C’est avec un amusement coupable que je lisais, dans un quotidien, une sexologue révélant que le « préhistoricosexuel » venait de faire son apparition au panthéon du stéréotype masculin à la mode. Ce nouveau favori, très velu, succède donc au métrosexuel, qui utilise crèmes, maquillage, et vêtements raffinés, et à l’übersexuel qui, dit-on, « oscille entre le rose et le brun ». Ça valait la peine de se lever, ce matin-là…
Renchérissant sur cette trouvaille, la chroniqueuse citait le magazine « Glamour » (Jamais entendu parler. Un autre cas d’ignorance masculine…), qui nous apprenait que, selon une enquête approfondie, réalisée en novembre 2007, 67 % des femmes préféraient faire l’amour avec un homme doté de poils aux fesses, et 31 %, avec un homme qui en avait dans le dos. Bouleversant constat.
Ainsi, si l’on s’en rapporte à cette publication éclairante, force est de conclure que 98 % des femmes préfèrent le sexe avec un homme affublé de poil quelque part. Les fabricants de défoliants vont la trouver mauvaise… Et que dire de ceux qui perdent un temps précieux à faire disparaître leur si attractive pilosité. Consternation garantie, pour tous ces gens qui rament à contre-courant des diktats de la pop psycho féminine.
Aussi, afin d’apporter – enfin – une note masculine à ce concert de clichés « définissant » l’homme rêvé, je proposerai ici trois nouveaux prototypes. À l’instar des prêtresses qui nous instruisent, j’entends ainsi démontrer que la superficialité n’est pas un obstacle à la libre expression. Un peu d’imagination et hop, de nouvelles illuminations voient le jour.
Après le métrosexuel, quoi de plus naturel que d’innover avec le « boulosexuel » et son antithèse, le « dodosexuel ». Le premier, jeune loup aux dents – et aux mains – longues, ou vieux matou sur le retour, se voit caractérisé par une libido exponentielle et une tendance marquée à transformer votre chambre à coucher en gymnase libidinal. Avec lui, vous vous sentirez comme un shish kébab chevauchant un marteau-piqueur. Inutile de vous décrire physiquement cet individu ; il ne restera jamais assez longtemps dans votre vie pour que vous en gardiez un souvenir détaillé.
En revanche, d’apaisantes soirées de tricot au lit guettent celles d’entre vous qui se faufileront entre les draps douillets du dodosexuel. D’entrée de jeu, cet homme décontracté vous indiquera le côté de lit qu’il aura choisi pour se reposer après la chose… au cas où ladite chose surviendrait. S’il a la télé, peut-être aurez-vous la chance de vous rabattre sur les images sulfureuses de Bleu nuit, si Remstar ne liquide pas ce programme.
Au cas où de tels amants ne vous subjugueraient pas (Vous être bien difficile… ), le « älbertsexuel » comblera vos voeux. Digne descendant du übersexuel, ce prototype tire son nom du classique de Félix Leclerc, « Sors-moi donc, Albert ». Vous l’aurez compris, c’est un casanier. Arborant fièrement une barbe de trois jours et des jeans qui, au fil des ans, auront changé trois fois de couleur, son charme rustique ne vous laissera pas indifférente. Si lui non plus ne vous plaît pas, il ne vous restera plus qu’à vous improviser psychologue et à créer votre prototype. D’autres l’ont bien fait, avant vous…
Ce Rétrolivier est paru dans La Presse du 24 mai 2008, rubrique À votre tour, sous le titre Bienvenue à l’älbertsexuel et sous celui de Et maintenant le « boulosexuel » ! dans Le Soleil du 16 juin 2008.
1 commentaire:
À mon sens, s'entretenir est une chose mais trop modifier le naturel démontre une mal acceptation de soi. En ce qui me concerne, avoir l'impression de toucher un femme est suffisant pour que j'en perde ma propre pilosité.
Pour ce qui est des autres stéréotypes, et bien, auparavant, il y avait le macho. Soit «celui qui se croit supérieur aux femmes» mais d'après la définition que j'avais déjà entendu d'un psychologue, il s'agit d'un homme n'ayant pas d'identité masculine en lui-même, il doit revêtir celui véhiculé par la société. Je pense que ça n'a pas beaucoup changé, les hommes ont tendance à revêtir l'identité reflétant les attentes de le gent féminine, dont tous les stéréotypes mentionnés et qui seront mentionnés...
Tout ça me donne un peu l'impression de passer ma commande, de magasiner en regardant ce qu'il reste de disponible sur les étagères et de devoir changer de magasin faute de stock ou de retourner chez le marchand s'il ne réponds pas exactement à mes attentes...
Rien n'est plus aimable qu'un être qui demeure le plus intègre avec lui-même... Encore faut-il être ouvert à accueillir l'autre tel qu'il est, non pas chercher le stéréotype dans l'autre.
Merci Olivier de partager tes articles. Celui-là est léger et comique. J'aime.
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