Justin Trudeau |
Le premier ministre avait par
ailleurs jugé opportun, en 2014, d’exclure de son caucus deux de ses débutés à
la fin d’une « enquête » interne bâclée et expédiée sur la foi de simples
allégations d'agressions sexuelles émises par deux députées néo-démocrates. Les deux hommes ont donc été éconduits sans qu’aucune
poursuite judiciaire ne vienne les condamner, ni les innocenter.
La plus récente montée de lait
de notre premier ministre m’a remis en mémoire deux articles que j’avais publiés
en 2018 dans dixquatre.com et qui relataient une apparente erreur de jeunesse à
caractère sexuel de Trudeau. Elle non plus, n’a jamais été reconnue ni démentie
par un procès en bonne et due forme. Cette
fois le premier ministre étant juge et partie, il aura préféré ne pas faire
preuve envers lui-même de la même sévérité qu'il avait infligée à ses députés…
Bien sûr, on pourra toujours
me reprocher de comparer la situation de Mailloux, reconnu coupable, avec celle
de Trudeau, qui doit bénéficier, comme n’importe quel quidam, de la présomption
d’innocence. Si je republie ces deux
articles, disparus avec la fermeture de dixquatre.com, c’est afin de rappeler
cette lamentable page d’histoire évoquant un premier ministre si prompt à
condamner sans preuve des hommes accusés tandis qu’il regarde ailleurs quand il
se trouve à son tour sur la sellette.
Voici les deux articles en
question.
Inconduite
sexuelle : Trudeau devrait-il démissionner ?
Justin
Trudeau, premier ministre féministe autoproclamé qui prétend laver plus rose
que rose en affirmant que tout homme politique doit répondre de ses inconduites
sexuelles peu importe l’époque et le contexte –
comme il l’affirme dans cette vidéo –, pourrait bien regretter ses paroles
imprudentes.
Qui
s’excuse s’accuse…
Ce
nouvel épisode de la saga mettant en vedette Justin Trudeau a débuté avec la
trouvaille, par un commentateur politique du nom de Warren Kinsella, d’un
éditorial datant du 14 août 2000, paru dans un journal local de la
Colombie-Britannique, le Creston Valley Advance. On y apprend que le futur
politicien, alors âgé de 28 ans, a présenté des excuses à une journaliste de ce
média en termes pour le moins étonnants, pour l’avoir « pelotée » ou « tripotée
» (« groping » et « handling » dans le texte) lors d’un festival de musique :
«
Je suis désolé. Si j’avais su que vous travailliez pour un journal national, je
ne serais jamais allé aussi loin. »
Il faut préciser que ladite jeune femme, en plus de travailler pour l’Advance,
était journaliste pour le National Post et le Vancouver Sun. Embêtant, ça…
Coupure
de journal scannée
Kinsella
avait présenté l’article sous forme de coupure de journal scannée (voir
ci-haut) qui aurait pu être falsifiée. Devant l’impact de sa découverte dans
les médias sociaux, le Creston Valley Advance devait
en confirmer l’authenticité. Le média américain Breitbart allait de son
côté partager la nouvelle avant que d’autres parutions comme The Sun et The Daily Telegraph, de Grande-Bretagne, et Sud-Ouest.fr, de France, notamment, ne lui
emboîtent le pas.
Silence
radio
De
son côté, le Toronto Sun s’est montré très sévère envers le
premier ministre en lui rappelant ses positions tranchées sur les plaignantes
qui devaient impérativement être crues et sur les hommes qui, peu importe le
lieu ou l’époque, devaient répondre de leurs actes et en subir les
conséquences. Du côté des médias québécois, justinophiles
jusqu’à la compromission, silence radio, comme toujours.
Justin Trudeau exclut automatiquement tout député sur qui
pèsent les plus vagues rumeurs d’inconduite sexuelle. Maintenant qu’il est
accusé à son tour, quittera-t-il son poste ?
Faites ce que je dis…
Nous
parlons pourtant ici du chef libéral qui, en 2014, avait expulsé de son caucus deux de ses députés sur de
simples allégations, sans qu’aucune preuve de leur inconduite
présumée ni qu’aucune plainte n’ait été déposée au criminel. Pire encore, la
crédibilité de l’instigatrice de ce psychodrame, Christine Moore, a été il y a
peu durement ébranlée alors qu’elle-même s’est vue accusée d’avoir abusé de son
autorité envers un vétéran blessé en Afghanistan afin de lui
soutirer des rapports sexuels.
Justin
Trudeau est ce chef d’État qui a poussé à la démission son ministre Kent Hehr,
parce qu’une plaignante, Kristin Raworth, s’est imaginée menacée par lui après
s’être fait dire «
Tu es appétissante »
(You’re yummy)
dans un ascenseur. Soulignons que le désormais ex-ministre était paraplégique…
Il ne pense pas « qu’il y ait
eu d’échange préjudiciable »…
Il
n’y aurait pas de quoi fouetter un chat à propos d’un possible écart de
conduite certainement mineur vieux de 18 ans commis par le premier ministre, si
nous n’avions pas affaire à un Tartuffe au mieux incohérent, au pire, des plus
hypocrites.
Comment
expliquer ses excuses d’être «
allé aussi loin », si Trudeau n’avait rien à se reprocher ? Et
comment interpréter ses propos : «
Si j’avais su que vous travailliez pour un journal national… » ? Aux
yeux du féministe Justin, le respect des femmes varie-t-il selon le prestige
professionnel ou le rang social ? Voilà des propos pour le moins décalés de la
part de celui qui prétend avoir connu son premier engagement social à
l’université McGill lors d’une activité dénonçant le harcèlement sexuel.
Rigolo, va…
Toujours
traité les femmes avec respect
Au
bureau du premier ministre, son attaché de presse, Matt Pascuzzo, prétend que
ce dernier a toujours traité les femmes avec respect et qu’il « ne pensait pas qu’il y ait eu
d’échange préjudiciable » pendant le festival de musique où se
serait déroulé l’incident.
J’aimerais
bien que la « victime » de Trudeau se manifeste, mais est-ce bien nécessaire ?
Quand les commérages tiennent lieu d’accusations et les accusations, de faits
incontestables qui doivent automatiquement entraîner un châtiment sévère, cette
rumeur-là vaut bien celles qui ont ruiné les carrières de Scott Andrews et
Massimo Pacetti, accusés par la douteuse Christine Moore, de Kent Hehr, et,
plus récemment de Erin Weir, toujours accusé par Christine Moore ?
Il
faut en assumer les conséquences
Quand
on se fait le promoteur de normes morales aussi féministes qu’inquisitoriales,
il faut en assumer les conséquences non seulement envers les autres, mais
envers soi-même. Les rumeurs, fondées ou non, qui visent en ce moment Justin
Trudeau dépassent en importance celle du ministre paraplégique qu’il a poussé à
démissionner.
Peut-être
bien cependant qu’à ses yeux, comme la journaliste d’un média national méritait
jadis davantage de considération qu’une collègue locale, les comportements d’un
premier ministre doivent être jugés selon d’autres standards que ceux d’un
simple député ou d’un ministre…
Pourquoi nos
médias s’écrasent-ils devant « l’inconduite sexuelle » de Justin Trudeau ?
Avouons
que la question commence à se poser et que la réponse pourrait infliger un dur
camouflet au peu de crédibilité qu’il leur reste. Car enfin, dans la foulée du
tsunami #metoo qui balaie l’Occident depuis cet automne, il suffit qu’une
personnalité publique, qu’elle soit artistique ou politique, soit accusée sans
preuve pour qu’automatiquement, sous la poussée des médias sociaux devenus leur
conscience sociale, nos journalistes les « dénoncent » à la une, tels des
piranhas se jetant sur un morceau de viande.
Intérêt
public
Elles
auront beau bomber le torse et entonner leur hymne à la liberté d’expression et
au droit du public à l’information, ce qui compte, pour les entreprises privées
que sont, Radio-Canada mise à part, nos médias, c’est de susciter un intérêt
public susceptible de générer des retombées publicitaires. N’oublions jamais
que les médias sont avant tout des entreprises dont les rentrées de fonds ont
singulièrement diminué devant la démocratisation de l’information sur Internet
et que la pub reste leur principale source de revenus.
Aussi
peut-on – et doit-on – s’étonner à juste titre de l’étrange et inquiétant
silence de nos médias québécois francophones devant la rumeur devenue virale,
hors Québec, à l’effet que le premier ministre du Canada, rien de moins, ait pu
peloter une journaliste lors d’un festival de musique en Colombie-Britannique
au moins d’août 2000.
Les
médias canadiens anglophones, nettement plus professionnels…
La
nouvelle circule depuis le 8 juin dans les médias sociaux et dans plusieurs
médias américains, britanniques, français et même australiens, entre autres,
mais il aura fallu attendre la fête du Canada, sous la poussée des médias
canadiens anglophones, tels le Toronto Sun et la National Post, pour qu’enfin
La Presse, Radio-Canada, TVA, le Journal de Montréal et même Le Devoir et le
Huffington Post publient la nouvelle en se gardant bien, toutefois, de la
commenter.
Rendu
publique la nouvelle en 2000
À
date, aucun analyste, éditorialiste, chroniqueur ou blogueur affilié à un média
mainstream québécois n’a osé se compromettre sur le sujet. Aucun ? Hélas, il y
en a eu un. L’ancien ministre péquiste et ex-gérant d’Éric Lapointe,
Yves-François Blanchet, y est allé d’un commentaire
dégoulinant de complaisance envers le « grand féministe » qu’il a trouvé
le moyen de voir en Trudeau, tout en essayant plus que maladroitement de
discréditer l’auteure de l’éditorial dénonçant le futur premier ministre – qui
serait sa victime alléguée elle-même – et le média qui a rendu publique la
nouvelle en 2000. Le seul intérêt de publier pareille information serait,
toujours selon ce douteux commentateur, de remplir l’espace médiatique en cette
morte saison estivale. Traitement condescendant, pathétique et médiocre.
Position
radicale et arbitraire
Du
côté canadien anglais, plusieurs journalistes compétents, dont Candice Malcolm,
Joe Oliver, Naomi Lakritz, Margaret Wente et Andrew MacDougall, ont été
nettement plus audacieux que nos silencieux – ou insignifiants – « analystes ».
Ces professionnels de l’information n’ont pas hésité à placer notre premier
ministre devant ses incohérences entres ses gestes allégués et les positions
radicales et arbitraires inspirées de son féminisme inquisitorial.
Féministe
autoproclamé
Comment,
en effet, concéder un atome de cohérence à un féministe autoproclamé pour qui
un homme accusé sans preuve d’inconduite ou d’agression sexuelle devient
automatiquement coupable et passible de châtiment public quand il pourrait
avoir fait pire qu’eux ? Sur la foi de quelles preuves réelles s’est-il cru en
droit d’exclure ses députés Scott Andrews et Massimo Pacetti ? Comment a-t-il
pu « démissionner » son ministre Kent Hehr, paraplégique, dont le seul crime
connu aura été de dire « tu es délicieuse » à une femme perturbée mentalement ?
Pourtant, Hehr n’a peloté personne, lui…
Trudeau
s’appliquera-t-il les mêmes standards ?
Trudeau
a affirmé qu’il s’appliquerait les mêmes standards de haute moralité qu’à ses
députés et ministres, peu importe le contexte et l’époque, et que la parole des
femmes devait être crue sans discussion. En 2000, une journaliste l’a accusé
d’avoir posé envers elle un geste inapproprié, nettement pire qu’une boutade
voulant qu’il l’aie trouvée « délicieuse ». En toute cohérence, Justin Trudeau
devrait s’infliger la même sort qu’aux membres exclus de son caucus.
Dans le cas bien improbable d’un tel dénouement, espérons que, cette fois, nos médias ne seront pas à nouveau les derniers à aborder le sujet tout en regardant ailleurs quand ils devraient le commenter…
1 commentaire:
Mathieu Bock-Côté a écrit qu'il fallait du courage pour affronter le wokisme.
Je le cite "On notera, à travers ces nombreuses crises, le peu de résistance des différentes administrations devant la controverse. On pourrait parler du déclin du courage dans nos sociétés, pour le dire avec Soljenitsyne. La peur de mal paraître dans les milieux de la gauche mondaine amène ces administrateurs à plier.
Geoff Molson a pris plusieurs jours avant de répondre aux détracteurs du CH certainement pour se donner le temps de lire le petit livre rouge wokiste et sa réponse est va exactement dans le sens de MBC... la peur de mal paraître amène ses administrateurs à plier.
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