dimanche 26 décembre 2021

Dérives néo-féministes : La présomption d’innocence en péril sur les campus québécois ?

Mohamed Mehdi Ghanmi, faussement accusé
Une première version de ce billet a été publiée le 4 août 2017 dans dixquatre.com.

Un vent de folie inquisitoriale souffle sur les universités américaines aux prises avec le diktat de la « culture du viol ». Oui, je sais, ça se passe chez nos voisins, mais déjà depuis quelques années, les social justice warriors qui hantent nos campus fourbissent leurs armes en vue d’une lutte à finir contre tout suspect d’inconduite sexuelle, qu’il soit coupable ou non.

Le Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel squatte régulièrement les universités, dénonçant la « culture du viol » avec son slogan, qui ne laisse que peu de latitude à la présomption d’innocence : « On vous croit ! »

Le contexte américain, qui déteint si souvent sur le nôtre dans plus d’un domaine, est devenu à ce point toxique que les amendements répressifs ajoutés par l’administration Obama à la loi régissant les agressions sexuelles sur les campus  auraient été abrogés par son successeur, Donald J Trump. Une centaine d’hommes accusés ont en effet intenté des poursuites pour en contester la validité qui établit que les universités n’ont besoin de n’être sûres qu’à 51 % que les agressions ont bien eu lieu pour sévir…

Dès 2013, une féministe avait sonné l’alarme…

Après avoir admis avoir toujours soutenu inconditionnellement les mesures punissant les agressions sexuelles sur les campus américains, Judith Grossman, féministe et avocate, devait réviser ses positions quand son fils fut lui-même victime d’allégations mensongères de la part d’une ex-petite amie délaissée.

Elle décrivait ainsi le comportement des autorités :

« Aucune enquête préliminaire n’a été menée par qui que ce soit à l’école à propos d’accusations en lien avec des agissements supposés qui seraient survenus quelques années plus tôt, pas plus que n’ont été envisagés des motifs de jalousie ou de vengeance qui auraient pu motiver une ex-amante délaissée à sévir. Le pire, dans toute cette aventure, c’est que mon fils ne bénéficiait d’aucune présomption d’innocence.

« […] Les allégations n’étaient étayées par aucune preuve, en dehors de la parole de l’ex-copine », précisait-elle.

« On vous croit… »

Le jeune homme n’en dû pas moins subir un interrogatoire féroce de deux heures infligé par le comité de l’école, pendant lequel on lui refusa tout droit de se voir représenté ou conseillé par un avocat ! Un enfer de plusieurs semaines allait commencer.

Madame Grossman devait découvrir que les mesures qu’elle avait tant soutenues avait été modifiées, peu de temps avant le drame vécu par son fils, par une directive émanant du ministère américain de l’Éducation. Cet ajout invalidait la présomption d’innocence, « si fondamentale dans notre tradition de justice », de relever la mère de famille. De haute lutte, madame Grossman a aidé son fils à se sortir de ce mauvais pas. Mais tout le monde n’a pas la chance d’avoir un parent avocat…

Ça a commencé chez nous…

À moins d’avoir vécu dans une caverne, il est impossible de ne pas avoir entendu parler de Mohamed Mehdi Ghanmi, cet étudiant qui a été lâchement expulsé de l’université Laval après avoir été accusé en février dernier d’une agression sexuelle sur une jeune femme qu’il avait délaissée. Je dis « lâchement », car il est évident que les autorités à l’origine de ce geste déplorable ont cédé aux diktats féministes de leur institution.

Le cas du jeune homme se corsait puisque la menteuse à l’origine de ses déboires avait porté plainte à la police qui l’a aussitôt considéré comme un coupable, selon ses dires :

« L’enquêteur m’a traité comme si j’étais déjà coupable, pas comme si j’étais un accusé, dit Mohamed Mehdi Ghanmi. J’essayais de lui expliquer, mais je ne comprenais pas pourquoi il la croyait elle et pas moi.»

Heureusement pour lui, le jeune homme disposait dans sa messagerie Facebook d’une pléthore de messages de son accusatrice réclamant des relations sexuelles. Cette preuve a pesé lourd dans l’abandon des procédures.

Sophie Durocher devait commenter ainsi la déroute des autorités universitaires et policières :

« Ceux qui, sur toutes les tribunes, dénoncent la supposée « culture du viol » qui règne au Québec, peuvent-ils mettre un centième de leur énergie à dénoncer les conséquences horribles des fausses accusations ?

« Ce matin, à mon émission de radio Sophie sans compromis sur les ondes de BLVD 102,1 fm à Québec, j’ai interviewé Jean-François Bertrand avocat, qui me disait que ces fausses accusations étaient « fréquentes », qu’elles sont utilisées dans des cas de séparation houleuse, par exemple.

« Quand est-ce qu’on va arrêter de croire une femme sur parole juste parce que c’est une femme ? Et de croire un homme coupable juste parce que c’est un homme ? » Voilà un questionnement bien « antiféministe»

Faudra-t-il attendre que la situation dégénère comme sur les campus américains avant de reconnaître et de consolider la présomption d’innocence dans nos institutions ?

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