jeudi 25 mars 2021

Facebook autorise à identifier sans preuve des présumés coupables d’agressions sexuelles…

 Ce billet a été publié précédemment le12 juillet 2020 dans dixquatre.com, mais, deuxième vague de covid-19 mise à part, il reste d'actualité.

Je ne sais pas à quoi pourrait ressembler une éventuelle deuxième vague de covid-19, ni même si elle aura lieu, mais il semble bien qu’une autre deuxième vague ait déjà commencé : celles des allégations publiques d’agressions sexuelles.  Il existe même des pages Facebook dans lesquels des quidams sont clairement identifiés et accusés, sans que la police de la pensée de cette noble institution ne sévisse contre les administratrices desdites pages.

L’une d’elles, à laquelle je ne ferai aucune publicité, affiche une liste de coupables supposés d’agressions sexuelles ainsi que leur lieu de résidence, sans tenir compte du risque de gâcher la vie de personnes portant le même nom.  L’administratrice de la page admet ne pas connaître « 99 % » des gens dont elle dévoile étourdiment l’identité, mais prend pour acquis qu’ils ne sont pas accusés sans raison.  Une – autre – irresponsable qui se prend pour une justicière.  Bref, la présomption d’innocence fout le camp.

Une poursuite est engagée

J’ai demandé son opinion à un avocat à savoir cette l’administratrice pouvait encourir des poursuites pour diffamation. Il m’a répondu sous toutes réserves qu’il s’agissait d’une éventualité réaliste.  L’une des personnes identifiées m’a écrit par ailleurs qu’elle avait déjà envoyé une mise en demeure à la délatrice.  Peut-être que d’autres lui emboîteront le pas.

Une autre page autorisée par Facebook regroupe des récits de victimes supposées qui terminent chaque histoire en dévoilant l’identité du coupable présumé.  Ici encore, on fait bon marché de la réputation des individus mentionnés.  Sitôt accusés, sitôt condamnés.

La présomption d’innocence, cet irritant à abolir

N’en ratant toujours pas une pour se faire remarquer – et ramasser -, la professeure de l’UQÀM et « autrice » Martine Delvaux s’est fendue d’un post pour le moins ahurissant sur Facebook à propos des agressions sexuelles :

« Qu’on arrête de brandir la présomption d’innocence.  Que les dénoncés, plutôt, fassent la preuve qu’ils ne l’ont pas fait. »


Et rebelote sur le désir d’abolition de la présomption d’innocence, couramment renommée « inversement du fardeau de la preuve », expression un peu plus passe-partout.  Je rappelle que le directeur du Service de police de la Ville de Montréal, Sylvain Caron, a interpellé Justin Trudeau pour le convaincre de la « pertinence » d’un tel concept.

Et elles disent que les services de police ignorent les victimes…

Imaginez, le directeur du plus important service de police au Québec désire abolir la présomption d’innocence…  Et les néo féministes osent dire que les forces policières ignorent les victimes d’agressions sexuelles ?  Soulignons également que François Legault, de son côté, a dit examiner cette question « avec prudence ».

Pas la seule

Delvaux n’est pas la seule à déblatérer sur le sort réservé aux accusés d’agressions sexuelles.  Faut-il se surprendre qu’une autre professeure de l’UQÀM, Sandrine Ricci, trouve particulièrement cool que des victimes présumées accusent publiquement et impunément des hommes, en majorité, sur les réseaux sociaux :

« « Briser le silence, c’est aussi briser la solitude, jusqu’à un certain point. Sur ces réseaux sociaux, une chose que les victimes de violences sexuelles vont chercher, c’est une forme de reconnaissance, de validation. Elles vont chercher du sens par rapport au caractère problématique des gestes qu’elles ont subis et dont elles peuvent se rendre compte plus tard », explique la doctorante. »

La volonté de nuire n’existerait pas chez les accusatrices…

À lire la professeure, il n’y aurait jamais de volonté de nuire à des hommes innocents de la part de femmes vindicatives, notamment dans des causes de divorce ou de lutte pour la garde des enfants :

« Sandrine Ricci n’est pas d’avis que ces dénonciations sont une forme de vengeance publique. Selon elle, les femmes qui dénoncent publiquement leur agresseur le font aussi pour informer les autres femmes. Elles veulent donner du sens à une expérience qu’elles pensaient avoir vécu seules. »

Accuser n’est pas sans risque

J’imagine que la néo féministe se croit.  Pourtant, le type de dénonciation qu’elle valide n’est pas sans risque, même quand elles sont fondées, comme le précise cet article :

« Les victimes d’agressions sexuelles qui dénoncent publiquement leurs agresseurs sur les réseaux sociaux s’exposent en effet à des poursuites en diffamation, même si leur récit est entièrement véridique. »

Il faut préciser que les possibilités d’accusations au criminel pour un tel délit restent faibles.  C’est par la voie d’une poursuite au civil qu’un plaignant peut éventuellement obtenir réparation, mais une telle avenue implique des coûts.

Les CALACS soutiennent les accusatrices

Faut-il s’étonner de voir les centres d’aide et de lutte contre les agressions sexuelles, dont le mantra demeure #onvouscroit, offrir leur soutien à quiconque veut dénoncer publiquement un présumé agresseur ?  Voici leur propos :

« « À toutes les survivantes, #onvouscroit. Que vous décidiez de dénoncer ou non, c’est une décision qui appartient à chacune et qui est totalement légitime», invitant les victimes de ces gestes à contacter le CALACS de leur région pour obtenir du soutien. »

 La dénonciation publique est-elle une avenue libératrice ?

Il n’existe aucun doute que les victimes d’agressions sexuelles méritent soutien et réconfort tant des services policiers que des intervenantes en violence conjugale et sexuelle.  La dénonciation publique est-elle pour autant l’avenue libératrice préconisée par Sandrine Ricci ?

Tant qu’on s’en tient à présenter des témoignages d’agressions vécues, aucun doute.  À partir du moment où des noms de présumés agresseurs circulent, on dérape inévitablement.

Des initiatives mal gérées qui dérapent

 Ce n’est pas à une populace aux instincts primaires et survoltés qu’il appartient de rendre justice aux – véritables – victimes d’agressions sexuelles.  Pour ces fanatiques, un homme, ou éventuellement une femme, peut se voir aussitôt condamné sans aucune preuve sur simple dénonciation.  Des gens sans reproche peuvent voir leur réputation, leur vie familiale, professionnelle et leur avenir à jamais détruits, même quand des preuves irréfutables de leur innocence auront finalement été fournies.

Mal gérées, les initiatives qui ne devraient qu’encourager le récit public d’agressions, sans identifier qui que ce soit, tournent au vinaigre et pourraient bien finir pas discréditer tant leurs instigatrices que les véritables victimes d’agressions, en plus des personnes victimes d’accusations non fondées ou exagérées.

Ajout : à ceux qui se verraient accusés dans l’une ou l’autre page diffamatoire hébergée par Facebook, vous pouvez la dénoncer en remplissant ce formulaire.

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