C'était écrit dans le ciel. Une évidence incontournable. Il était impossible de ne pas voir venir le - ou les - coups (s). La victoire des idéologues abolitionnistes en France a de plus en plus un un goût amer. Il était pourtant si prévisible que la criminalisation du client de la prostitution aurait davantage d'effets pervers que la légalisation de ce choix professionnel controversé.
Cette
réalité, si énervante pour nos féministes abolitionnistes chéries, doit être
prise en considération par les pouvoirs publics et par le législateur, optique
qui n’a pas été retenue par la France quand, emboîtant le pas à la Suède, elle
a décidé de criminaliser le recours aux services des prostituées.
Or,
la Suède se targue d’avoir fait diminuer de moitié la prostitution de rue
depuis l’instauration de cette disposition légale en 1999. La prostitution de
rue, je veux bien, mais qu’en est-il de la prostitution… tout court ? Les
autorités et le gouvernement suédois ont-ils envisagé la possibilité que la
moitié disparue de leur écran radar en soit réduite à la plus dangereuse
clandestinité ?
En
France, à Paris, plus précisément, des prostituées sont victimes d’agresseurs en série mais redoutent de porter
plainte, de peur de perdre leurs clients. Certaines gardent le silence parce
qu’elles sont sans papiers et ne parlent pas français.
Des
travailleuses du sexe chinoises, ayant porté plainte, ont vu les policiers
arrêter leur proxénète et fermer leur établissement, les privant ainsi de leur
gagne-pain. Mais c’est la pénalisation du client qui est montrée du doigt comme
étant la pire entrave au métier de prostituée comme l’indique cet article :
« Le vote de la loi
prostitution en avril, « semble avoir plutôt favorisé
les violences à l’égard des prostituées qu’accru leur protection »,
souligne le rapport.
« Depuis lors, les clients sont passibles d’une amende de 1 500
€, pouvant monter à 3 750 en cas de récidive. Ce qui a causé leur raréfaction
et une paupérisation des travailleuses du sexe. Par ailleurs, les clients qui
restent sont eux plus enclins à négocier les prestations à la baisse ou le port
du préservatif, selon ces associations.
« »Les prostituées sont devenues tellement précaires du
fait de la pénalisation du client que certaines ont accepté des rapports avec
d’anciens agresseurs en espérant qu’ils seraient moins violents »,
s’étrangle Mme Maffesoli. »
La puissance d’un lobby toxique…
Avant
que la France ne commette la même erreur que la Suède, un écrivain, réalisateur
et chanteur, Antoine No Lastname, auteur de Délivrez-nous des dogmes, un essai dénonçant
l’abolitionnisme, avait déjà tiré la
sonnette d’alarme
sur les dangers de ce choix aveugle et dogmatique en citant l’exemple du
Danemark, qui s’était dissocié de l’optique répressive de sa voisine suédoise :
« Or, son voisin le plus proche [de la Suède], le Danemark,
après avoir étudié le bilan du « modèle nordique », ce pays a décidé
de ne pas le suivre, car il n’améliorait en rien la situation des sexworkers,
et a renoncé à
pénaliser le recours à la prostitution; une étude financée en
2010 par le gouvernement danois avait clairement conclu que « la
prostitution ne peut pas être traitée comme une entité monolithique et
homogène » et que « de nombreux travailleurs sexuels ont choisi leur
profession, ils n’y ont pas été contraints. » »
Étonnamment,
même le gouvernement français allait dans le même sens il y a quelques années à
peine, soulignait alors Antoine :
« Et puis à quelques jours des fêtes [en 2012], c’est le
gouvernement français qui a publié un rapport
révélateur de l’Inspection Générale des Affaires sociales, qui , pour la première
fois en France, abordait sans a priori le problème, et déclarait à son tour
« qu’il n’y a pas une mais des prostitutions » et que « les
seules données disponibles (ne concernent) que la seule prostitution de rue, et
ne saurai(en)t être extrapolé(es) », infirmant en cela les chiffres
alarmistes proclamés par les abolitionnistes. « La commission a relevé des
degrés très variables dans la contrainte ou au contraire dans la liberté »
et choisi de souligner la part de libre arbitre dans le choix de cette
profession […] »
Comment
expliquer, après pareils constats, marqués au coin du bon sens, que l’État
français ait succombé à la dérive suédoise ? Il faut que le lobby féministe
abolitionniste soit bien puissant pour avoir entraîné un choix de société aussi
consternant. No Lastname n’a pas hésité à dénoncer ces idéologues en termes
aussi judicieux que lapidaires :
« En réalité, les mouvements abolitionnistes, qui prétendent
vouloir venir en aide aux prostitué(e)s, sont en très grande part responsables
de l’ensemble des maux, violence, précarité, vulnérabilité à l’exploitation,
stigmate, qui frappent cette profession. Quand ces mouvements cherchent à vous
apitoyer en dénonçant les terribles conditions de travail des prostituées, les
attaques dont elles sont victimes, leur espérance de vie plus courte que celle
des autres personnes, ils oublient de dire que ce sont eux, et les règlements
prohibitionnistes qu’ils ont érigés et qu’ils proposent encore d’aggraver, qui
sont la cause directe de toutes ces souffrances. »
Et
vlan ! Que dire de plus ? Comment ne pas comprendre, à la suite de l’exemple
parisien, à quel point Antoine avait raison. Les fanatiques abolitionnistes
reconnaîtront-ils l’étendue de leur erreur ? J’en doute fortement.
Chez
ces bien-pensants, l’obsession du dogme l’emportera toujours sur les cruels
démentis de la réalité. Voilà une raison parmi tant d’autres pour laquelle il
faudra, tôt ou tard, que l’État français et même, tout État occidental, en
arrive à séparer le féminisme de l’État pour en finir avec l’obscurantisme
mortifère de la grande roseur.
1 commentaire:
M. Kaestlé
Le rapport Laurent est désormais accessible sur le web.
Un volumineux rapport de plus de 500 pages.
Voici le lien pour lire ce rapport dans lequel on n'y parle que de femmes victimes de violences conjugales.
https://www.csdepj.gouv.qc.ca/fileadmin/Fichiers_clients/Rapport_final_3_mai_2021/2021_CSDEPJ_Rapport_version_finale_numerique.pdf
J'aimerais pouvoir lire un article de votre part sur ce sujet.
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