Annick Bouchard-Beaulieu |
Il ne faut jamais négliger les médias locaux. Ils contiennent
parfois des nouvelles qui devraient faire l’objet d’une diffusion nationale.
Ainsi, c’est par l’Avantage gaspésien, média électronique local, qu’une
nouvelle perturbante parue en avril 2019 était passée sous
l’écran radar médiatique québécois.
Le
centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) La
Bôme-Gaspésie s’était vu exclure du Regroupement québécois des CALACS. La
raison ? Cet organisme avait décidé en décembre 2018 d’étendre ses services aux
victimes masculines !
Hors de question !
Selon
l’article de L’Avantage gaspésien :
« Au départ, le
regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte aux agressions à
caractère sexuel (RQCALACS) avait été clair qu’il était hors de question que
la vocation féminine soit étendue aux victimes de sexe masculin. »
Et les garçons, là-dedans ?
Il
est question ici de victimes de sexe masculin, et non seulement des hommes.
Est-ce à dire que les garçons en bas âge et les adolescents ne méritent aucun
soutien en raison de leur sexe ? Quand on sait que le taux de suicide des
garçons est – déjà – plus élevé que celui des filles, on peut s’interroger
sérieusement sur l’humanisme de ce regroupement qui prétend lutter contre les
agressions sexuelles.
Seules les victimes féminines comptent
« Selon la directrice du CALACS La Bôme-Gaspésie, le
regroupement auquel son organisme faisait partie a été catégorique quant aux
conséquences de prendre un tel virage. « On nous a gentiment montré la
porte. On nous a rappelé que les CALACS étaient exclusivement féminins.
Conséquemment, on n’avait plus droit à aucune formation, ni de vote au conseil.
On perd aussi la force d’un regroupement lors de représentations auprès du
gouvernement. »
Des précédents
La
directrice du CALACS exclu, Annick Bouchard-Beaulieu, a précisé en entrevue que
deux autres organismes similaires avaient été déjà été mis à la porte par le
RQCALACS. J’avais d’ailleurs moi-même publié le cas du
CALACS Unies-Vers-Elles, qui avait connu un sort similaire pour la même raison. Là encore, c’est un
petit média local qui avait
publié la nouvelle
qui n’avait trouvé aucun écho dans les médias nationaux :
« Cette ouverture de
la part d’un organisme féministe, dédié exclusivement au service des femmes
depuis 2000, a valu au CALACS Unies-Vers-Elles l’exclusion du Regroupement
québécois des CALACS. »
Les conséquences de l’exclusion n’ont pas été qu’associatives
Toujours selon
la directrice :
« Le regroupement a obtenu
une subvention gouvernementale pour des programmes de prévention dans les
écoles. De notre côté, nous avons fait exactement la même demande, soit un
montant de 150 000 $ sur trois ans pour le même type de programme que nous
offrons d’ailleurs déjà dans les écoles. Notre demande a été refusée et on
nous a donné une réponse à l’effet que nous avions supposément mal rempli notre
demande et qu’il était trop tard. »
Ministre interpellée
La
députée de Gaspé, Méganne Perry Mélançon, a tenté de sensibiliser la ministre
de la Condition féminine, Isabelle Charest, à la situation problématique du
CALACS dissident :
« Plusieurs de leurs
demandes de financement ont été refusées en vertu de programmes spéciaux. On sait que ces CALACS offrent quand même les services
aux femmes. Je demande donc à la ministre s’il est possible de mettre quelque
chose en place pour aider ces CALACS. »
Silence radio
Avouant
ne pas être au courant du dossier, la ministre a déclaré qu’elle en prenait
note et qu’elle ferait les vérifications qui s’imposaient. À ce jour,
aucune nouvelle.
Braver l’interdit
Malgré
mes grandes réticences sur les tournées dites de sensibilisation des CALACS,
qui donnent trop souvent lieu à un discours alarmiste et victimaire, je trouve
injuste que les intervenantes de l’organisme ostracisé soient pénalisées pour
avoir eu l’audace de braver l’interdit sexiste de leur regroupement.
Des explications, s’il vous plaît
Quant
à ce dernier, j’aimerais bien qu’il justifie son choix d’ignorer les victimes
masculines d’abus sexuel. Comment peut-on se déclarer humanistes, empathiques
envers la souffrance des victimes, mais ne l’être qu’envers la moitié de
l’humanité ? Comment ne pas voir dans une telle orientation idéologique une
discrimination évidente en fonction du sexe ?
Un rappel à l’ordre s’impose
On
dénonce timidement le manque de ressources offertes aux hommes en difficulté.
Faut-il comprendre que même les garçons doivent être exclus ? Devons-nous
rester prisonniers du stéréotype « homme prédateur, femme victime » et
continuer de les ignorer ?
Il me semble qu’un urgent rappel à l’ordre gouvernemental s’impose envers le RQCALACS. Quand on finance un organisme, on est en droit d’exiger des résultats. Plus encore quand des êtres humains sont concernés, même s’ils ne sont pas du « bon sexe ».
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