dimanche 21 mars 2021

Le néolibéralisme et le féminisme intégriste favorisent la perversion ordinaire, affirme un psy…

Le présent billet a précédemment été publié dans le média alternatif DIXQUATRE. COM le 19 mai 2018 …

 

... Et par le fait même, la prolifération de ces vampires affectifs appelés pervers narcissiques. Qui sont-ils au juste ? Sommairement, il s’agit d’hommes et de femmes qui, traumatisés dès la petite enfance, n’ont pas réussi à se construire affectivement. Aussi vides qu’un puits sans fond, ils éprouvent un besoin maladif de trouver leur valorisation dans la destruction lente et sournoise d’une victime par trop empathique dont ils pensent s’approprier les qualités. Le processus peut aller jusqu’au suicide de celle-ci, ce qui a amené le concept de « meurtre psychique ».

 

J’ai lu plusieurs livres sur les pervers narcissiques, mais celui de Dominique Barbier, psychiatre, psychanalyste et psychothérapeute, m’a particulièrement frappé par son audace et son originalité, en ce sens qu’il est le seul, à ma connaissance, à situer la problématique de la perversion ordinaire, puis narcissique, dans un contexte sociopolitique et économique occidental. Jeter le papa avec l’eau du bain… Le titre de son essai, La fabrique de l’homme pervers, pourrait laisser croire à un règlement de compte visant le « patriarcat », ou au maintien du stéréotype sexiste d’homme prédateur et de femme victime, mais il n’en est rien.

 

Au contraire, Barbier n’hésite pas à dénoncer un discours féministe qu’il qualifie d’intégriste, perspective qui, conjointement à l’expansion d’une société de consommation tentaculaire, a signé l’arrêt de mort du père de famille et de son rôle indispensable dans l’évolution de sa progéniture. Barbier met de l’avant une thèse par ailleurs défendue par d’autres psys, à l’effet que le rôle du père ne doit pas être confondu avec celui de la mère dans l’éducation de l’enfant.

 

Si la mère représente le premier parent, celui avec lequel l’enfant vit d’abord une relation fusionnelle, le père doit normalement séparer celui-ci de sa génitrice pour l’ouvrir au monde, ce qui implique un premier deuil salutaire et l’instauration dans sa psyché que tout n’est pas accessible dans la vie. Il s’agit là d’une thèse cependant incompatible avec la « philosophie » de notre société de consommation.

 

Tout en reconnaissant les dérives certaines du – défunt – patriarcat, notamment en ce qui a trait au code Napoléon qui ravalait les femmes au même statut que les mineurs et les personnes handicapées, le psychiatre y va d’une dénonciation sévère du discours féministe dominant :

 

« Toutefois, un certain intégrisme féministe – confondant le bébé et l’eau du bain – a jeté l’anathème sur le masculin et la fonction paternelle. Ce féminisme excessif revêt un aspect communautariste, déclarant la guerre à l’homme et exprimant la volonté de le transformer ! Avec quelques relents pseudo-marxistes, la femme est le prolétaire et l’homme, l’exploiteur. C’est là le credo de ces intégristes exprimé par ce slogan : « La femme est une victime et l’homme, un prédateur. » Quelle réécriture soviétique de l’histoire ! Lutter contre l’homme prédateur devient alors s’en prendre au père, un des archétypes par lequel les intégristes entendent mener la lutte contre les hommes. Destituer la fonction paternelle, c’est détruire le père. »

 

Dominique Barbier ne sera sûrement pas invité aux partys de fin d’année des féministes militantes. Qu’à cela ne tienne, il en rajoute :

 

« Aujourd’hui, alors que l’évolution de nos sociétés a permis à la femme de sortir de son rôle circonscrit et confiné, pour les féministes intégristes, la différenciation des rôles hommes-femmes ne serait qu’un outil de domination, construction sociale sans aucun lien avec la biologie et la physiologie (force musculaire de l’homme versus maternité et allaitement pour la femme). La différenciation des sexes n’aurait d’autre finalité que de favoriser l’exploitation de la femme par l’homme. »

 

Dominique Barbier situe néanmoins la problématique de la perversion ordinaire, puis narcissique, dans la perspective plus vaste de notre société de consommation. Par l’annulation de l’indispensable rôle du père, suppression qui maintient indûment un lien fusionnel de l’enfant avec une mère devenue prépondérante, le marmot ne connaît ni le deuil, ni la frustration nécessaire qui alimente le désir, la maturation et le nécessaire mouvement vers le monde extérieur.

 

Notre société produit alors sans cesse davantage de pervers ordinaires et narcissiques, pour lesquels l’autre n’existe plus qu’en tant qu’objet de consommation momentanément fusionnel, que l’on jette après usage quand on s’en lasse ou qu’un autre plus attrayant devient accessible. On assiste alors à une véritable marchandisation des rapports humains d’où les valeurs de respect, d’écoute, d’empathie et d’engagement disparaissent peu à peu.

 

Dominique Barbier conclut son essai sur cette note inquiétante :

 

« La paternité constituait un frein à l’omnipotente jouissance; le néolibéralisme avancé se livre à un parricide insidieux. L’enjeu est clair, mais tragique : il faut tuer les pères pour consommer ! »

 

Nos enfants, les adultes de demain, survivront-ils à cette hécatombe ?

Aucun commentaire:

Une première depuis 2009 : Blogger retire l'un de mes billets.

Pour des raisons indéfinissables, Blogger a retiré mon article intitulé À quand un prix Diane Lamarre ?   C'est la première fois depuis ...