Une première version de cet article a été publiée le 27 janvier 2018 dans dixquatre.com.
Si
vous trouvez mon titre alarmiste, considérez ceci : la Suède venait de déposer en
décembre 2017 un projet de loi préconisant l’inversion du fardeau de la preuve
dans les causes d’agressions sexuelles, ainsi que
l’affirmait alors son Premier ministre :
« Stefan Lofven, Premier
ministre, a déclaré que la « réforme historique », que sa coalition prépare
depuis sa prise de pouvoir en 2014, vise à transférer, dans une affaire de
viol ou d’agression sexuelle, le fardeau de la preuve, du plaignant à
l’agresseur présumé. S’adressant aux victimes, ce dernier a déclaré : « La
société est à vos côtés »»
Pouvait-on
être plus clair ? Et n’allez pas vous imaginer que ce qui se passait en Suède ne
pourrait pas arriver au Canada. C’est la Suède qui a « innové » en légalisant la
criminalisation du client de services sexuels en 1999. Le Canada, sous les
conservateurs de Stephen Harper, devait lui
emboîter le pas en 2014 avant d’être rejoint par la France
en 2016.
Or, le modèle suédois, bien qu’obstinément défendu par les abolitionnistes, serait un
flop :
« En 2013, le Conseil des
droits de l’homme de l’ONU publie un rapport de la Global Alliance Against
Traffic in Women qui conclut que « la criminalisation des clients n’a pas
réduit le trafic ou le travail lié au sexe, mais a augmenté la vulnérabilité
des travailleuses du sexe à la violence, a nui aux réponses au VIH et a empiété
sur les droits des travailleuses du sexe ». Cette conclusion a été reprise
dans un papier intitulé Pénaliser les clients de la prostitution : un
ticket pour la clandestinité publié dans Mediapart par Médecins du Monde,
Arcat, Act Up-Paris, le Planning familial et Aides. »
On
voit où mène le délire d’une bien-pensance néo-féministe.
#MeToo : la dérive…
Pas
besoin d’un doctorat en sociologie pour situer le contexte particulier à
l’origine de la poursuite de l’idée fixe entretenue par nombre de groupes
féministes, comme le Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte aux
agressions sexuelles (RQCALACS) dont la campagne #OnVousCroit vise, à mots à peine
couverts, l’abolition de la présomption d’innocence. Ces militantes se
compromettent davantage dans un site dont elles sont membres
:
« Malheureusement, encore à
ce jour, l’agression sexuelle demeure le seul crime où c’est la victime qui
doit prouver qu’elle est victime et non le criminel, mais nous travaillons sans cesse pour voir un jour ce
fardeau de preuve se renverser. »
Besoin
de davantage d’éclaircissements ? Leur protégée, Alice Paquet, dont ces
idéologues n’avaient cessé de défendre les accusations les plus indéfendables
envers le députe Gerry Sklavounos, reprenait
leur mantra en octobre dernier :
« La présomption
d’innocence, c’est le mur qui sépare les survivantes de l’espoir d’une
quelconque justice : et si l’on décidait
qu’une victime dit la vérité jusqu’à preuve du contraire, plutôt que de
déculpabiliser l’agresseur et de lui accorder le bénéfice du doute ? »
Psychose collective
En
janvier 2018, je lisais la triste
histoire de Patrick Brown, ce chef conservateur ontarien, renié par les siens sur la
« foi » d’accusations non prouvées et qui, si elles l’avaient été, relèveraient
davantage de l’inconduite sexuelle que de l’agression, sa première « victime »
ayant été consentante, et l’accusé ayant cessé tout attouchement dès que la
seconde accusatrice l’eut enjoint d’arrêter. Ce genre de lynchage médiatique,
sans autre forme de processus judiciaire ou de procédures policières est en
passe de devenir la norme.
Imaginez ce qui arrivera si, ou quand, la présomption d’innocence sera abolie. Notre appareil judiciaire deviendra avant longtemps l’ambassadeur institutionnel de la paranoïa et de la vindicte hystériques des réseaux sociaux pour qui un homme accusé est automatiquement coupable. Comme le délire collectif qui perdure sur l’Occident ne semble pas près de s’apaiser, il y a gros à parier que la présomption d’innocence, à la base même de notre justice, n’en a plus pour longtemps dans les causes d’agressions sexuelles…
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