samedi 8 octobre 2022

Élections 2022 : le Québec est-il encore un État démocratique ?

François Legault
Quand un gouvernement majoritaire est élu avec 41 % des votes, 90 sièges sur 125, mais que 59 % des votants lui ont tourné le dos, il y a matière à s’interroger sur sa légitimité et, surtout, sur sa représentation démocratique dans un État de droit.  

La question se pose d’autant plus que le seul parti à jouer un véritable rôle d’opposition n’obtient aucun siège avec près de 13 % des votes, ce qui signifie que ses électeurs, au nombre de 530 786 personnes, seront totalement ignorés à l’Assemblée nationale, qui doit représenter les intérêts légitimes de TOUS les Québécois.

Il faut enseigner à François Legault le sens du mot « démocratie »

Éduquons donc notre cabochon de premier ministre avec cette définition :

« Étymologie: de dêmos*, « peuple » et kratos, « puissance », « souveraineté ». Régime politique fondé sur le principe que la souveraineté appartient à l'ensemble des citoyens , soit directement (par des référendums) soit indirectement par l'intermédiaire de ses représentants élus. »

D’ores et déjà, nous sommes à même de constater que « la souveraineté appartenant à l’ensemble des citoyens » a été balayée sous le tapis par cet ancien… souverainiste !  Son comportement va à l’encontre cet autre énoncé :

La démocratie suppose l'existence d'une pluralité d'options et de propositions, généralement incarnées dans des partis et des leaders ayant la liberté de s'opposer et de critiquer le gouvernement ou les autres acteurs du système politique.

Legault renie sa parole

Dans l’état actuel des choses, pouvez-vous me dire comment ce noble principe est respecté ?  Avouons qu’il a été broyé par un système périmé que François Legault s’était pourtant engagé à corriger au cours de la première année d’un premier mandat. 

Fidèle à lui-même, il est revenu sur sa parole, comme il n’a cessé de le faire systématiquement depuis le début de la crise politico sanitaire, sous l’égide de la firme McKinsey dont Radio-Canada a enfin mis en lumière le rôle occulte.[i]  Voici donc à quoi le chef de la CAQ s’engageait en 2018 :

« En 2018, alors qu'il était chef de la deuxième opposition à l'Assemblée nationale, François Legault a signé une entente stipulant que son parti s'engageait, s'il prenait le pouvoir, à déposer un projet de loi pour réformer le mode de scrutin. D'autres chefs avaient pris le même engagement, notamment Jean-François Lisée, à l'époque au Parti québécois (PQ), et Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire (QS). »

Une majorité démesurée et aucun siège pour le PCQ

Vous avez bien lu : il avait signé une entente pour réformer le mode de scrutin.  Mais l’actuel système, non seulement lui permettait d’augmenter substantiellement et indument une majorité qu’il aurait obtenue de toute façon, mais lui servait également de moyen détourné d’éradiquer son principal adversaire, Éric Duhaime, qui, malgré une votation importante, n’a pu faire élire aucun député.

Legault a été favorisé dans ce dessein malhonnête par un système électoral périmé qui repose encore et toujours sur l’opposition entre deux principaux partis, aujourd’hui sous respirateurs artificiels, soit le parti libéral du Québec et le Parti Québécois.

Un caillou dans la chaussure

Avec l’éclosion, d’abord de Québec solidaire, puis de ce joueur pendant longtemps ignoré, le parti conservateur du Québec, la donne a été considérablement changée par le morcèlement du vote autre que caquiste.

Le PCQ a atteint une vitesse de croisière jusque-là inimaginable, en raison de la force de l’insatisfaction légitime d’une partie importante de la population, un caillou dans la chaussure de la CAQ. 

L’expertise politique d’Éric Duhaime, habile débateur, mais manquant encore de combativité, selon certains, a compté pour beaucoup dans une ascension qui pourrait bien perdurer, tant la CAQ accumule gaffes et décisions mortifères ne reposant sur aucune science et relevant presque de la superstition la plus irrationnelle : plus on étouffe la population, mieux elle se porte.

Aucun droit de parole à l’Assemblée générale

Non content d’avoir profité d’un système biaisé qui lui a permis d’éliminer son principal adversaire, Legault lui refuse tout droit de parole à l’Assemblée nationale, décision qui peut par ailleurs se légitimer en raison de l’absence de siège que sa promesse non tenue a favorisée.  Une apparence bidon de légitimité. 

Comme le système électoral actuel le favorisera sans doute à l’avenir, Legault s’est engagé… à le pas le réformer :

« Pas d’élu, pas de présence au parlement. François Legault ne voit pas de place possible pour Éric Duhaime à l’Assemblée nationale du Québec. Et le premier ministre ne réformera par le mode de scrutin.

M. Legault se dit par contre très ouvert à discuter de façon régulière avec les chefs des quatre autres principaux partis, dont le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), pour récolter leurs bonnes idées. »

Le tableau aurait pu être bien différent…

Quel hypocrite !  Un article de Radio-Canada explique pourquoi le premier ministre a tout intérêt à faire primer ses intérêts personnels sur ceux du peuple québécois, au mépris d’une majorité qui ne veut rien savoir de lui :

« Avec seulement 41 % du vote populaire, la Coalition avenir Québec a fait élire une forte majorité de députés, soit 90 des 125 élus (72 %). Si le gouvernement Legault avait tenu sa promesse de réformer le mode scrutin, le portrait de l’Assemblée nationale aurait été bien différent, selon nos calculs.

(…) Cette distorsion entre le vote populaire et l’obtention de sièges à l'Assemblée nationale aurait pourtant pu être atténuée avec la réforme du mode de scrutin et l’adoption du projet de loi 39.

Avec un mode de scrutin proportionnel avec compensation régionale, la CAQ aurait fait élire 75 députés, soit 15 de moins, et aurait pu conserver sa majorité.

La débandade aurait été encore plus marquée pour le PLQ, qui aurait obtenu 5 sièges de moins (16 plutôt que 21).

QS aurait pu pour sa part compter sur l’appui de 3 députés de plus à l’Assemblée nationale, soit 14 députés au lieu de 11.

Le PQ aurait quant à lui ralenti sa chute en faisant élire trois fois plus d’élus, pour un total de 10 plutôt que 3.

Le plus grand gagnant aurait sans contredit été le PCQ, qui aurait fait une entrée sans équivoque à l’Assemblée nationale avec 10 élus. »

Un vol de démocratie

Vous rendez-vous compte de l’ignominie de François Legault, qui correspond tout à fait à cette définition de ce que n’est pas une démocratie :

« On oppose la démocratie à l'autocratie: tyrannie, aristocratiemonarchiedictature et toutes les formes de pouvoir où la majorité est exclue du processus décisionnel (régimes autoritaire et totalitaire). »

« Toutes les formes de pouvoir où la majorité est exclue du processus décisionnel. »  Cette exclusion, c’est exactement ce qui arrive aux 59 % d’électeurs votants qui ont été ignorés par Legault, sans compter près de 13 % qui ont voté PCQ, qui auraient pu compter sur 10 élus afin de défendre leurs droits légitimes face au sanitarisme fanatique du petit dictateur de la CAQ.

Un avenir sombre

L’avenir du Québec n’aura jamais été aussi sombre et menacé par une clique de politicailleurs opportunistes et sans scrupules qui continueront à maintenir un état d’urgence sanitaire factice permettant de continuer à imposer un vaccin inefficace et dangereux, à s’opposer à la tenue d’une commission d’enquête sur l’hécatombe des CHSLD, en plus d’octroyer des contrats de gré à gré sans appels d’offre. 

On est rendu à 17,4 milliards de dollars autorisés par ce parti en tout point semblable à son prédécesseur, le parti libéral du Québec.

La politique, plus ça change, plus c’est pareil…

8 commentaires:

Le chroniqueur du 5e a dit…

Dimanche 11:00
Votre article d'hier,( samedi,) n'apparaît toujours pas via le Flux RSS.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Clairement, après Facebook, il semble bien que je sois censuré sur Google. Nous vivons de plus en plus dans une république de bananes. Je constate encore une fois un faible achalandage à date. Pour mon billet précédent, la situation s'est quelque peu redressée, mais je pense bien qu'il aurait pu faire mieux dans des circonstances " normales ". Merci de m'informer.

Le chroniqueur du 5e a dit…

Bonjour M. Kaestlé,
Je ne sais pas si cela pourrait fonctionner, mais allez dans vos paramètres pour :
-ajustez pour l'heure réelle : actuellement il y a 3 heures de différence
-Mettez le bouton https en vigueur.

Il se peut que Google vous censure mais j'ose espérer que non.

Bonne chance,

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

Merci. Je vais regarder ça.

Le chroniqueur du 5e a dit…

M. Kaestlé,
Pour visualiser si vos changements fonctionnent, ajoutez votre blogue "le blog d'Olivier Kaestlé " dans votre liste de blog.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

@ Indépendant du Québec J'ai tenté d'examiner vos suggestions. Peine perdue. Pur charabia pour moi et aucune patience avec toutes ces niaiseries. Des gens me conseillent de changer de plateforme. À suivre.

Le blog d'Olivier Kaestlé a dit…

@ Indépendant du Québec Il est clair que, vu l'importance du sujet, j'aurais dû recevoir nettement plus de visites.

Le chroniqueur du 5e a dit…

M. Kaestlé, vos articles sur Blogger sont bien publiés mais ne sont pas référencés via le flux RSS.


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Pour des raisons indéfinissables, Blogger a retiré mon article intitulé À quand un prix Diane Lamarre ?   C'est la première fois depuis ...