En 2007, Jean Charest annonçait fièrement l’avènement du premier Conseil des ministres représentatif de la parité homme-femme. C’est à partir d’une députation à 25 % féminine que le premier ministre du Québec allait nommer la moitié de ses ministres. Qui peut encore affirmer, après pareil passe-droit, que la politique québécoise est hostile aux femmes ? Existe-t-il un seul précédent révélant une situation inverse où une minorité d’hommes aurait accaparé 50 % des ministères d’un gouvernement ?
Dans son ultime chronique publiée au Journal de Montréal, l’éminente Lise Payette, ancienne ministre péquiste à la Condition féminine déclarait, le 23 avril 2007, à propos de cette annonce : « J’ai écrit que « les femmes travaillaient plus et mieux que les hommes ». J’ai failli me faire crucifier à cause de cette phrase. Je la maintiens pourtant. Les femmes ont-elles le choix ? Elles ne peuvent pas dormir sur leurs lauriers car elles doivent constamment prouver qu’elles méritent le poste qu’on leur a confié. Elles travaillent toujours plus et mieux. »
http://fr.canoe.ca/infos/chroniques/lisepayette/archives/2007/04/20070423-073901.html
http://fr.canoe.ca/infos/chroniques/lisepayette/archives/2007/04/20070423-073901.html
Les « fainéants » du PQ…
Ainsi s’exprimait celle qui a travaillé avec l’infatigable René Lévesque, le premier ministre le plus significatif et le plus populaire de l’histoire du Québec et avec Jacques Parizeau, l’instigateur acharné de la politique économique du gouvernement, de l’essor d’un capitalisme québécois francophone, créateur du Régime d’épargne-actions, en plus d’avoir favorisé la mise sur pied du Fonds de solidarité de la FTQ.
Peut-être n’a-t-elle par remarqué le discret Camille Laurin, le père de la loi 101, ni Denis Lazure, qui en moins de six ans devait instaurer le réseau des garderies (non, c’est pas Mme Payette qui a fait ça), soutenir les personnes âgées, créer l’Office des personnes handicapées du Québec, développer la médecine préventive, instaurer les cliniques d’IVG et adapter l’Aide sociale au contexte de l’époque. Elle devait avoir la tête ailleurs, pendant les envolées de Claude Charron, redoutable leader parlementaire, de Jean Garon, membre fondateur du PQ, et autres Gérald Godin, qui siégeait même miné par la maladie qui devait l’emporter.
Voilà sans doute autant d’exemples de parasitisme, de fainéants venus user leur fond de culotte à l’Assemblée nationale aux frais du contribuable. Selon la célèbre auteure de téléromans, ces hommes n’auraient pas eu à « devoir constamment prouver qu’ils méritaient le poste qu’on leur avait confié », après le sévère perte de confiance des électeurs envers la politique québécoise ? Rappelons la totale déroute du PLQ, au lendemain de la commission Cliche sur la construction, exactement le type d’initiative que Jean Charest s’entête à tout prix à éviter au même parti politique, 35 ans plus tard.
La parité homme-femme a-t-elle changé la donne depuis 1976, alors que le Québec ne peut penser à son actuel gouvernement sans que le mot « corruption » ne lui vienne spontanément à l’esprit ? La commission Bastarache, sur la nomination des juges, loin de faire diversion sur le sujet, n’a fait que miner davantage le peu de crédibilité qu’il restait encore au premier ministre le plus impopulaire de l’histoire récente du Québec.
Il serait bien sûr impensable et injuste de rendre les ministres féminines responsables d’une telle dérive. Mais ont-elles fait une différence ? Ont-elles vraiment « travaillé plus et mieux » ? Ont-elles tenté de rappeler à l’ordre leur chef, traité de « parrain » par Gérard Deltell, dans ses manœuvres aussi peu éthiques que cousues de fil blanc ? Posons la question à Nathalie Normandeau, vice première ministre et caniche en chef du cabinet Charest …
Une femme qui n’écrit pas pour ne rien dire…
Mme Payette devait connaître son sujet sur l’indolence des virils ténors du PQ, puisqu’elle avait joint dès le premier mandat de 1976 l’équipe de René… qui déjà ? Pas de doute, celle qui avait déjà consigné son expérience politique dans le livre-témoignage intitulé Le pouvoir, connais pas, aurai pu confesser la même ignorance envers ses collègues masculins.
Faut-il croire que le Québec aurait été mieux servi qu’avec les « loosers » cités plus haut, s’il s’était alors donné la parité ministérielle avec des éléments de « choc » comparables à Christine St-Pierre, Yolande James, Nathalie Normandeau, ou les anonymes Kathleen Weil, à l’Immigration, Lise Thériault, au Travail, Nicole Ménard, au Tourisme, Dominique Vien, aux services sociaux, ou Marguerite Blais, maintenant renommée pour ses clowns envoyés dans les CHSLD ?
Ces femmes ne réussissent qu’à faire ombrage aux quelques éléments valables de ce cabinet, trop souvent muselées et contraintes d’en passer par les caprices de leur premier ministre, qui n’en est pas à un ou une ministre près sacrifiée à l’autel de ses ambitions. Demandez à Monique Jérôme-forget, présidente démissionnaire de Conseil du trésor, après avoir dû soutenir que le Québec était prêt à affronter la crise et qu’il fallait en revenir, de la perte de 40 G $ à la Caisse de dépôt et de placement… Posez aussi la question à Michelle Courchesne, obligée de défendre un nouveau calendrier scolaire qui aurait fait rentrer les élèves à l’école les fins de semaine pour accommoder les minorités ethniques.
À part Julie Boulet, ministre responsable de la Mauricie, estimée surtout dans sa région, qui a dépoussiéré le code de la route et Line Beauchamps qui, après un relatif succès d’estime à l’Environnement, semble vouloir s’attaquer au décrochage des garçons, peu de femmes se sont distinguées au Conseil des ministres de Jean Charest. « Toujours plus et mieux », disiez-vous, Mme Payette ? Ouais…
Une insulte faite aux femmes
Loin de redorer le blason des femmes en politique, l’initiative d’instaurer un parité artificielle à partir d’un petit nombre au Conseil des ministres n’aura fait que démontrer que des députées sans compétences particulières ont pu indûment accéder à des postes d’importance dont elles n’étaient pas « dignes ». Quelle avancée ! Christiane Pelchat aurait de quoi se mordre les doigts si elle avait deux grammes de lucidité. Loin d’apprendre des erreurs de son organisme, la présidente du Conseil du statut de la femme veut instaurer la même parité homme-femme dans la nomination des juges. Si un tel mécanisme doit attirer des candidates aussi prestigieuses que nos ministres, notre justice, déjà questionnable, n’a pas fini de péricliter.
Je pense les femmes moins compétentes que les hommes ? En aucun cas. Je crois par contre qu’il est difficile de recruter des candidates de qualité parmi un bassin nettement plus restreint de femmes que d’hommes. La parité cosmétique instaurée depuis bientôt quatre ans confirme que seule la compétence, et non le sexe, doit prévaloir dans l’accession à des postes clés. Les octroyer à des femmes en fonction de leur féminité, c’est considérer que des candidates méritantes n’auraient pas pu y arriver autrement. Loin d’un avancement, c’est une insulte déguisée faite aux femmes. Méditez donc là-dessus, Mme Payette…
2 commentaires:
Faire usage de la discrimination dite « positive » dans la fonction publique équivaut en réalité à faire la promotion de la médiocrité. Le bilan du gouvernement libéral sous l'emprise du Parrain de la famiglia nous démontre avec éloquence les limites de cette pratique débilitante...
Cent pour cent d'accord avec vous, Bisbille. Dès que la compétence et le mérite se voient assujettis à quelque impératif d'ordre électoraliste ou démagogue, l'incompétence se faufile par la porte de derrière et le payeur de taxes n'en a plus pour son argent.
Et si la raison de la sous-représentation féminine en politique tenait au manque d'intérêt des femmes elles-mêmes pour le sujet et non à un quelconque complot patriarcal ? Une explication trop simple pour nos féministes radicales qui voient une victime en toute femme...
Enregistrer un commentaire