jeudi 25 mars 2021

François Legault trouve « normal » de dénoncer publiquement les agressions sexuelles…

Seuls les idiots ne changent pas d'idées.  Gageons que François Legault pense toujours les propos que je dénonçais dans ce billet du 15 juillet 2020, paru dans dixquatre.com.

François Legault

Est-ce par opportunisme politique, ou parce que la popularité de son parti lui est montée à la tête, ou simplement pour éviter de dormir sur le sofa s’il ne pense pas comme son épouse, qui considère que les hommes doivent appuyer les dénonciatrices, toujours est-il que notre premier ministre, François Legault, s’est mis les deux pieds dans la bouche en déclarant trouver « normal » de dénoncer sans preuves des agressions sexuelles, réelles ou inventées, sur les réseaux sociaux.

« Une des façons pour communiquer rapidement et avoir de l’impact, ce sont les médias sociaux », devait-il déclarer étourdiment ce mardi, allant jusqu’à contredire sa ministre de la Condition féminine, Isabelle Charest, qui, nettement plus sensée, avait affirmé, une heure plus tôt :

« « J’encourage les victimes à se tourner vers les bonnes ressources pour pouvoir cheminer et avoir une certaine réparation », a déclaré la ministre Isabelle Charest dans une entrevue à QUB radio, mardi après-midi. Selon elle, les médias sociaux ne constituent pas la meilleure voie pour dénoncer des cas de violence sexuelle. »

Tentative désespérée

Sans doute l’infortunée ministre avait-elle désespérément tenté de corriger le tir désastreux de son chef qui, la veille déjà, s’était fourvoyé de façon sidérante :

« Je veux saluer les gens qui ont eu le courage de dénoncer, parce que ça aide à ce que tout le monde soit plus sensible, d’une certaine façon. C’est un peu plate que ça se passe comme ça, mais je veux saluer leur courage. »

Maman a raison

Non seulement la conjointe de François Legault, Isabelle Brais, ne s’est-elle pas distanciée de son côté des propos ahurissants de son mari, mais elle est allée jusqu’à interpeler les hommes afin qu’ils appuient les dénonciatrices :

« Chers hommes, vous qui êtes des chevaliers, des princes, des gentlemen… vous qui traitez les femmes avec respect et qui les aimez véritablement… j’ai tellement envie de vous entendre vous insurger contre les agissements de vos frères déviants… ceux-là mêmes qui salissent votre réputation et qui vous embarquent dans leur bateau de merde…! »

Encourager l’illégalité

Que des victimes d’agressions sexuelles éprouvent le besoin de témoigner de leur expérience sur les réseaux sociaux, aucun problème.  En revanche, à partir du moment où des noms circulent, les risques de dérapage deviennent évidents… mais pas pour tout le monde, semble-t-il.

Qu’un chef de parti, de surcroit premier ministre du Québec, aille jusqu’à encourager l’illégalité d’accusations publiques dépasse l’entendement.  Doit-on conclure que Legault a si peu confiance en son système judiciaire qu’il encouragerait plutôt la « justice » populaire ?  Une populace enragée et hystérique pour qui « sitôt accusé, sitôt condamné » reste la devise lui parait-elle plus digne de confiance que sa propre magistrature ?

Des poursuites en diffamation sont possibles

François Legault réalise-il que, même si les allégations sont fondées, les accusés peuvent poursuivre, le plus souvent au civil, leurs accusatrices ?  Plus rares, des poursuites au criminel ne sont pas exclues :

« Pour qu’une poursuite criminelle ait lieu, la personne victime de diffamation – dans ce cas-ci, le présumé agresseur – doit porter plainte à la police. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) devrait ensuite accepter de déposer une accusation et l’accusée – la victime d’agression sexuelle – sera présumée innocente à moins que la Couronne ne réussisse à prouver hors de tout doute raisonnable qu’il y a eu diffamation. »

Climat social inquisitorial

 Loin de faire avancer la cause des victimes d’agressions sexuelles, les propos de François Legault encouragent la vengeance et les vendettas par le biais de procédés inquisitoriaux.  La présomption d’innocence, cet irritant aux yeux des néo féministes, se trouve pulvérisée sous l’amoncellement sans cesse croissant des règlements de compte de victimes réelles ou fictives.

Des plaignantes sans scrupules (eh oui, ça existe…) pourront utiliser ensuite des accusations non fondées dans un contexte de lutte pour la garde des enfants, ou simplement afin de nuire à un conjoint dont elles veulent se venger.  Notre société est en train de devenir le théâtre d’un cirque victimaire qui ne satisfera même pas les dénonciatrices vraiment agressées.

Propos irresponsables

Quelle satisfaction morbide et amère leur apportera de voir leur agresseur broyé par une foule enragée et aveuglée par les instincts les plus médiocres ?  Dans le cas d’allégations mensongères, notre société ne connaîtra-t-elle pas un recul effarant des droits légitimes à une justice impartiale ayant pour mandat de ne condamner qu’avec preuves et d’acquitter des gens sans reproche ?

Par ses propos irresponsables, François Legault vient d’ouvrir une nauséabonde boîte de Pandore. Il ne sera pas évident de mesurer l’étendue des dégâts, mais ils risquent d’être considérables.

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