Ce billet a été publié précédemment le12 juillet 2020 dans dixquatre.com, mais, deuxième vague de covid-19 mise à part, il reste d'actualité.
L’une
d’elles, à laquelle je ne ferai aucune publicité, affiche une liste de
coupables supposés d’agressions sexuelles ainsi que leur lieu de résidence,
sans tenir compte du risque de gâcher la vie de personnes portant le même
nom. L’administratrice de la page admet ne pas connaître « 99 % » des
gens dont elle dévoile étourdiment l’identité, mais prend pour acquis qu’ils
ne sont pas accusés sans raison. Une – autre – irresponsable qui se prend
pour une justicière. Bref, la présomption d’innocence fout le camp.
Une poursuite est engagée
J’ai
demandé son opinion à un avocat à savoir cette l’administratrice pouvait
encourir des poursuites pour diffamation. Il m’a répondu sous toutes réserves
qu’il s’agissait d’une éventualité réaliste. L’une des personnes
identifiées m’a écrit par ailleurs qu’elle avait déjà envoyé une mise en
demeure à la délatrice. Peut-être que d’autres lui emboîteront le pas.
Une
autre page autorisée par Facebook regroupe des récits de victimes supposées qui
terminent chaque histoire en dévoilant l’identité du coupable présumé.
Ici encore, on fait bon marché de la réputation des individus mentionnés.
Sitôt accusés, sitôt condamnés.
La présomption d’innocence, cet
irritant à abolir
N’en
ratant toujours pas une pour se faire remarquer – et ramasser -, la professeure
de l’UQÀM et « autrice » Martine Delvaux s’est fendue d’un post pour le moins
ahurissant sur Facebook à propos des agressions sexuelles :
« Qu’on arrête de brandir la présomption d’innocence.
Que les dénoncés, plutôt, fassent la preuve qu’ils ne l’ont pas fait. »
Et rebelote sur le désir d’abolition de la présomption d’innocence, couramment renommée « inversement du fardeau de la preuve », expression un peu plus passe-partout. Je rappelle que le directeur du Service de police de la Ville de Montréal, Sylvain Caron, a interpellé Justin Trudeau pour le convaincre de la « pertinence » d’un tel concept.
Et elles disent que les
services de police ignorent les victimes…
Imaginez,
le directeur du plus important service de police au Québec désire abolir la
présomption d’innocence… Et les néo féministes osent dire que les forces
policières ignorent les victimes d’agressions sexuelles ? Soulignons
également que François Legault, de son côté, a dit examiner cette question «
avec prudence ».
Pas la seule
Delvaux
n’est pas la seule à déblatérer sur le sort réservé aux accusés d’agressions
sexuelles. Faut-il se surprendre qu’une autre professeure de l’UQÀM,
Sandrine Ricci, trouve
particulièrement cool que des victimes présumées accusent publiquement et
impunément des hommes, en majorité, sur les réseaux sociaux :
« « Briser le silence, c’est aussi briser la solitude,
jusqu’à un certain point. Sur ces réseaux sociaux, une chose que les victimes
de violences sexuelles vont chercher, c’est une forme de reconnaissance, de
validation. Elles vont chercher du sens par rapport au caractère problématique
des gestes qu’elles ont subis et dont elles peuvent se rendre compte plus
tard », explique la doctorante. »
La volonté de nuire
n’existerait pas chez les accusatrices…
À
lire la professeure, il n’y aurait jamais de volonté de nuire à des hommes
innocents de la part de femmes vindicatives, notamment dans des causes de
divorce ou de lutte pour la garde des enfants :
« Sandrine Ricci n’est pas d’avis que ces dénonciations
sont une forme de vengeance publique. Selon elle, les femmes qui dénoncent
publiquement leur agresseur le font aussi pour informer les autres femmes.
Elles veulent donner du sens à une expérience qu’elles pensaient avoir vécu
seules. »
Accuser n’est pas sans risque
J’imagine
que la néo féministe se croit. Pourtant, le type de dénonciation qu’elle
valide n’est pas sans risque, même quand elles sont fondées, comme le
précise cet article :
« Les victimes d’agressions sexuelles qui dénoncent
publiquement leurs agresseurs sur les réseaux sociaux s’exposent en effet à des
poursuites en diffamation, même si leur récit est entièrement véridique. »
Il
faut préciser que les possibilités d’accusations au criminel pour un tel délit
restent faibles. C’est par la voie d’une poursuite au civil qu’un plaignant
peut éventuellement obtenir réparation, mais une telle avenue implique des
coûts.
Les CALACS soutiennent les
accusatrices
Faut-il
s’étonner de voir les centres d’aide et de lutte contre les agressions
sexuelles, dont le mantra demeure #onvouscroit, offrir leur soutien à quiconque
veut dénoncer publiquement un présumé agresseur ? Voici leur
propos :
« « À toutes les survivantes, #onvouscroit. Que vous décidiez de
dénoncer ou non, c’est une décision qui appartient à chacune et qui est
totalement légitime», invitant les victimes de ces gestes à contacter le CALACS de leur région pour obtenir du
soutien. »
La
dénonciation publique est-elle une avenue libératrice ?
Il
n’existe aucun doute que les victimes d’agressions sexuelles méritent soutien
et réconfort tant des services policiers que des intervenantes en violence
conjugale et sexuelle. La dénonciation publique est-elle pour autant
l’avenue libératrice préconisée par Sandrine Ricci ?
Tant
qu’on s’en tient à présenter des témoignages d’agressions vécues, aucun
doute. À partir du moment où des noms de présumés agresseurs circulent,
on dérape inévitablement.
Des initiatives mal gérées qui
dérapent
Ce n’est pas à une populace aux instincts primaires et
survoltés qu’il appartient de rendre justice aux – véritables – victimes
d’agressions sexuelles. Pour ces fanatiques, un homme, ou éventuellement
une femme, peut se voir aussitôt condamné sans aucune preuve sur simple
dénonciation. Des gens sans reproche peuvent voir leur réputation, leur
vie familiale, professionnelle et leur avenir à jamais détruits, même quand des
preuves irréfutables de leur innocence auront finalement été fournies.
Mal
gérées, les initiatives qui ne devraient qu’encourager le récit public
d’agressions, sans identifier qui que ce soit, tournent au vinaigre et
pourraient bien finir pas discréditer tant leurs instigatrices que les
véritables victimes d’agressions, en plus des personnes victimes d’accusations
non fondées ou exagérées.
Ajout : à ceux qui se verraient accusés dans l’une ou l’autre page diffamatoire hébergée par Facebook, vous pouvez la dénoncer en remplissant ce formulaire.
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