L’avortement
selon le sexe demeure inadmissible en ce sens que sa seule motivation est
discriminatoire, peu importe le sexe de l’enfant à naître, son état de santé ou
celui de la mère. Pour ce qui est de l’avortement tardif, on peut lui
trouver deux justifications : soit la santé de la mère est menacée, soit
celle de l’enfant à naître serait à ce point hypothéquée que sa vie, et celle
de ses parents, deviendrait un véritable enfer quotidien.
En
dehors de ces deux cas de figure, à partir du moment où le fœtus est viable,
indépendamment de la mère, et en bonne santé, est-ce qu’on parle toujours d’un
« simple » avortement ? À la suite de l’annonce, par François
Legault, de former de
nouvelles équipes pour faciliter l’accès aux avortements tardifs, un mot a commencé à
circuler sur les réseaux sociaux : infanticide !
Peut-on
en débattre ?
À
n’en pas douter, il y aurait matière à débat sur cette question épineuse, si
seulement nous étions capables de débattre pareil sujet au Québec.
Avec
la Chine et la Corée du Nord, le Canada reste le seul pays à disposer d’un vide
juridique pour toute législation sur l’avortement. En théorie, ça
signifie que tant que le fœtus n’a pas quitté le ventre de sa mère, il ne
saurait être considéré comme un enfant, même quelques heures avant
l’accouchement. L’avortement pourrait en principe être autorisé. En
pratique, une telle boucherie de dernière minute est-elle déjà survenue ?
Souhaitons que non.
Qui
plus est, nombreux sont les médecins mal à l’aise avec le concept d’avortement
tardif également appelé de troisième trimestre, soit effectué après 24 semaines
de grossesse. Un rapport confidentiel du Collège des médecins indique que les
praticiens qui effectuent ce type d’avortement seraient « stigmatisés et
intimidés ». La rareté des ressources contraindrait même des femmes à
accoucher malgré elles.
Toutes
les raisons sont valables
Or
la ministre de la Condition féminine, Isabelle Charest, a été formelle :
toutes les raisons de demander un avortement tardif sont valables :
« Il faut que les femmes aient accès à ce service, peu
importe la raison, a-t-elle ajouté. Toutes les raisons leur
appartiennent, et on n’a pas à remettre ça en question. Notre rôle, c’est de
donner accès » à l’avortement. »
Bref,
la décision de la femme de disposer de son corps est érigée en absolu. Ce
point de vue se défend à l’intérieur d’un délai raisonnable, mais lorsque l’on
parle d’un avortement tardif, est-il seulement question du droit d’une seule
personne, ou de celui de deux: la génitrice et l’enfant à naître ?
Avons-nous
toujours affaire à un simple foetus ?
Car
passé 24 semaines, on peut envisager l’hypothèse que nous n’avons plus
seulement affaire à un simple fœtus. Sa viabilité serait cependant un facteur variable :
« Il est difficile de fixer une limite de développement,
d’âge, ou de poids par lequel un fœtus est considéré automatiquement comme
viable ou bien dont la survie est réellement assurée. Néanmoins l’expérience
montre que les bébés dont le poids est inférieur à 500 grammes ou dont l’âge
est inférieur à 22 semaines d’aménorrhée survivent très rarement, et encore
moins sans séquelles. Entre 22 et 26 semaines d’aménorrhée, moins de 15 %
des enfants nés vivants sortent des soins intensifs sans séquelles majeures4. Même les fœtus nés
entre 26 et 28 semaines ont des difficultés pour survivre, principalement parce
que leurs systèmes respiratoire et nerveux central ne sont pas complètement différenciés5. »
Porte ouverte aux militants extrémistes ?
Bref,
si la viabilité d’un fœtus devait devenir un critère pour interdire les
avortements tardifs, nous nous retrouverions dans une zone grise. Par ailleurs,
plusieurs redoutent, et ils n’ont pas tort, qu’une telle interdiction ouvre la
porte à une remise en question pure et simple du droit à l’avortement, peu
importe le contexte, par les éléments extrémistes du lobby pro-vie. Ce
serait le retour aux faiseuses d’ange clandestines ou aux aiguilles à tricoter
pour des femmes qui n’auraient plus d’autre recours.
Une
telle perspective resterait cependant inimaginable dans une société aussi
néo-féministe que le Québec. Cependant, les réactions sur les réseaux
sociaux à l’annonce de la CAQ d’accroître les ressources facilitant l’accès aux
avortements tardifs sont plus qu’évocatrices d’un malaise, allant dans certains
cas jusqu’à la plus vive condamnation.
Le
Québec, paralysé par la bien-pensance
Le
fait que le Canada partage avec des pays aussi peu humanitaires que la Chine et
la Corée du Nord la réalité peu banale d’une absence de balises régissant
l’avortement pourrait donner matière à nous interroger sur ce vide
juridique. Pourrons-nous éternellement esquiver toute forme de débat
autour de la question des avortements tardifs quand la presque totalité des
pays civilisés ont établi un cadre juridique sur le sujet ?
Dans un Québec néo-féministe, paralysé par une bien-pensance de gauche autant universitaire que médiatique, on peut légitimement douter qu’une telle discussion soit même envisagée. Une minorité empêchera pendant longtemps encore toute discussion sur un sujet qui, pourtant, semble loin de faire l’unanimité.
Billet publié le 6 février 2020 dans dixquatre.com.
1 commentaire:
Les médias se font un devoir malsain de comptabiliser chaque meurtre de femme comme un féminicide.
Comme vous l'avez rapporté;, un féminicide c'est le meurtre d'une personne de sexe féminin uniquement parce qu'elle est de sexe féminin.
Le plus bel exemple d'un vrai féminicide, c'est la coutume chez certaines ethnies de procéder à des avortements basés sur le sexe .... féminin. Ca se passe au Canada. Pour contrer ce genre de féminicide ; une femme, députée conservatrice du nom de Cathy Wagantall a déposée un projet de loi sur l'avortement en fonction du sexe (C-233).
Et les bonnes âmes bloquistes, libérales et néo-démocrates vont voter contre, incluant Erin O'Toole, le chef conservateur.
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