Il est de ces décisions que l’on mûrît longuement, à moins que ce ne soit elles qui, peu à peu, s’imposent à soi. J’ai débuté ma « carrière » de chroniqueur-citoyen dans les pages d’opinion de plusieurs quotidiens du Québec à partir du 31 juillet 2006. Rapidement, je me suis pris au jeu d’envoyer régulièrement des textes sur plusieurs questions d’actualité, tant à propos de sujets chauds que d’autres, que je jugeais importants, mais mésestimés des médias.
Au début, je trouvais un accueil plutôt favorable de leur part. Depuis un an ou deux, je constate que leur ouverture à l’opinion du citoyen dit ordinaire se rétrécit progressivement. Ce commentaire ne vaut cependant pas pour Le Nouvelliste, le quotidien de ma région, et encore moins pour Le Soleil, le journal qui m’a le plus publié. Ces deux médias se sont toujours démarqués par leur constance et la mise en évidence de mes topos. Je leur en demeure reconnaissant.
Une lente érosion
Je ne peux évidemment en dire autant du Devoir, dont l’élitisme et la hauteur envers les gens qui ne sont ni vedettes, ni résidents de Montréal, n’étonnera personne mais me surprendra toujours. Qu’il me suffise de préciser qu’aucun parmi la cinquantaine de textes que je leur ai adressés au cours des quatre dernières années n’a trouvé grâce à leurs yeux. Je dois pas être doué.
Il y a cependant plus inquiétant. Cyberpresse (le média et non le site abritant les sept quotidiens de Gesca) qui, jusqu’en janvier 2009, constituait une tribune accessible à tous, ne publie maintenant les textes de simples citoyens que très exceptionnellement. La priorité, pour ne pas dire l’exclusivité de leur espace média, revient désormais à des notables ou des célébrités.
Le Journal de Montréal suit d’ailleurs la même tangente depuis quelque temps, d’abord en ne réservant sa lettre du jour qu’à la même élite (cette rubrique semble par ailleurs désormais remplacée par les textes de collaborateurs), ensuite en ne limitant la participation citoyenne qu’à leur sondage quotidien. Bonsoir démocratie, ouverture sur le peuple, dont ce journal se targue, et écoute du lectorat.
Du côté de La Presse, le problème m’est plus personnel. Il semble que l’on ne m’ait jamais pardonné mes six lettres du jour en 14 mois au Journal de Montréal (en un temps de plus grande réceptivité de ce quotidien, bien sûr). Plus d’un an après la première d’entre elles, tous mes textes ont été systématiquement refusés, jusqu’à ce que je renonce à leur en envoyer.
Je ne jette pas l’éponge
Je me demande ce que les gens d’opinion sans tribune - mais non sans idées - deviendraient sans Internet, ses blogues et ses réseaux sociaux, devant cette érosion du droit de parole citoyenne. La possibilité de se publier soi-même offre un éventail de perspectives inimaginables, il y a encore dix ou quinze ans. Pas de limites quant aux sujets, au nombre, aux formats, à l’actualité - ou non - des topos. Vous disposez d’une latitude totale d’expression, et vous êtes toujours sûrs d’être publié… Bref, vous êtes le boss ! Ce sont sans doute ces médias, davantage que les journaux, à l’avenir incertain (trop ouverts à leurs lecteurs, probablement), qui représentent l’avenir d’une vraie démocratie citoyenne.
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