mercredi 28 juillet 2021

Repêchage de Logan Mailloux : Trudeau peut-il jouer les vierges offensées ?

Justin Trudeau

Justin Trudeau a l’art de jouer les vierges offensées envers les affaires d’agressions sexuelles, réelles ou supposées, condamnant les accusés avec emphase sans pour autant se soucier de la présomption d’innocence.  Dans le cas du repêchage de Logan Mailloux par le Canadien de Montréal, cependant, le jeune homme a bel et bien été condamné en Suède pour avoir divulgué une photo de ses ébats sexuels avec une jeune fille sans son consentement, ce qui a amené lechef libéral à qualifier « d’erreur de jugement » la décision du club de hockey.

Le premier ministre avait par ailleurs jugé opportun, en 2014, d’exclure de son caucus deux de ses débutés à la fin d’une « enquête » interne bâclée et expédiée sur la foi de simples allégations d'agressions sexuelles émises par deux députées néo-démocrates.  Les deux hommes ont donc été éconduits sans qu’aucune poursuite judiciaire ne vienne les condamner, ni les innocenter.

La plus récente montée de lait de notre premier ministre m’a remis en mémoire deux articles que j’avais publiés en 2018 dans dixquatre.com et qui relataient une apparente erreur de jeunesse à caractère sexuel de Trudeau. Elle non plus, n’a jamais été reconnue ni démentie par un procès en bonne et due forme.  Cette fois le premier ministre étant juge et partie, il aura préféré ne pas faire preuve envers lui-même de la même sévérité qu'il avait infligée à ses députés…

Bien sûr, on pourra toujours me reprocher de comparer la situation de Mailloux, reconnu coupable, avec celle de Trudeau, qui doit bénéficier, comme n’importe quel quidam, de la présomption d’innocence.  Si je republie ces deux articles, disparus avec la fermeture de dixquatre.com, c’est afin de rappeler cette lamentable page d’histoire évoquant un premier ministre si prompt à condamner sans preuve des hommes accusés tandis qu’il regarde ailleurs quand il se trouve à son tour sur la sellette. 

Voici les deux articles en question.


Inconduite sexuelle : Trudeau devrait-il démissionner ?

Justin Trudeau, premier ministre féministe autoproclamé qui prétend laver plus rose que rose en affirmant que tout homme politique doit répondre de ses inconduites sexuelles peu importe l’époque et le contexte – comme il l’affirme dans cette vidéo –, pourrait bien regretter ses paroles imprudentes.

Qui s’excuse s’accuse…

Ce nouvel épisode de la saga mettant en vedette Justin Trudeau a débuté avec la trouvaille, par un commentateur politique du nom de Warren Kinsella, d’un éditorial datant du 14 août 2000, paru dans un journal local de la Colombie-Britannique, le Creston Valley Advance. On y apprend que le futur politicien, alors âgé de 28 ans, a présenté des excuses à une journaliste de ce média en termes pour le moins étonnants, pour l’avoir « pelotée » ou « tripotée » (« groping » et « handling » dans le texte) lors d’un festival de musique :

« Je suis désolé. Si j’avais su que vous travailliez pour un journal national, je ne serais jamais allé aussi loin. » Il faut préciser que ladite jeune femme, en plus de travailler pour l’Advance, était journaliste pour le National Post et le Vancouver Sun. Embêtant, ça…


L’éditorial incriminant…

Coupure de journal scannée

Kinsella avait présenté l’article sous forme de coupure de journal scannée (voir ci-haut) qui aurait pu être falsifiée. Devant l’impact de sa découverte dans les médias sociaux, le Creston Valley Advance devait en confirmer l’authenticité. Le média américain Breitbart allait de son côté partager la nouvelle avant que d’autres parutions comme The Sun et The Daily Telegraph, de Grande-Bretagne, et Sud-Ouest.fr, de France, notamment, ne lui emboîtent le pas.

Silence radio

De son côté, le Toronto Sun s’est montré très sévère envers le premier ministre en lui rappelant ses positions tranchées sur les plaignantes qui devaient impérativement être crues et sur les hommes qui, peu importe le lieu ou l’époque, devaient répondre de leurs actes et en subir les conséquences. Du côté des médias québécois, justinophiles jusqu’à la compromission, silence radio, comme toujours.

Justin Trudeau exclut automatiquement tout député sur qui pèsent les plus vagues rumeurs d’inconduite sexuelle. Maintenant qu’il est accusé à son tour, quittera-t-il son poste ?

Faites ce que je dis…

Nous parlons pourtant ici du chef libéral qui, en 2014, avait expulsé de son caucus deux de ses députés sur de simples allégations, sans qu’aucune preuve de leur inconduite présumée ni qu’aucune plainte n’ait été déposée au criminel. Pire encore, la crédibilité de l’instigatrice de ce psychodrame, Christine Moore, a été il y a peu durement ébranlée alors qu’elle-même s’est vue accusée d’avoir abusé de son autorité envers un vétéran blessé en Afghanistan afin de lui soutirer des rapports sexuels.

Justin Trudeau est ce chef d’État qui a poussé à la démission son ministre Kent Hehr, parce qu’une plaignante, Kristin Raworth, s’est imaginée menacée par lui après s’être fait dire « Tu es appétissante » (You’re yummy) dans un ascenseur. Soulignons que le désormais ex-ministre était paraplégique…

Il ne pense pas « qu’il y ait eu d’échange préjudiciable »…

Il n’y aurait pas de quoi fouetter un chat à propos d’un possible écart de conduite certainement mineur vieux de 18 ans commis par le premier ministre, si nous n’avions pas affaire à un Tartuffe au mieux incohérent, au pire, des plus hypocrites.

Comment expliquer ses excuses d’être « allé aussi loin », si Trudeau n’avait rien à se reprocher ? Et comment interpréter ses propos : « Si j’avais su que vous travailliez pour un journal national… » ? Aux yeux du féministe Justin, le respect des femmes varie-t-il selon le prestige professionnel ou le rang social ? Voilà des propos pour le moins décalés de la part de celui qui prétend avoir connu son premier engagement social à l’université McGill lors d’une activité dénonçant le harcèlement sexuel. Rigolo, va…

Toujours traité les femmes avec respect

Au bureau du premier ministre, son attaché de presse, Matt Pascuzzo, prétend que ce dernier a toujours traité les femmes avec respect et qu’il « ne pensait pas qu’il y ait eu d’échange préjudiciable » pendant le festival de musique où se serait déroulé l’incident.

J’aimerais bien que la « victime » de Trudeau se manifeste, mais est-ce bien nécessaire ? Quand les commérages tiennent lieu d’accusations et les accusations, de faits incontestables qui doivent automatiquement entraîner un châtiment sévère, cette rumeur-là vaut bien celles qui ont ruiné les carrières de Scott Andrews et Massimo Pacetti, accusés par la douteuse Christine Moore, de Kent Hehr, et, plus récemment de Erin Weir, toujours accusé par Christine Moore ?

Il faut en assumer les conséquences

Quand on se fait le promoteur de normes morales aussi féministes qu’inquisitoriales, il faut en assumer les conséquences non seulement envers les autres, mais envers soi-même. Les rumeurs, fondées ou non, qui visent en ce moment Justin Trudeau dépassent en importance celle du ministre paraplégique qu’il a poussé à démissionner.

Peut-être bien cependant qu’à ses yeux, comme la journaliste d’un média national méritait jadis davantage de considération qu’une collègue locale, les comportements d’un premier ministre doivent être jugés selon d’autres standards que ceux d’un simple député ou d’un ministre…


Pourquoi nos médias s’écrasent-ils devant « l’inconduite sexuelle » de Justin Trudeau ?

Avouons que la question commence à se poser et que la réponse pourrait infliger un dur camouflet au peu de crédibilité qu’il leur reste. Car enfin, dans la foulée du tsunami #metoo qui balaie l’Occident depuis cet automne, il suffit qu’une personnalité publique, qu’elle soit artistique ou politique, soit accusée sans preuve pour qu’automatiquement, sous la poussée des médias sociaux devenus leur conscience sociale, nos journalistes les « dénoncent » à la une, tels des piranhas se jetant sur un morceau de viande.

Intérêt public

Elles auront beau bomber le torse et entonner leur hymne à la liberté d’expression et au droit du public à l’information, ce qui compte, pour les entreprises privées que sont, Radio-Canada mise à part, nos médias, c’est de susciter un intérêt public susceptible de générer des retombées publicitaires. N’oublions jamais que les médias sont avant tout des entreprises dont les rentrées de fonds ont singulièrement diminué devant la démocratisation de l’information sur Internet et que la pub reste leur principale source de revenus.

Aussi peut-on – et doit-on – s’étonner à juste titre de l’étrange et inquiétant silence de nos médias québécois francophones devant la rumeur devenue virale, hors Québec, à l’effet que le premier ministre du Canada, rien de moins, ait pu peloter une journaliste lors d’un festival de musique en Colombie-Britannique au moins d’août 2000.

Les médias canadiens anglophones, nettement plus professionnels…

La nouvelle circule depuis le 8 juin dans les médias sociaux et dans plusieurs médias américains, britanniques, français et même australiens, entre autres, mais il aura fallu attendre la fête du Canada, sous la poussée des médias canadiens anglophones, tels le Toronto Sun et la National Post, pour qu’enfin La Presse, Radio-Canada, TVA, le Journal de Montréal et même Le Devoir et le Huffington Post publient la nouvelle en se gardant bien, toutefois, de la commenter.

 


Il y a des jours où nos commentateurs ressemblent à ceci…

Rendu publique la nouvelle en 2000

À date, aucun analyste, éditorialiste, chroniqueur ou blogueur affilié à un média mainstream québécois n’a osé se compromettre sur le sujet. Aucun ? Hélas, il y en a eu un. L’ancien ministre péquiste et ex-gérant d’Éric Lapointe, Yves-François Blanchet, y est allé d’un commentaire dégoulinant de complaisance envers le « grand féministe » qu’il a trouvé le moyen de voir en Trudeau, tout en essayant plus que maladroitement de discréditer l’auteure de l’éditorial dénonçant le futur premier ministre – qui serait sa victime alléguée elle-même – et le média qui a rendu publique la nouvelle en 2000. Le seul intérêt de publier pareille information serait, toujours selon ce douteux commentateur, de remplir l’espace médiatique en cette morte saison estivale. Traitement condescendant, pathétique et médiocre.

Position radicale et arbitraire

Du côté canadien anglais, plusieurs journalistes compétents, dont Candice Malcolm, Joe Oliver, Naomi Lakritz, Margaret Wente et Andrew MacDougall, ont été nettement plus audacieux que nos silencieux – ou insignifiants – « analystes ». Ces professionnels de l’information n’ont pas hésité à placer notre premier ministre devant ses incohérences entres ses gestes allégués et les positions radicales et arbitraires inspirées de son féminisme inquisitorial.

Féministe autoproclamé

Comment, en effet, concéder un atome de cohérence à un féministe autoproclamé pour qui un homme accusé sans preuve d’inconduite ou d’agression sexuelle devient automatiquement coupable et passible de châtiment public quand il pourrait avoir fait pire qu’eux ? Sur la foi de quelles preuves réelles s’est-il cru en droit d’exclure ses députés Scott Andrews et Massimo Pacetti ? Comment a-t-il pu « démissionner » son ministre Kent Hehr, paraplégique, dont le seul crime connu aura été de dire « tu es délicieuse » à une femme perturbée mentalement ? Pourtant, Hehr n’a peloté personne, lui…

Trudeau s’appliquera-t-il les mêmes standards ?

Trudeau a affirmé qu’il s’appliquerait les mêmes standards de haute moralité qu’à ses députés et ministres, peu importe le contexte et l’époque, et que la parole des femmes devait être crue sans discussion. En 2000, une journaliste l’a accusé d’avoir posé envers elle un geste inapproprié, nettement pire qu’une boutade voulant qu’il l’aie trouvée « délicieuse ». En toute cohérence, Justin Trudeau devrait s’infliger la même sort qu’aux membres exclus de son caucus.

Dans le cas bien improbable d’un tel dénouement, espérons que, cette fois, nos médias ne seront pas à nouveau les derniers à aborder le sujet tout en regardant ailleurs quand ils devraient le commenter…

1 commentaire:

Le chroniqueur du 5e a dit…

Mathieu Bock-Côté a écrit qu'il fallait du courage pour affronter le wokisme.
Je le cite "On notera, à travers ces nombreuses crises, le peu de résistance des différentes administrations devant la controverse. On pourrait parler du déclin du courage dans nos sociétés, pour le dire avec Soljenitsyne. La peur de mal paraître dans les milieux de la gauche mondaine amène ces administrateurs à plier.

Geoff Molson a pris plusieurs jours avant de répondre aux détracteurs du CH certainement pour se donner le temps de lire le petit livre rouge wokiste et sa réponse est va exactement dans le sens de MBC... la peur de mal paraître amène ses administrateurs à plier.

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