Les
fausses allégations demeurent aujourd’hui encore un sujet hautement
controversé. Calamité qui s’abat sur un trop grand nombre d’hommes,
disent certains, supercherie montée de toutes pièces, répliquent des
groupes de femmes radicaux. Qui dit vrai ?
Un sujet controversé... et étouffé. |
Partant du fait que les situations
vécues sont parfois plus éloquentes que les statistiques (rares, par
ailleurs, sur ce sujet tabou), le présent chapitre passe en revue
plusieurs cas médiatisés de fausses allégations, qui démontrent que ce
phénomène comporte des motivations diverses, selon les personnes
accusatrices (en majorité de sexe féminin) et des impacts néfastes
d’intensité variable atteignant les personnes accusées (en majorité de
sexe masculin).
À cette problématique s’ajoute la
trop fréquente incurie de nos services policiers et de nos tribunaux,
dont les cas de Michel Dumont et de Simon Marshall demeurent les
exemples les plus connus. L’affaire Marshall, de son côté, a ceci de
particulier que c’est la victime elle-même, une personne handicapée, qui
fut amenée à s’incriminer par un enquêteur manipulateur et sans
scrupule. Pour peu représentatif que son cas puisse paraître, l’homme
n’en a pas moins été incarcéré sous de fausses représentations.
Il n’est pas jusqu’au pouvoir
politique qui alimente à sa façon la problématique des fausses
allégations. Le ministère de la Condition féminine n’a pas hésité à
affirmer, en 2008, lors d’une campagne médiatique inflationniste
déplorable, qu’une femme sur trois sera un jour victime d’agression
sexuelle. Combien savent que ce chiffre de Statistique Canada ne
représentait en fait que le résultat… d’un sondage téléphonique grand
public et ne constituait en rien une statistique réelle ? Peut-on
vraiment concevoir que la ministre Christine St-Pierre, ancienne
journaliste d’expérience à la SRC, n’ait su faire la différence entre
une statistique et un sondage aux résultats aussi subjectifs
qu’irréalistes ? Des ministres ont démissionné pour des mystifications
moins grossières.
L’enfer est donc pavé de bonnes,
comme de moins louables intentions. Il est trop commode d’invoquer la
préoccupation inaltérable de sévir avec fermeté contre les agressions
sexuelles. Nul n’a le droit de faire si bon marché de l’intégrité et de
la dignité morales et physiques d’hommes honnêtes dont l’avenir social,
familial et professionnel bascule. Accuser sans fondement, c’est
également agresser d’une façon aussi pernicieuse que condamnable.
Fausses allégations, vrais perdants
Michel Dumont |
Si
le drame vécu par Nathalie Simard met de l’avant la nécessité pour une
victime de dénoncer son agresseur, celui de Michel Dumont, accusé à tort
de violence sexuelle, exprime les ravages des fausses allégations.
L’homme a purgé 34 mois de prison malgré les démentis répétés de son
accusatrice. Son cas prouve que de fausses allégations peuvent aussi
être formulées de bonne foi, comme l’a démontré cette femme,
vraisemblablement agressée, mais par un autre. L’impact de ses
allégations sincères mais erronées s’est révélé aussi dévastateur pour
Dumont que si celles-ci avaient été mensongères. Cet homme en subit
encore aujourd’hui les conséquences.
Malgré un solide alibi et l’absence
des tatouages décrits par la victime, la juge Céline Pelletier avait
tout de même rendu un verdict de culpabilité en 1991. Bien qu’il ait été
blanchi en 2001 d’accusations d’agression sexuelle par trois juges de
la cour d’appel du Québec, Michel Dumont s’est toujours vu refuser toute
indemnisation des gouver nements péquiste et libéral.
Vengeance et syndrome de Muchausen
Michel
St-Yves, psychologue judiciaire d’expérience à la Sûreté du Québec,
spécialiste des techniques d’interrogatoires policiers et chercheur,
déclarait le 20 décembre 2004 dans le Soleil que de 30 à 40 % des
allégations d’abus ou d’agressions sexuelles étaient sans fondement.
Rien de moins. Elles résultent pour la plupart selon lui d’un désir de
vengeance ou d’une volonté de capter l’attention.
Ce pourcentage regroupe des femmes
adultes, dont certaines se blessent volontairement pour appuyer leurs
dires (voir le cas rendu public dans Le Soleil, à la section suivante),
et des enfants manipulés dans le cadre de conflits parentaux pour en
obtenir la garde. Esther Després, intervenante au Centre jeunesse de
Québec, affirmait à cet égard que les situations de fausses accusations
lui donnaient plus de travail que les cas réels d’abus.
Michel St-Yves |
St-Yves précisait par ailleurs que,
si certaines femmes cherchent à se venger d’un homme pour des raisons
émotionnelles, d’autres sont atteintes d’une pathologie appelée syndrome
de Munchausen. Ces personnes, qui regroupent notamment des plaignantes
chroniques connues des services policiers, tentent l’impossible pour
attirer l’attention du système médical et social ainsi que de leur
entourage. La jeune femme qui avait accusé en 2004 le chanteur Éric
Lapointe de violence conjugale, sans même le connaître, correspond tout à
fait à ce profil.
Si les victimes de fausses
allégations traversent parfois un véritable enfer en vue de prouver leur
innocence, des femmes et des enfants vraiment maltraités risquent de se
heurter quant à eux à une réserve accrue de la part des services
policiers, d’intervenants sociaux ou du milieu judiciaire. Leur
sécurité, déjà précaire même quand ils sont pris au sérieux, s’en trouve
compromise. De façon directe ou indirecte, les fausses allégations ne
font que de vrais perdants.
Voir ce lien, pour plus d'informations par Michel St-Yves sur le
phénomène des fausses allégations :
Des chasses à l’homme
Un
soir d’octobre 2006, une femme signale le 911 pour se plaindre de
violence conjugale. Des policiers interpellent le conjoint à l’entrée du
domicile, à Petite-Rivière-Sant-François, dans Charlevoix.
Imperturbable, l’homme, qui avait dissimulé une caméra, leur montre une
vidéo de la dispute. Les agents identifient clairement la femme, en
train de se frapper. Elle est aussitôt arrêtée. « On la voit crier, on
la voit avec un couteau… En aucun moment il ne la touche », précisera
Richard Gagné, porte-parole de la Sûreté du Québec, dans Le Soleil du 28
octobre 2006. L’ingéniosité de l’homme faussement accusé lui aura
épargné une erreur judiciaire.
Se voir innocenter n’est pas
toujours aussi simple, comme le révèle un récit paru dans La Presse du
24 septembre 2007. On y apprend l’histoire de « P », accusé en 2001 par
sa fille de l’avoir agressée pendant 10 ans, entre ses six et 16 ans. À
deux reprises, la jeune femme avait porté d’autres plaintes pour viol.
En 1992, elle affirmait avoir été agressée par un individu qui s’était
soi-disant introduit la nuit dans la maison familiale. Le lendemain,
elle retirait sa plainte. En 2002, un an après avoir accusé son père,
elle avait remis ça contre un autre homme. L’affaire n’eut aucune
suite.
Ces deux épisodes intrigants, qui
évoquaient fortement le syndrome de Munchausen, ont été délibérément
ignorés par la juge Ellen Paré en 2005, au cours d’un procès qui
n’opposait que deux témoins : le père et sa fille. Aucun autre parent,
ami, collègue ou expert n’était venu confronter les affirmations de la
jeune femme. Arbitrairement, et sans plus de faits à l’analyse, la juge
devait valider sans réserve la version de la plaignante. L’homme fut
condamné à quatre ans de pénitencier.
Ce verdict a été cassé en 2007,
sans autre forme de procès, pouvons-nous dire, par la juge Louise Otis.
Les éléments de preuve lui ont paru si subjectifs et partiaux que la
magistrate, refusant même la tenue d’un nouveau procès, acquitta le père
calomnié.
La caméra, bientôt arme d'auto-défense ? |
Cette histoire a de quoi glacer le
sang. Il semble que, dans son désir d’afficher une tolérance zéro aux
crimes sexuels, notre système aille jusqu’à épingler le premier venu,
comme au temps de l’Inquisition, même lorsque aucun délit n’a été
perpétré. Il faudra que, tout en maintenant la plus extrême rigueur
envers les agressions sexuelles bien réelles, notre justice fasse preuve
d’une plus grande circonspection. Dans le cas contraire, aucun honnête
homme ne pourra vivre sans caméra…
Une parodie de justice
Si
une caméra a sauvé d’une peine injustifiée un honnête citoyen, c’est un
appareil-photo qui aura causé la perte d’un père de Sorel-Tracy,
injustement condamné, le 16 novembre 2006, pour possession de matériel
de pornographie enfantine. Le pauvre homme avait un instant conservé des
photos osées que ses fils, alors âgés de sept, dix et douze ans,
avaient prises d’eux-mêmes et ce, dans le but de les sermonner. Il n’en
fallait pas moins pour que son destin bascule, après que son
ex-conjointe l’eut traîné en justice pour production de pornographie
enfantine.
Le juge Ronald Dudemaine, cité dans
Le Journal de Montréal du 17 novembre 2006, admettait qu’on lui avait
démontré que les enfants, et non le père, étaient bel et bien les
auteurs des photos. Le hic, précisait-il, c’est que la loi n’accorde
aucun délai pour la possession de matériel de pornographie enfantine.
L’accusé ayant reconnu avoir détenu les photos, même temporairement, il
devait se voir automatiquement condamné. C’est aussi arbitraire et
absurde que ça en a l’air. Qui a dit que la franchise payait ?
Le
juge n’avait pas retenu toutefois l’extrême divergence qui opposait à
l’origine la Couronne et la défense sur le nombre et la nature des
photographies saisies lors de perquisitions. Selon les Hebdos
montérégiens du 13 août 2005, la Couronne clamait qu’il s´agissait de
1500 à 1700 photos d’une multitude d’enfants, dont ceux de l’accusé !
Pour la défense, ce nombre ne dépassait pas 17 photographies…
Que les accusations écrasantes de
la Couronne aient été abandonnées, il y a de quoi s’interroger. A-t-on
protégé un coupable, après l’avoir traîné impitoyablement dans la boue ?
Peu vraisemblable. A-t-on plutôt couvert une bourde policière ? Ce ne
serait pas la première, dans ce type d’affaire. Demandez à Michel Dumont
et Simon Marshall. La Couronne a-t-elle outrepassé ses pouvoirs, en
portant publiquement des accusations aussi graves, finalement non
fondées ? Poser la question, c’est y répondre. Les médias se sont-ils
faits les complices d’un accès d’hystérie collective ? À votre avis ?
Le chimiste dans la quarantaine,
qui a été battu, volé et dont la maison a été vandalisée dès sa mise en
accusation, affirmait avoir vécu dix-sept mois d’enfer. Il vit
dorénavant avec un casier judiciaire et a probablement perdu la garde de
ses fils. Du propre.
Le juge précisait que les
accusations avaient été portées par la mère dans un contexte de lutte
judiciaire pour la garde exclusive des enfants, une affirmation lourde
de sous-entendus. Ce type de conflit reste un terrain de prédilection
pour les fausses accusations, ce que tout juge lucide et honnête n’est
pas sans savoir. Dudemaine ajoutait que l’ex-conjointe avait « induit le
tribunal en erreur » en omettant de dire qu’elle avait elle-même
disposé des « photos délicates » pendant plus de neuf mois. Aucune
accusation de possession de matériel de pornographie enfantine n’a
cependant été portée dans son cas. Deux poids, deux mesures.
Or, bien que son ancien conjoint
lui ait transmis une copie du CD litigieux le 24 octobre 2004 (sans
doute avant d’en avoir découvert le contenu) ce n’est pas avant le 4
août 2005 qu’elle l’accusait. Le femme avait pourtant déclaré avoir agi
sitôt après avoir pris connaissance des photos. Comment interpréter un
tel manque de curiosité présumé et une si grande lenteur à réagir chez
une mère aimante et protectrice ? Difficile de ne pas voir dans ces
accusations peu élégantes une dernière carte jouée pour gagner la
mainmise sur les enfants, à moins qu’il ne s’agisse de vengeance
personnelle, ou de ces deux motifs combinés.
L’arbitraire des lois, la rigueur
questionnable de l’enquête policière, le cirque médiatique et les
réserves sévères exprimées par le juge Dudemaine sur la mère ont donné à
ce procès des allures de parodie de justice et au verdict rendu, celles
d’une sinistre plaisanterie. Il tombe sous le sens du moins observateur
que le père de famille n’avait rien à se reprocher. Ici, il n’est pas
question seulement d’allégations reposant sur des faits erronés, puisque
le père n’est pas l’auteur des photos. Nous parlons également d’un
procès d’intention sans fondement, d’une condamnation à partir de
motivations supposées à tort répréhensibles, en fonction d’une loi
arbitraire et iconoclaste. Il serait douteux que le juge Dudemaine ait
quitté le tribunal ce jour-là avec le sentiment du devoir accompli. Il y
avait de quoi se sentir manœuvré.
Quant aux enfants, espérons qu’une
fois grands, ils auront la maturité nécessaire à évaluer les mérites
respectifs de leurs deux parents. Cette justice-là, souvent tardive, on
ne la manipule pas toujours aussi aisément…
La présomption d’innocence est impérative.
Harold Bouchard et son épouse. |
Un
autre triste chapitre d’errance, cette fois policière, avait été révélé
en mars 2008 alors qu’Harold Bouchard, ex-entraîneur de hockey, était
blanchi de trois chefs d’accusation d’agressions sexuelles. L’homme
avait affirmé que sa vie devait basculer le 17 décembre 2004, quand des
policiers lui avaient fait part, à son domicile, des actes dégradants
dont l’accusait une jeune fille de 14 ans.
Détail inusité, la plaignante se
trouvait alors elle-même sous enquête pour trafic de stupéfiants à son
école. À l’appui de l’acquittement, le juge Gabriel Lassonde, de la Cour
du Québec, avait relevé les nombreuses incohérences de l’adolescente,
qui affirmait avoir été agressée dans le stationnement très éclairé de
ses parents, ainsi que dans des chambres d’hôtel entrouvertes et non
verrouillées, lors de tournois, alors que des passants circulaient dans
le corridor. Seule la vraisemblance manquait au récit.
Affirmant s’être vu littéralement
condamné sur la place publique, Bouchard a entamé des poursuites
judiciaires contre la plaignante, ses parents, la Ville de
Rivière-du-Loup, et l’enquêteur à la sécurité publique, responsable du
dossier. Le montant réclamé atteignait 739 000 $. Cette bourde a mis de
nouveau à mal une approche par trop simpliste voulant qu’une accusation
d’agression sexuelle soit obligatoirement fondée, et un accusé,
inévitablement coupable, comme le prétendent certains groupes de femmes,
dont les CALACS, qui ont fait de cette lubie leur mantra.
Simon Marshall |
Or, même dans le cas d’agressions
bien réelles, des suspects sans malice ne sont pas à l’abri d’un
irrépressible accès d’inefficacité policière. Ainsi, un ex-policier de
30 ans d’expérience a été condamné en 2008 pour « négligence coupable
s’apparentant à une incompétence grossière », pour le dépôt
d’accusations contre Simon Marshall, reconnu à tort coupable de viols,
après s’être vu extorquer les aveux fictifs que l’on sait. L’homme
handicapé avait été incarcéré injustement pendant sept ans, en plus de
subir des sévices à répétition dont il gardera des séquelles
permanentes. Les gouvernements fédéral et provincial lui avaient
néanmoins accordé 2 300 000 $ en dédommagements.
Même portées de bonne foi, des
accusations peuvent manquer la cible, comme l’atteste la triste histoire
de Michel Dumont, évoquée plus haut. Là aussi, le travail des policiers
avait été bâclé tandis que la juge instruite de l’affaire s’était
révélée en deçà du médiocre. La réputation et l’intégrité physique et
morale d’un homme lésé ne pèsent pas lourd dans notre belle province.
Un témoignage-choc. |
Le Québec n’a toutefois pas le
monopole de l’incompétence policière, pénale ou politique quant aux
accusations à caractère sexuel. Dans son livre intitulé « J’ai menti »,
Virginie Madeira explique comment sa fabulation inspirée d’un soap
américain, racontée à une amie, a été bien malgré elle relatée à la
justice française. Ici, à nouveau, Munchausen a encore frappé. Le père
s’est vu incarcéré pendant six ans pour inceste avant que Virginie, à 20
ans, ne trouve la force d’affronter l’appareil judiciaire et de
rectifier les faits.
Une autre affaire, celle d’Outreau,
aussi en France, demeure l’une des plus terribles erreurs judiciaires
rendues publiques à ce jour, avec l’incarcération injustifiée de 16
personnes, certaines pendant trois ans, sur la seule foi d’enfants
manipulés par la principale accusatrice, Myriam Badaoui. Cette dernière
et son conjoint ont été ensuite reconnus coupables d’inceste. Que
retenir de ces horreurs judiciaires ? Peu importe la monstruosité
apparente d’une accusation, la présomption d’innocence doit rester
incontournable.
Myriam Badaoui |
Lueur d’espoir : un juge téflon
On
peut aimer ou non Robert Gillet et le genre d’animation qu’il pratique.
Tout citoyen doté de jugement et de conscience sociale, ayant suivi ses
démêlés judiciaires en 2005, a dû cependant se sentir soulagé, à
l’automne de la même année, d’apprendre que la cour d’appel avait
confirmé le verdict d’acquittement d’accusations par trop incohérentes
qui pesaient contre lui.
Pour qui a suivi de près son
procès, il y avait de quoi se demander quel vent de démence vengeresse
avait soufflé alors sur le Québec. On aurait pu s’interroger
légitimement sur les conséquences d’un appel pour les chefs d’accusation
dont l’animateur avait déjà été acquitté. Une telle initiative aurait
eu à coup sûr un effet à la hausse sur le fléau des fausses
accusations.
Que Gillet ait été reconnu coupable
d’avoir eu des relations sexuelles rémunérées avec la première des deux
présumées victimes, une adolescente de 17 ans, ce n’était que justice.
Une telle peine transmettait un message clair à l’effet que rien ne
saurait excuser l’exploitation sexuelle de mineurs. En cela, comme pour
le reste du procès, le juge Fraser Martin a adopté une attitude aussi
juste qu’inflexible, que ce soit envers l’accusé ou envers les avocats
de la couronne et de la défense.
Robert Gillet |
Par contre, les incohérences de la
plus jeune plaignante, ses crises de larmes systématiques, ses présumés
trous de mémoire, ses supposées rencontres survenues à des endroits où
elle avouait ensuite ne s’être jamais rendue ainsi que ses conversations
téléphoniques alléguées avec l’accusé, dont on ne retrouvait pas la
trace, constituaient autant d’indices d’allégations sans fondement.
À travers ce mélo, le juge a su
résister aux pressions conjuguées du ministre de la Justice de l’époque,
Marc Bellemare, de la police de Québec, de la meute acharnée
d’Opération Scorpion, de Jeff Fillion et d’André Arthur, alors
animateurs-vedettes de CHOI-FM, et de la Fédération des femmes du
Québec, qui avaient tous condamné Gillet, directement ou insidieusement,
avant même la tenue de son procès.
Pendant des mois, cet homme s’était
retrouvé au centre d’un véritable cirque médiatique au cours duquel
rien ne lui avait été épargné : fausses accusations, commentaires
méprisants, harcèlement haineux et aveugle, injures grossières,
perspectives d’avenir bouchées. Pendant ce temps, un certain Guy
Cloutier, plus tard reconnu coupable de pédophilie, vivait dans une
relative tranquillité en attente de son procès.
Dans une société où les fausses
accusations devraient préoccuper bien davantage les pouvoirs en place,
la lucidité et la fermeté du juge Martin représentent une lueur d’espoir
et un exemple d’impartialité à suivre. Reste à souhaiter que nous
puissions un jour tirer collectivement les leçons de la dérive que cet
homme intègre a contribué à endiguer. Le système judiciaire et policier
doit faire preuve d’une prudence accrue devant les accusations sans
fondement, assujetties à des motivations opportunistes ou fanatisées
n’ayant rien à voir avec la saine administration de la justice.
Statistique, vous avez dit statistique ?
Une
présumée campagne de « sensibilisation » aux agressions sexuelles
commises envers les femmes avait inondé les médias, en 2008. Ce moment
de désinformation statistique était une gracieuseté du ministère de la
Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec. Vous
vous souvenez peut-être de cette pub nous montrant une jeune femme qui
affirmait, sans sourciller, qu’« au Québec, une femme sur trois sera la
victime d’une agression sexuelle au cours de sa vie » ?
En clair, ça signifiait que, sur
une population féminine qui, en 2006, représentait 3 874 200 résidentes
québécoises, 1 291 400 d’entre elles verraient leur destin
irrémédiablement hypothéqué.
Selon
Christine St-Pierre, titulaire du ministère « sensibilisant », cette
donnée s’appuyait sur des chiffres gouvernementaux de 1993. Après avoir
été avisée, par un groupe de pères, que de tels chiffres n’existaient
pas, elle devait affirmer que ces données provenaient plutôt… d’un récent sondage téléphonique grand public.
Christine St-Pierre |
Nous
parlons de la même ministre qui retardait la parution d’études
embarrassantes de l’OLF sur l’état de la langue française au Québec.
Mme St-Pierre devait admettre
furtivement que sa définition d’une agression sexuelle débordait le code
criminel, par l’inclusion d’agressions sans contact. Un regard
insistant, une blague sexuelle ou un sifflet déplacé, constituait pour
elle une agression, au même titre qu’un viol ou des attouchements non
consentis. Messieurs, à vos verres fumés !
Quelques années auparavant, en
2004, le Regroupement québécois des CALACS avait lancé une campagne en
tout point pareille à celle du ministère de la Condition féminine,
claironnant elle aussi qu’une femme sur trois subirait l’irrémédiable au
cours de sa vie. L’opération médiatique avançait les mêmes paramètres
élargis de ce que devrait être une agression sexuelle. Il s’agit
probablement d’une coïncidence, mais c’est à la suite de la campagne
ministérielle de 2008 que ledit Regroupement des CALACS allait
bénéficier d’une subvention de 60 millions $ pour un programme de
prévention des agressions sexuelles…
Selon Statistique Canada, le taux
d’agression sexuelle envers les femmes, au cours des cinq dernières
années, atteint 8 % de toutes les agressions commises contre la
personne. Au Québec, plus précisément, 6 003 infractions sexuelles ont
été enregistrées en 2006 par les corps de police. Il s’agit de plaintes
formulées, non de sentences rendues. Environ 500 plaintes seulement
entraînent en fait chaque année des condamnations. Notre province
enregistre un des taux les plus faibles pour ce type de criminalité.
Comment expliquer alors le chiffre inflationniste avancé comme parole
d’évangile par la ministre ? Par de mauvaises fréquentations.
Dans
leur campagne de 2004, les CALACS affirmaient sans vergogne que plus de
84 000 femmes étaient agressées chaque année au Québec ! On a beau se
dire que toutes les victimes ne dénoncent pas, il reste que l’écart
entre ce nombre et celui des plaintes déposées a de quoi laisser plus
que songeur. Il semble toutefois que la ministre ait préféré ce chiffre
himalayen, cité sans source (phénomène courant chez ces groupes
radicaux), aux statistiques officielles.
Interrogé par le National Post,
Denis Laroche, chercheur à l’Institut de la statistique du Québec, s’est
prononcé sur le chiffre d’une femme sur trois : « Nous avons déjà vu
certains chiffres dans le passé qui, une fois vérifiés, se sont avérés
complètement faux, soit parce que le chiffre était une pure invention ou
encore parce qu’il résultait d’une interprétation que la méthode
utilisée interdit. Le plus étonnant, c’est que ces chiffres erronés
émanent de sources que l’on considère généralement officielles au
Québec. »
Un tel jugement pèse lourd, pour
une politicienne qui, avant l’arrivée d’Yves Bolduc à la Santé,
représentait le maillon faible du Conseil des ministres. Quant aux
CALACS, si elles ont décroché un pactole de 60 millions $, elles n’en
ont pas moins affiché une attitude de corporatisme communautaire qui
fait bon marché de la vérité comme de la vraisemblance. En plus de
totaliser un gaspillage de 1,3 millions $ en publicité trompeuse,
l’initiative aussi absurde que mensongère de St-Pierre dénigre les
hommes du Québec et s’inscrit dans le courant à la mode des fausses
allégations, qu’elle encourage. La cause des femmes a bon dos, quand
vient le temps de soutirer indûment l’argent du contribuable. À quand
une visite du vérificateur général du Québec à la Condition féminine ?
En guise de conclusion
La
triste nomenclature de cas de fausses allégations évoqués plus haut
pourrait nous inciter à croire que notre société tirera avant longtemps
les leçons qui s’imposent devant un tel fléau. Pas si sûr.
Combien d’autres
Michel Dumont, Simon Marshall, Harold Bouchard, Robert Gillet, sans
compter ceux dont on tait le nom, comme ce « P », accusé par sa fille
mythomane, ou ce biologiste, qui a perdu sans raison la garde de ses
trois enfants, ou encore le père de Virginie Madeira et les 16 victimes
de Myriam Badaoui, devront faire les frais d’un manque flagrant et
répété de rigueur policière et judiciaire ?
À
l’évidence, ce phénomène constitue le dommage collatéral du trop grand
silence que notre société a imposé aux victimes réelles d’agressions
sexuelles. C’est le plus souvent au prix d’efforts surhumains que des
femmes, des adolescentes mais aussi des garçons, enfants et adolescents
parfois devenus hommes, brisent le silence et réclament justice.
Réparation doit leur être rendue, même si les cicatrices de leur état ne
s’effaceront jamais.
C’est malheureusement de cette nécessité sociétale légitime que des groupes de femmes radicaux, pour ne pas dire fanatisés, se réclament. Ils contribuent, par leurs positions dogmatiques, à alimenter la prolifération des fausses allégations. Qu’il suffise de citer les CALACS, qui affirment qu’une accusation d’agression sexuelle portée par une femme est nécessairement fondée, un précepte bancal qui n’est démenti que par l’évidence de la majorité des cas évoqués dans ce chapitre.
Triste illustration du syndrome de la vache sacrée, c’est souvent dans la crainte du jugement de ces organisations extrémistes que le pouvoir policier, judiciaire et même politique se laisse aller à des égarements dont il devra un jour rendre compte devant l’histoire. À l’instar du juge Fraser Martin, dans l’affaire Gillet, notre système devra avant longtemps se montrer imperméable à toute influence indue. Il lui faudra, comme ce magistrat, punir sans complaisance l’offense réelle, tout en sachant déceler les errements d’allégations sans fondements.
C’est malheureusement de cette nécessité sociétale légitime que des groupes de femmes radicaux, pour ne pas dire fanatisés, se réclament. Ils contribuent, par leurs positions dogmatiques, à alimenter la prolifération des fausses allégations. Qu’il suffise de citer les CALACS, qui affirment qu’une accusation d’agression sexuelle portée par une femme est nécessairement fondée, un précepte bancal qui n’est démenti que par l’évidence de la majorité des cas évoqués dans ce chapitre.
Triste illustration du syndrome de la vache sacrée, c’est souvent dans la crainte du jugement de ces organisations extrémistes que le pouvoir policier, judiciaire et même politique se laisse aller à des égarements dont il devra un jour rendre compte devant l’histoire. À l’instar du juge Fraser Martin, dans l’affaire Gillet, notre système devra avant longtemps se montrer imperméable à toute influence indue. Il lui faudra, comme ce magistrat, punir sans complaisance l’offense réelle, tout en sachant déceler les errements d’allégations sans fondements.
6 commentaires:
QUID des fausses accusations pour gagner un divorce ?
Déclaration universelle des droits de l'homme de 1793, article 35 - Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.
Je crois aussi en la mobilisation et en l'insurrection démocratiques et pacifiques comme à un devoir de citoyen que chacun devrait exercer selon ses compétences, ses disponibilités et ses convictions. Je n'ai jamais été personnellement éprouvé par le machine judiciaire, mais je ne saurais admettre de vivre passivement dans une collectivité où mon fils pourrait se voir entraîné dans un tel engrenage sans réagir. Merci de votre commentaire.
Dans ce domaine, c'est la chasse aux sorcières moderne. Aucune présomption d'innocence. Policiers, procureurs, juges font preuve de préjugés envers la personne pointée du doigt.
Les accusatrices sont crues sans qu'elles n'aient à fournir de preuves. La seule "preuve": leur histoire inventée de toutes pièces.
Personne n'est à l'abri de fausses accusations de la part de ces vipères. Même pas les respectables mamies!
Quand les allégations remontent à plus de 70 ans lorsque la vipère était bébé, on peut se demander pourquoi ce n'est pas elle qui fait l'objet d'enquête policière et d'accusations de méfait public.
Précision: remontant à plus de 70 ans, lorsque la mamie était elle-même une enfant!
Toujours un plaisir de te lire Olivier. Tes textes devraient être publiés dans des journals comme le journal de Québec, le Soleil et autres journals, mais non a la place ces journals publient de la merde et des mensonges féministes!!! Tu es tout un journaliste Olivier, un vrai détective même!!!
Merci, Pierre. ;-)
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