C’est une question brutale, mais incontournable. Elle se pose d’autant plus impérativement. Dire que la Coalition Avenir Québec a fait preuve de négligence criminelle semble en dessous de la vérité. Quand on se rend coupable d’une telle mégarde, c’est qu’on omet les soins de base nécessaires à la bonne santé des personnes vulnérables dont on a la responsabilité par incompétence, par indifférence, ou par étourderie.
Avec ce gouvernement, bien pire semble avoir été
commis : des décisions mortifères, condamnables, ont été prises au
détriment de nos aînés, ceux-là mêmes qui, le plus souvent bien humblement, ont
bâti le Québec que nous connaissons, des gens auxquels nous devons déférence et
le plus élémentaire respect.
En clair, si le gouvernement Legault avait voulu délibérément
supprimer l’existence de 6700 aînés, il n’aurait pas agi autrement. Était-ce son but inavoué, en vue de doper les
statistiques de morts par covid ? Ces
aînés sont-ils vraiment décédés des suites du virus, ou d’un abandon planifié
auquel ils ont été condamnés ?
Comment éviter cette hypothèse devant les décisions
ahurissantes dont je vais faire la nomenclature.
On a fait rentrer des personnes infectées dans les CHSLD
Sous le prétexte louable de préserver la capacité d’accueil
des centres hospitaliers, on a transféré des milliers de patients hospitalisés
dans les CHSLD, sans tenir compte un seul instant de la vulnérabilité des
aînés, une situation dénoncée par Marie Rinfret, dans son rapport de la
protectrice du citoyen :
« Anticipant des problèmes
semblables à ceux de l’Italie, le Québec a d’abord voulu protéger sa capacité
hospitalière, en transférant des milliers de personnes hospitalisées vers
des CHSLD.
La protectrice du citoyen remarque qu’aucune
analyse des risques n’a été réalisée. »
Mme Rinfret devait ajouter, en conférence de presse :
« Les CHSLD n'avaient pas été préparés pour assurer cette prise en charge de façon sécuritaire, a déclaré Mme Rinfret en conférence de presse, mardi après-midi. Ces milieux de vie auraient dû recevoir des consignes adaptées à leur réalité et des ressources pour renforcer leurs faiblesses. Les risques concernant ces milieux n'ont pas été correctement évalués. »
On a indument fait paniquer les employées, qui ont quitté le navire
En période de crise, il importe plus que jamais de garder son
sang-froid et d’éviter l’affolement. Le
gouvernement Legault et les médias qu’il subventionne ont fait exactement le
contraire en campant immédiatement un climat de panique sanitaire qui a atteint
non seulement la population, mais également les travailleuses de la santé et les
préposées en CHSLD et en RPA.
Le cas du CHSLD Héron, tristement célèbre, passera sans doute
à l’histoire. Faute de personnel, la situation, telle que
relatée par des soignantes, était accablante :
« L’odeur nauséabonde dans
l’ascenseur les assaille dès l’ouverture des portes. Il fait sombre. Le
plancher est « sale, très collant ». Il y a un chariot plein de plateaux
de nourriture presque intouchée.
Martine Daigneault distingue des rôties. C’est le déjeuner.
Il est 18 h 15. La gestionnaire
vient d’arriver au CHSLD Herron. Elle a été accueillie par la propriétaire
Samantha Chowieri et son mari. Elle s’est présentée et a offert son aide. On
l’a orientée au deuxième étage, où un seul employé est en poste. Au troisième,
il n’y a personne, dit-elle.
Elle commence une tournée des chambres –
il y en a une soixantaine.
Une autre infirmière, trouvée par l’entremise du site Jecontribue!, arrive
entre-temps. La main-d’œuvre est difficile à trouver. La même journée,
23 résidences pour aînés en éclosion ont demandé de l’aide au
CIUSSS. »
Je
vous épargne la suite.
On a interdit aux familles et aux proches aidants de secourir nos aînés
Dans un tel contexte, il est évident que le soutien des
familles et proches aidants devenait indispensable. On les a exclus. Il est difficile de trouver rapidement des
constats de cette grave lacune dans nos médias, mais heureusement, l’université McGill a donné
la parole à trois expertes de son École de travail social :
les professeures agrégées Shari Brotman et Tamara Sussman, et la doctorante
Susan Mintzberg :
« Il fallait absolument
que les proches aidants soient autorisés à revenir.
Au début de la pandémie, on les a exclus des établissements de soins de longue
durée, parce qu’on a estimé qu’il fallait garder les visiteurs à l’écart pour
limiter les risques. Mais ils sont tellement plus que ça. Les proches
aidants sont les soignants de première ligne invisibles de notre système de
santé. Lorsque nous avons retiré ces personnes au début de la pandémie, le
navire a commencé à couler. »
Les centres hospitaliers et les CHSLD ont toujours mis en
pratique des protocoles sanitaires incluant masques, gants, blouses,
désinfectant alcoolisé, visant à protéger leur clientèle et le public
d’infections virales, qu’il s’agisse de SARM, de C-difficile, de gastro, ou de
tout autre virus.
Comment se fait-il que les mêmes protocoles n’aient pas été appliqués
envers la covid ? Pourquoi fallait-il en
arriver à priver nos aînés du soutien de leurs proches qui auraient pu palier à
la désertion d’employées ?
On a interdit la réanimation de nos aînés
J’ai traité ce sujet dans un billet précédent.
Je me contenterai de citer un extrait éloquent de la journaliste
Isabelle Paré, paru dans le Devoir du 23
novembre 2020 :
« Pendant cinq mois,
certaines personnes en arrêt cardiorespiratoire n’ont pu être réanimées par les
ambulanciers en raison d’une directive instaurée à Montréal et à Laval pour éviter une surcharge des
unités de soins intensifs. Or, la directive a été maintenue jusqu’au
21 septembre, malgré un retour à la normale dans les hôpitaux cet été.
Mise en œuvre le
4 avril, la directive ministérielle « arrêt de manœuvres
intensifiées » prévoyait notamment de ne plus faire de massage cardiaque
ni de défibrillation chez les personnes en « asystolie »,
c’est-à-dire ne présentant pas de pouls décelable. »
Réalisez-vous l’horreur, pour ne pas parler de malveillance
ou d'insensibilité, d’une telle directive ?
Comment un gouvernement peut-il tomber si bas dans la négation de la vie
et de la dignité humaine ?
On a interdit les premiers soins à nos aînés
Dans la même tangente, cette ex-employée d’une résidence pour
aînés nous informe d’une autre directive
ministérielle interdisant de prodiguer les premiers soins aux résidents (voir
cette vidéo à 2m54). Les employées devaient se limiter à appeler le
911 pour avoir des secours, au risque de voir mourir leurs résidents. De telles
folies ne s’inventent pas.
On a retiré les suppléments vitaminiques, dont la vitamine D,
à nos aînés
Là encore, on ne trouve aucun article faisant état de cette
nouvelle directive d’autant plus étrange que la vitamine D est généralement
recommandée afin de renforcer le système immunitaire. Un naturopathe a eu l’audace de demander des
éclaircissements aux auteurs du document qui recommandait de cesser
d’administrer des suppléments vitaminés aux aînés. Voici ses
conclusions :
« On peut donc en conclure qu’il n’y a pas de références spécifiques qui justifiaient cette recommandation puisqu’il n’y a rien à ce sujet dans la réponse. C’est donc, une recommandation qui n’est pas justifiée par des études randomisées. On peut tout de même donner le bénéfice du doute puisqu’il mentionne que « le risque était au départ mal quantifié ». Nous pouvons donc possiblement en déduire que le risque n’a jamais justifié cette mesure et que c’était exagéré par rapport au risque que l’on sait aujourd’hui était mal quantifié. C’est du moins ce que j’en comprends. Il avoue donc sans le dire directement que ça n’avait pas sa raison d’être. »
Que faut-il comprendre de toute cette folie ?
On a du mal à comprendre la pertinence sanitaire de cette dernière mesure. Cependant, dans le contexte général de directives qui ont fait fuir des travailleuses de la santé, empêché les proches aidants de secourir leurs aînés, fait rentrer des patients infectés dans les RPA et CHSLD, interdit les manœuvres de réanimation et de premiers soins, il est permis au moins de s’interroger sur les motivations premières qui ont guidé toutes ces décisions qui, à l’évidence, ne pouvaient que nuire aux personnes les plus vulnérables de notre société.
Des telles aberrations justifient-elles
la note parfaite que François Legault a eu l’insupportable arrogance de
s’attribuer ? Comment peut-il décréter
que les Québécois ne veulent pas de commission d’enquête sur les CHSLD ? Se prend-t-il pour l’âme de son peuple ?
Un vote pour la CAQ est un vote qui
cautionne cette hécatombe
Une évidence devrait sauter aux yeux de quiconque a une conscience : un vote pour la CAQ est un vote qui cautionnera le sort effroyable que ce gouvernement a infligé à nos aînés. Si ce parti est réélu majoritaire, nous devrons vivre avec la honte d’un tel manque de discernement. Et de respect envers la mémoire des aînés victimes de cette inqualifiable maltraitance.
2 commentaires:
M. Kaestlé,
Votre article a été publié hier à 10:42 le 2 octobre 2022.
Pourtant votre article n'apparaît toujours pas aujourd'hui 3 octobre à 9:15 am. vis le flux RSS, tous les autres de ma liste y sont excepté le votre qui n'est pas.
Vous me l'apprenez. Je n'ai aucune explication et encore moins de solutions. Ceci explique sans doute la faible fréquentation du billet à date en dépit du sujet.
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