jeudi 13 mai 2021

Le retour de Martine Ouellet, un atout pour François Legault ?

Martine Ouellet
Comme si la présente situation politique n’était pas suffisamment tendue, nous apprenons ce 13 mai que Martine Ouellet compte effectuer un retour en politique en fondant un nouveau parti indépendantiste qui présentera 125 candidats aux prochaines élections.  Ouellet voudrait diviser le vote souverainiste et favoriser un deuxième mandat de François Legault qu’elle n’agirait pas autrement.

Une feuille de route cahoteuse

Le passage en politique de Martine Ouellet, d’abord en tant que ministre péquiste des Ressources naturelles, devenue ensuite indépendante de son propre parti, puis en tant que chef d’un bloc québécois qui lui a montré la porte après qu’elle a eu perdu en 2018 un vote de confiance, n’a rien d’un parcours particulièrement édifiant.

D’où l’importance de garder un devoir de mémoire envers pareil cyclone ambulant avant de voter pour elle…

Un comportement erratique, instable et despotique…

Tout au long de son passage en politique, Martine Ouellet s’est démarquée par un caractère difficile et peu conciliant, pour dire le moins.  J’avais relaté l’un de ses faits d’armes dans un billet publié le 23 mars 2017 dans dixquatre.com. Je le reproduis ici :

Martine Ouellet poursuit TVA car sa mère et elle ont eu de la peine…

Imaginez qu’un homme, chef de parti politique, envoie une mise en demeure aux commentateurs d’un média main stream en leur demandant une rétractation publique parce que sa mère et lui-même ont eu de la peine à la suite de critiques défavorables essuyées par le rejeton de maman. Quelle opinion en auriez-vous ?

Afin d’illustrer mon propos, je conserverai mot à mot des extraits de l’article que Le Devoir a consacré à l’événement en titre de ce billet, en remplaçant le nom original de Martine Ouellet par celui de Jean-François Lisée, choisi en raison de ses affinités souverainistes avec celle-ci. Je remplacerai aussi le nom du Bloc par celui du PQ. Voici :

« Selon les informations obtenues auprès de six sources distinctes, le célèbre avocat Guy Bertrand a été retenu par M. Lisée pour contester certains commentaires des participants, Bernard Drainville, Paul Larocque, Luc Lavoie et Caroline St-Hilaire. La mise en demeure stipulerait, indique-t-on en coulisses, que leurs propos ont fait de la peine à M. Lisée, ainsi qu’à sa mère. »

Poursuivons – sans jeu de mots – notre exercice avec des commentaires reprochés :

« Jean-François Lisée, entouré de sa garde rapprochée, de sa garde républicaine », disait Paul Larocque en guise d’introduction au segment de huit minutes de l’émission. « Jean-François Lisée s’inspire de René Lévesque avec un “J-F-rendum” (Martine-rendum dans l’original) pour aller consulter les membres du PQ », ajoutait-il.

« Son collègue Bernard Drainville disait pour sa part que la question du référendum « va être rédigée pour obtenir le résultat qu’il souhaite. […] Le problème fondamental, c’est le chef. Le problème fondamental, c’est le leadership. Et il passe à côté ».

« Caroline St-Hilaire ajoutait quant à elle que le chef péquiste était « en train d’inventer une façon de poser des questions sans jamais poser la question et se remettre en question. Et la base du leadership, c’est un peu d’humilité et oser poser les bonnes questions ».

« Luc Lavoie concluait que c’était « tellement stupide comme question » que c’en était « absurde ». Tous les quatre pensaient plutôt que le chef du parti québécois devait se soumettre à un vote de confiance — ce qu’il a décidé de faire cette semaine. »

Que penseriez-vous de Jean-François Lisée ?

Que penseriez-vous de Jean-François Lisée s’il avait vraiment décidé de poursuivre ces commentateurs en raison de propos certes critiques, mais ni haineux et encore moins calomniateurs ? Auriez-vous confiance en sa stabilité émotionnelle pour rester chef de parti ? Le trouveriez-vous suffisamment mature et réfléchi pour encaisser des coups nettement plus durs que des critiques dûment méritées ?

N’auriez-vous pas l’impression, dans l’éventualité improbable où il collectionnerait autant de gaffes que Martine Ouellet, de vous trouver devant un pantin désarticulé, victime de ses émotions, incapable d’admettre ses erreurs et d’accepter de se les faire servir ?

Quelle serait votre perception d’un chef qui aurait réussi la douteuse prouesse de faire fuir plus des deux tiers de ses troupes, de refuser toute remise en question sur son leadership, de rester sourd à toute demande de quitter son poste pour le bien du parti, de voir ses membres le déserter et de constater que ses derniers appuis lui tournent désormais le dos ?

Les hommes politiques ont bien leurs défauts. Mais je ne me rappelle pas en avoir vu un seul se conduire comme un adolescent attardé en envoyant une mise en demeure parce que sa mère et lui-même ont eu de la peine devant les critiques d’analystes dont c’est le travail de commenter l’actualité politique avec professionnalisme et sans complaisance. Aucun commentaire cité plus haut n’était ni grossier, ni vulgaire, ni diffamatoire, ni même injustifié.

Une réaction qui n’aide pas sa cause

Le comportement de Martine Ouellet ne rend aucunement service aux femmes en politique. Il entretient les préjugés qui les présentent comme de fragiles petites choses qui n’admettent pas la critique et qui ne peuvent donc pas en tirer parti. En s’offusquant de boutades sans malice comme celle de Paul Larocque sur le « Martine-rendum », Ouellet passe pour une adulescente immature et facilement frustrée.

Cette nouvelle s’inscrit dans la continuité de cet autre incident, que j’ai relaté dans ce billet[i], impliquant un journaliste de Radio-Canada accusé sans motif de harcèlement criminel par une femme ayant pratiqué le droit sans diplôme. Le chef de police ayant procédé à son arrestation injustifiable s’est dit inspiré de #metoo…

Martine Ouellet invoquera-t-elle à son tour ce mouvement pour justifier sa poursuite ? La victimite féministe qui s’intensifie depuis l’automne dernier (2016, NDA) connaîtra-t-elle une fin ? À partir du moment où les médias si souvent complices de ces dérives en deviendront pour une fois des – vraies – victimes, qui sait ? Peut-être bien…

En conclusion…

Personnellement, j’ai toujours éprouvé une souveraine – toujours sans jeu de mots – difficulté à supporter les primas donnas, qu’elles soient masculines ou féminines.  Vous me direz que l’incident que j’ai évoqué dans ce billet datant de 2017 est bien insignifiant et vous n’aurez pas tort. 

C’est précisément en raison de son insignifiance même que ce « haut fait » reste, paradoxalement, important puisqu’il est plus qu’évocateur de la personnalité même de Martine Ouellet : difficile, infantile, instable et conflictuelle.  Personne n’a besoin de pareille joueuse sur la scène politique actuelle, qui ne ferait que diviser le vote souverainiste et favoriser le retour de l'autocrate qui nous sert de premier ministre.


[i] BLOGUE | Eh oui, une femme peut faire arrêter un homme pour des « niaiseries » !

Olivier Kaestlé

Dans une récente chronique dénonçant les accusations sexistes de Manon Massé envers les hommes politiques, Joseph Facal n’hésitait pas à affirmer que les femmes aussi pouvaient dire des niaiseries. Un fait divers, ayant mené à l’arrestation sans motif d’un journaliste de Radio-Canada, vient de prouver qu’elles peuvent aussi en faire, et plus souvent qu’on veut bien le croire.

La « niaisante », en l’occurrence, s’appelle Yvonne Dubé. Elle est directrice de l’organisme Grands Frères Grandes Sœurs (GFGS) de l’Outaouais. Après des études en droit et un stage dans le cabinet d’un criminaliste d’Ottawa, elle a réussi… à ne jamais devenir avocate, on ne sait pourquoi.

Le journaliste accusé par Mme Dubé, Antoine Trépanier, avait révélé que le Barreau de l’Ontario avait obtenu une injonction permanente contre elle pour pratique non autorisée du métier d’avocat. Cette femme avait néanmoins trouvé le moyen de représenter des accusés dans des procès criminels entre septembre 2011 et mars 2012…

Or, Mme Dubé s’est bien gardée de mentionner ce douteux exploit lors de son entrevue d’embauche pour son poste actuel, ce qui allait entraîner ses problèmes judiciaires.

Après avoir découvert ce pot aux roses impliquant une personnalité publique locale, le journaliste Trépanier lui offre, au cours d’un entretien téléphonique enregistré, de s’expliquer lors d’une entrevue télévisée. Elle accepte, mais ne se présente pas. Il envoie donc, le lendemain, un courriel réitérant son invitation. Il s’agirait, selon Radio-Canada, du troisième contact du journaliste avec son accusatrice, après deux appels téléphoniques. En incluant un appel de Mme Dubé elle-même, quatre prises de contact en tout auraient été effectuées en deux jours.

Le soir même du courriel, Mme Dubé ne trouve rien de mieux à faire que de porter plainte contre le journaliste pour harcèlement criminel, rien de moins, et la police, de procéder instantanément à l’arrestation du journaliste, aussitôt relâché sur promesse de comparaître.

Facile de faire arrêter un homme

Dans un topo assez bien ficelé sur cet événement, le chroniqueur de La Presse, Patrick Lagacé, avoue candidement son étonnement devant une arrestation aussi arbitraire qu’injustifiable. S’il s’informait davantage sur certaines mesures étatiques quasi inquisitoriales comme la politique gouvernementale d’intervention en violence conjugale, il serait à même de constater à quel point il est facile pour une femme de faire arrêter un homme, qu’il soit son conjoint ou non, d’ailleurs.

Les corps policiers et notre magistrature ne l’admettront jamais publiquement, mais il y a belle lurette que la présomption d’innocence n’existe plus dans les cas d’accusation de violence conjugale, sexuelle ou de harcèlement. Du moment qu’un homme est impliqué, il peut se voir arrêté sans motif sur simple accusation de la part d’une femme. C’est là qu’on est rendu…

Lagacé écrit d’ailleurs : « Un avocat, hier, m’a dit : « On en parle parce que c’est un journaliste. Mais la vérité, c’est que chaque jour, des citoyens sont traités de cette façon-là par la police. La police ne veut plus faire d’enquêtes pour des causes semblables – je parle de chicanes de voisins, de harcèlement, de bousculades de stationnement : on arrête et on laisse la Couronne décider… »

Ce qui n’est pas clair dans la chronique de Lagacé, et qui gagnerait à être approfondi, c’est de déterminer à quel point l’arbitraire des arrestations vise surtout les hommes, du moment que les accusations sont portées par une femme.

Imaginons la même situation, mais avec une journaliste de Radio-Canada et une personnalité publique masculine qui aurait pratiqué le droit illégalement. Pensez-vous, ne serait-ce qu’une seconde, qu’il aurait suffi à cet homme de porter plainte pour que la journaliste soit automatiquement arrêtée pour harcèlement criminel ? Si vous croyez ça, c’est que le pot est déjà légal et que vous en avez fumé du bon.

Saluons tout de même ce moment de lucidité de Patrick Lagacé : « Ce n’est donc pas comme journaliste que je suis stupéfait par la saga Dubé-Trépanier. Oui, comme journaliste, c’est insultant. Mais Antoine Trépanier a l’appui moral, professionnel et juridique de Radio-Canada. C’est comme citoyen, d’abord et avant tout, que je suis inquiet. »

Et vous pourriez préciser, M. Lagacé, « comme citoyen de sexe masculin »…

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