterminer si la loi sur la santé et la sécurité au travail contrevient au Code ontarien des droits de la personne. Quand une province a un don naturel pour le ridicule…
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