Franca Cortoni |
Imaginez, l’hérétique avait alors publié une
recherche qui établissait que la violence sexuelle des femmes était six fois plus
répandue que ce qu’on imagine.
À notre époque où les perroquets journalistiques
nous radotent que la violence conjugale reste un phénomène majoritairement
masculin malgré quatre enquêtes sociales générales de Statistique Canada qui en
démontrent la parité, l’étude de madame Cortoni représentait une fissure
additionnelle dans le granit d’un stéréotype persistant.
Sûr, mesdames les militantes, que la violence
conjugale masculine est plus lourde que sa contrepartie féminine, mais elle
n’est pas plus répandue pour autant. Vous pouvez maintenant retourner à
vos lazy-girls…
Au cas où vous voudriez vous en prendre à la
méthodologie de l’enquête, sachez que les travaux de madame Cortoni
résultaient de deux ans de recherches parmi les chiffres officiels des corps
policiers et des systèmes judiciaires de 12 pays dont le Canada, les Etats-Unis, la France, la Norvège et l’Australie. S’ajoutait à ces démarches une
compilation des données sur la victimisation du genre des ESG de Statistique
Canada qui vous arrachent si souvent le sourire…
Des
chiffres et des témoignages…
Citée par Le Devoir, la chercheuse
affirmait : « Dans les données officielles, on constate
qu’environ 2 % des crimes sexuels rapportés à la police sont commis par des
femmes. Mais quand on demande aux victimes le sexe de leur agresseur, on est à
12 % .»
Elle précisait : « On a également
fait des calculs basés sur le sexe de la victime. Ainsi, 40 % des victimes
masculines disaient que leur agresseur était une femme, alors que 4 % des
victimes féminines disaient avoir été agressées par une femme. »
Madame Cortoni démentait cependant l’hypothèse
de l’émergence soudaine d’une nouvelle criminalité féminine : « Mon
interprétation, c’est que les gens commencent à se donner la permission d’en
parler, ce qu’ils ne faisaient pas avant. Nous savons parfaitement bien que ça
existe et que des victimes de femmes sont négligées. »
La chercheuse déboulonnait également le mythe de la
femme contrainte par son conjoint ou souffrant d’importants problèmes de santé
mentale. Ces stéréotypes ont pour conséquence que l’agresseuse n’est pas tenue
responsable de ses actes et dirigée vers le système de santé plutôt que vers le
système judiciaire.
L’universitaire précisait : « On
sait aujourd’hui qu’une grande proportion d’entre elles choisissent
de s’engager de leur plein gré et que certaines pouvaient même entreprendre les
agressions. Mais on est vraiment au début des recherches. Il y a des choses qui
commencent à se dessiner, mais on est loin d’avoir la compréhension qu’on a
pour les hommes, sur lesquels on fait des recherches depuis des
décennies. »
Dans cette foulée, madame Cortoni dénonçait le deux poids, deux mesures, dans les perceptions selon le sexe de l’agresseur et celui de la victime : « Il y a un changement qui se fait graduellement dans la société. Si on prend l’exemple d’un enseignant de 35 ans qui s’engage dans des contacts sexuels avec une fille de 14 ans, personne n’hésite à dire que ce n’est pas correct. Mais quand on tourne ça à l’inverse, une femme avec un garçon, on dit : “Mais oui, mais les garçons aiment ça”. »
Les politiques pénales doivent être réévaluées à la
lumière de ces découvertes, soutenait madame Cortoni, dont cette déclaration
concluait fort à propos l’article du Devoir : « Il faut qu’il y
ait une reconnaissance du fait qu’il y a des femmes qui commettent des
agressions sexuelles, que ça existe et que ça a toujours existé. Présentement,
il y a des victimes qui ne sont pas reconnues et, franchement, comme société,
on leur doit au moins ça. »
Mieux vaudrait tard que jamais. Notez le
conditionnel…
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